Bactériophage

Grégory Resch – Head of the bacteriophage laboratory – Centre for Research and Innovation in Clinical Pharmaceutical Sciences (CHUV) | LinkedIn

Les bactériophages (également appelés phages) sont des prédateurs bactériens naturels omniprésents qui infectent et tuent spécifiquement les cellules bactériennes au cours de leur cycle de vie. Peu de temps après leur découverte au début du 20e siècle, les phages ont été utilisés avec succès pour le traitement des infections bactériennes. La phagothérapie était le seul traitement spécifique ciblant les bactéries à l’ère pré-antibiotique. Le développement et le succès retentissant des antibiotiques au milieu du siècle ont assombri l’utilisation de la phagothérapie dans le monde occidental, tandis que les pays d’Europe de l’Est, tels que la Géorgie, la Russie et la Pologne, ont continué à produire et à utiliser des préparations à base de phages.
En raison de la propagation mondiale des bactéries résistantes aux antibiotiques, la phagothérapie fait maintenant l’objet d’un intérêt élevé et renouvelé dans le monde occidental, et des programmes de recherche ont été spécifiquement financés pour réintroduire cette approche pour lutter contre les infections bactériennes multirésistantes.
Le 7e programme-cadre de recherche et de développement de la Commission européenne a récemment financé PHAGOBURN, le premier essai clinique contrôlé randomisé multicentrique sur la phagothérapie à l’ère moderne. Ce projet d’une durée de 27 mois, lancé le 1er juin 2013, permettra d’évaluer l’efficacité et l’innocuité des cocktails de phages pour traiter les infections des brûlures causées par Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa. Le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et le Département de microbiologie fondamentale (DMF) de l’Université de Lausanne (UNIL), ainsi que cinq autres partenaires français et belges, participent activement à cet essai prometteur.
Dans ce contexte et à travers PhageBack, nous échangerons avec le public sur les phages et leurs applications en thérapeutique humaine. À cette fin, des ateliers, des expositions et un site web dédié seront développés. Ce projet AGORA financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNRS) vise à stimuler l’acceptation générale de la phagothérapie et à contribuer à sa relance.

 

 

 

 

Bactériophages (leçon) | Les virus | Khan Academy

 

Introduction

Même les bactéries peuvent contracter un virus ! Les virus qui infectent les bactéries sont appelés bactériophages et certains d'entre eux ont été étudiés en détail en laboratoire. Les bactériophages comptent donc parmi les virus que l'on connait le mieux.
Dans cet article, on va examiner deux cycles différents que les bactériophages peuvent adopter pour infecter leurs hôtes bactériens :
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Le cycle lytique : le phage infecte une bactérie, détourne sa machinerie afin de produire beaucoup de phages, puis tue la cellule en la faisant exploser (lyse).
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Le cycle lysogénique : le phage infecte une bactérie et insère son ADN dans le chromosome bactérien, ce qui permet à l'ADN du phage (désormais appelé prophage) d'être copié et transmis en même temps que l'ADN de la cellule.
Examinons de plus près chacun de ces cycles.

Un bactériophage est un virus qui infecte les bactéries

Un bactériophage, ou phage en forme abrégée, est un virus qui infecte les bactéries. Comme les autres types de virus, les bactériophages varient considérablement en forme et au niveau de leur matériel génétique.
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Le génome des phages peut être constitué d'ADN ou d'ARN, et contient entre quatre et plusieurs centaines de gènes.
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La capside d'un bactériophage peut adopter une forme icosaédrique, filamenteuse ou mixte. Cette structure mixte semble être une caractéristique réservée aux phages et à leurs cousins (elle n'a pas été rencontrée chez les virus eucaryotes).

Infections par des bactériophages

Tout comme les autres virus, les bactériophages doivent infecter une cellule hôte pour pouvoir se reproduire. Les différentes étapes du processus d'infection constituent le cycle de vie du phage.
Certains phages ne peuvent se reproduire que par le biais d'un cycle de vie lytique, où ils font éclater et tuent la cellule hôte.

D'autres phages peuvent alterner entre les cycles de vie lytique et lysogénique. Lors du cycle lysogénique, ils ne tuent pas la cellule hôte (et sont plutôt copiés conjointement avec l'ADN de l'hôte à chaque division cellulaire).

On va examiner ces deux cycles. On va prendre l'exemple d'un phage qu'on appellera lambda (), qui infecte les bactéries E. coli et qui peut basculer entre les cycles lytique et lysogénique.

Cycle lytique

Lors d'un cycle lytique, le phage agit comme un virus classique : il s'empare de la cellule hôte et utilise ses ressources pour produire beaucoup de nouveaux phages, ce qui entraîne la lyse (éclatement) et donc la mort de la cellule.

Les étapes du cycle lytique comprennent :
  1. L'attachement : les protéines de la "queue" du phage se lient à un récepteur spécifique (dans ce cas-ci, un transporteur de sucre) situé à la surface de la bactérie.
  2. L'entrée : le phage injecte son génome d'ADN double-brin dans le cytoplasme de la bactérie.
  3. La réplication de l'ADN et synthèse de protéines : l'ADN du phage est copié, et les gènes de phage sont exprimés pour fabriquer des protéines, telles que les protéines de capside.

  4. L'assemblage du nouveau phage : les capsides s'assemblent à partir des protéines capsides et sont remplies d'ADN pour générer beaucoup de nouvelles particules virales.
  5. La lyse : plus tard dans le cycle lytique, le phage exprime les gènes codant les protéines qui créent des trous dans la membrane plasmique et dans la paroi cellulaire. Ces trous permettent l'entrée d'eau, qui fait gonfler et éclater la cellule comme un ballon surchargé d’eau.
L'éclatement ou lyse de la cellule libère des centaines de nouveaux phages, qui peuvent ensuite trouver et infecter d'autres cellules hôtes à proximité. Ainsi, quelques cycles lytiques d'infection suffisent au phage pour se propager, tel un feu de forêt, au sein de la population bactérienne.

Cycle lysogénique

Le cycle lysogénique permet à un phage de se reproduire sans tuer son hôte. Certains phages ne peuvent avoir recours qu'au cycle lytique, mais le phage lambda (), lui, peut alterner entre les deux cycles. 
Dans le cycle lysogénique, les deux premières étapes (attachement et injection d'ADN) se produisent de la même façon que pour le cycle lytique. Cependant, une fois à l'intérieur de la cellule, l'ADN du phage n'est pas immédiatement copié ou exprimé pour fabriquer des protéines. Au contraire, l'ADN viral se recombine avec une région particulière du chromosome bactérien et s'y intègre

 

L'ADN intégré du phage, appelé prophage, n'est pas actif : ses gènes ne sont pas exprimés, et il n'induit pas la production de nouveaux phages. Cependant, à chaque division de la cellule hôte, le prophage est copié avec l'ADN de l'hôte et se propage ainsi. Le cycle lysogénique est moins voyant (et moins sanglant) que le cycle lytique, mais en fin de compte, c'est juste un autre moyen pour que le phage de se reproduire.
Dans les bonnes conditions, le prophage peut devenir actif et sortir du chromosome bactérien, ce qui déclenche les étapes suivantes du cycle lytique (copie de l'ADN et synthèse de protéines, assemblage des phages et lyse).

 

Lyser ou ne pas lyser ?

Comment un phage peut-il "décider" d'entrer dans un cycle lytique ou lysogénique lorsqu'il infecte une bactérie ? L'un des principaux facteurs est le nombre de phages qui infectent simultanément la cellule. Lorsqu'un grand nombre de phages co-infectent une cellule, cela augmente la probabilité que le cycle infectieux soit lysogénique. Cette stratégie permet d'éviter que les phages n'éliminent tous leurs hôtes bactériens (en modérant l'attaque quand le ratio phage/hôte devient trop élevé)
Qu'est-ce qui déclenche l'excision du prophage à partir du chromosome bactérien et son entrée dans le cycle lytique ? En laboratoire, du moins, les agents capables d'induire des dommages de l’ADN (comme les rayons ultraviolets et les produits chimiques) provoquent la réactivation de la plupart des prophages au sein d'une population. Toutefois, une petite fraction des prophages devient spontanément "lytique", même en l'absence de ces stimuli externes.

Bactériophage versus antibiotiques

Avant la découverte des antibiotiques, des recherches considérables ont été menées sur les bactériophages en tant que traitement des maladies bactériennes humaines. Les bactériophages n'attaquant que leurs bactéries hôtes, et non les cellules humaines, ils constituent de bons candidats potentiels pour traiter les maladies bactériennes chez l'homme.
Après la découverte des antibiotiques, la phagothérapie a été largement abandonnée dans de nombreuses parties du monde (en particulier dans les pays anglophones). Cependant, les phages ont continué à être utilisés à des fins médicales dans plusieurs pays, y compris en Russie, en Géorgie et en Pologne, où ils servent encore aujourd'hui.
Il y a un intérêt croissant à reprendre "la phagothérapie" dans les autres pays, car les bactéries résistantes aux antibiotiques sont de plus en plus problématiques. Des recherches sont encore nécessaires pour déterminer si les phages sont sûrs et efficaces, mais qui sait ? Un jour, votre médecin pourrait vous prescrire des phages à la place de la pénicilline !

Face à l’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques, il est nécessaire de développer des alternatives thérapeutiques. Il se trouve que certains virus sont capables de lutter efficacement contre les bactéries.

 

 

A l’origine de pathologies humaines dévastatrices, les virus ont plutôt mauvaise presse auprès du public. Tu as certainement déjà entendu parler du VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine) l’agent infectieux responsable du SIDA (Syndrome d'Immunodéficience Acquise). Ce virus a tué 1.2 millions de personnes dans le monde rien qu’en 2014 (ce qui représente environ un sixième de la population Suisse). La récente épidémie d’Ebola a fait plus de 10’000 victimes depuis 2014. Et plus commun mais pas banal pour autant, le virus de la grippe saisonnière fait chaque année entre 250’000 et 500’000 victimes dans le monde.

Des virus ennemis des bactéries

 

Les différentes parties d'un bactériophage. (Illustration: skypicsstudio/CanStockPhotos, adaptée en français par la rédaction)

Ces chiffres sont considérables mais il faut garder en tête que les virus pathogènes pour l’homme ne comptent que pour une partie infime de la totalité des virus présents sur notre planète. Sais-tu que les virus sont les entités biologiques les plus abondantes sur Terre?

Dans chaque millilitre d’eau de mer on en retrouve plusieurs millions! Les virus sont aussi extrêmement diversifiés: leur génome peut être constitué d’ADN ou d’ARN, ils peuvent adopter des formes géométriques très variées et certains d’entre eux sont capables d’infecter les animaux, alors que d’autres infectent les plantes, les champignons et les bactéries.

Et oui, même les bactéries. Ces virus naturellement programmés pour infecter les bactéries sont appelés bactériophages, ce qui signifie littéralement «mangeurs de bactéries». Bon, ils ne les mangent pas vraiment. En réalité, les bactériophages sont capables de s’attacher spécifiquement aux bactéries grâce à des récepteurs présents à la surface de ces dernières.Les bactériophages injectent leur matériel génétique dans les bactéries et utilisent la machinerie cellulaire bactérienne pour se multiplier massivement. Cela aboutit, pour les phages à infection lytique, à la lyse des cellules bactériennes et à la libération de nouveaux phages. Un procédé intéressant qu’il est possible d’exploiter pour lutter contre certaines pathologies humaines!

Une alternative aux antibiotiques
 

A ce stade de l’article, il se peut que tu te dises que pour lutter contre les bactéries on a déjà les antibiotiques et tu as parfaitement raison. Le hic c’est que, depuis le milieu du XXe siècle, l’utilisation intensive et parfois abusive d’antibiotiques a favorisé les souches de bactéries résistantes aux antibiotiques. C’est le cas des Pseudomonas aeruginosa multi-résistantes qui posent de sérieux problèmes en milieux hospitalier. Les antibiotiques n’ont plus aucun effet sur ces souches de bactéries, permettant à ces dernières de se multiplier au détriment des patients. C’est là que peuvent intervenir les virus tueurs de bactéries car la plupart des bactériophages infectent spécifiquement une seule espèce de bactérie. Des chercheurs sont parvenus à isoler des bactériophages capables de détruire spécifiquement des souches de Pseudomonas aeruginosa multi-résistantes et une étude a démontré un potentiel clinique certain pour le traitement de patients souffrant d’otite.

Une ancienne thérapie qui a de l’avenir…

L’utilisation de bactériophages pour soigner des maladies d’origine bactérienne, ou phagothérapie, ne date pas d’hier, elle a été développée au début du XXe siècle. Mais après la seconde guerre mondiale, l’avènement des antibiotiques a marqué la fin de l’utilisation de ce mode thérapeutique dans les pays occidentaux. Il semble toutefois que nous soyons entrés dans une ère «post-antibiotique», ce qui a donné un nouvel élan à la recherche sur les bactériophages. Ils représentent une alternative intéressante car en plus d’être très sélectifs (et donc sans danger pour les gentilles bactéries qui constituent la flore microbienne de notre organisme) ils sont plus respectueux de l’environnement que les antibiotiques synthétiques. Et oui, ils sont bios!

…mais qui a ses limites

Maintenant, la phagothérapie peut te paraître un remède parfait contre les bactéries, mais comme toute thérapie, elle a aussi ses limites. Etant donné qu’un type de bactériophage s’attaque de manière très spécifique à une espèce ou à un groupe restreint de bactéries, il faut savoir précisément à quelle sorte de bactérie on a affaire pour que le traitement soit efficace. Par ailleurs, certains bactériophages peuvent injecter, en même temps que leur propre génome, des gènes de virulence aux bactéries sans pour autant aboutir à la lyse des cellules. Il faut donc s’assurer que ces phages ne se retrouvent pas dans le traitement. Même des bactériophages adaptés peuvent devenir inefficaces avec le temps car les bactéries évoluent constamment. C’est donc un «médicament» qui doit évoluer pour suivre sa cible, un peu comme le vaccin contre la grippe qu’il faut adapter au virus chaque année. Une autre limitation de la phagothérapie est le système immunitaire du patient qui va développer des anticorps contre ce qu’il considère comme des corps étrangers. La thérapie pourrait donc être efficace la première fois, mais il est possible que les bactériophages soient neutralisés par le système immunitaire ou que ce dernier y réagisse de manière très forte lors d’une utilisation ultérieure.

Malgré tout, les virus peuvent être nos alliés, et l’évolution des techniques, en virologie moléculaire notamment, a rendu possible leur utilisation à des fins thérapeutiques. Il est peu probable qu’à l’avenir les traitements aux antibiotiques soient totalement remplacés par la phagothérapie, mais les phages seront certainement utilisés pour traiter certaines pathologies.

Les bactériophages sont les virus les plus abondants sur la planète. Leur nombre total est estimé à 1031. Cela signifie qu’il y a un trillion (mille milliard!) de fois plus de bactériophages que de grains de sable sur terre. Ces virus sont présents dans tous les environnements où on retrouve des bactéries. Les bactériophages jouent un rôle important dans les processus environnementaux. Il est estimé que leur activité détruit chaque jour entre 10-40 % de la totalité des bactéries des océans. Ce recyclage bactérien participe à la sédimentation des fonds marins et au cycle du carbone. Les bactériophages sont aussi présents sur les muqueuses (par ex. intestinales) des hommes et des animaux et permettent de réguler la colonisation bactérienne de ces surfaces.

 

 

 

Bactériophage : définition et explications (aquaportail.com)

Bactériophage (n.m. et adj.) définition

Un bactériophage est un phage viral, un virus qui infecte spécifiquement les cellules bactériennes, exclusivement les bactéries. Les bactériophages, ou phages, sont les virus des bactéries. Les phages viraux constituent une variété particulière de virus dont l'hôte exclusif est une bactérie.

La présence de récepteurs à la surface de cette dernière détermine les possibilités d'association entre phage et bactérie. Les phages sont très étudiés et utilisés en biologie moléculaire.

Des bactériophages :
Bactériophages au microscope
Les bactériophages vus au microscope électronique sont de forme simple avec un flagelle.

 

 

Généralités et explications

La plupart des bactériophages (en particulier 96 % de ceux actuellement identifiés) sont classés dans l'ordre des Caudovirales, qui sont des queues ADN, ont des doubles brins et sont également classés dans les familles des Siphoviridae, Myoviridae et Podoviridae. Ces phages sont, d'une certaine façon, bactéricides. Le phages viraux ne sont pas des virophages !

Voir aussi les différences entre les cycles lytique et lysogénique des bactériophages.

Ces virus sont étudiés par les microbiologistes et utilisés par les biologistes moléculaires. En effet, les bactériophages sont porteurs d'ADN, matériel génétique, et capables d'intégrer à leur génome une partie du génome bactérien.

Cette propriété est très largement mise à profit dans l'étude de la régulation de l'expression des gènes. Un phage est constitué d'un acide nucléique (ARN ou ADN) entouré d'une coque protectrice. Après fixation du phage sur une protéine spécifique de la surface bactérienne, son génome est introduit à l'intérieur de la bactérie où il gouverne la synthèse de nouveaux phages (de 100 à 10 000).

Certains phages pratiquent la lysogénie, qui consiste à intégrer leur génome dans l'ADN de la bactérie qu'ils infectent au lieu de la tuer brutalement en produisant une quantité énorme de phages (croissance lytique). Le passage de la croissance lysogène à la croissance lytique dépend de facteurs environnementaux.

Un bactériophage qualifie tout virus infectant les bactéries dans lesquelles il se reproduit. L'ADN viral peut s'intégrer dans le chromosome de la bactérie; il est alors appelé provirus et transforme la bactérie en bactérie lysogène. Les Bactériophages peuvent jouer un rôle dans la transmission de gènes bactériens entre bactéries (transduction). Par exemple, Bactériophage T4, Bactériophage DX 174.

Comme les virus qui infectent les cellules eucaryotes, les bactériophages sont constitués d'une protéine ou d'une coquille de capside à l'intérieur de laquelle se trouve son matériel génétique, qui peut être de l'ADN, de 5 000 à 500 000 paires de bases. La taille des bactériophages est comprise entre 20 et 200 nm environ.

Les bactériophages sont omniprésents et peuvent être trouvés dans divers types de bactéries, à la fois dans le sol et dans la population de micro-organismes présents dans les intestins des animaux.

L'un des environnements les plus peuplés par les phages et d'autres virus est l'eau de mer, où l'on estime qu'il peut y avoir environ

 109 particules virales par millilitre, avec 70 % des bactéries marines infectées par le bactériophage.

Biologie

 

 

Les bactériophages peuvent être divisés en virulents et tempérés en fonction de leur cycle de vie.

 

Les bactériophages virulents produisent le cycle lytique. Dans ce cycle, ils se lient à leur hôte bactérien, injectent leur génome, se reproduisent grâce à la machinerie moléculaire de l'hôte et, enfin, lysent la cellule hôte tout en libérant sa progéniture.

Le second type de phage, les tempérés, a un mode de vie différent et infecte son hôte au début du cycle lysogène, où le génome du phage reste dormant sous forme de prophage, se réplique avec son hôte et Parfois, il explose dans un cycle lithique sous un déclencheur spécifique.

La lysogénie et les prophages peuvent être bénéfiques pour les bactéries, car elles peuvent coder pour des gènes de résistance aux antibiotiques ou à d'autres facteurs de virulence.

Réplication

Les bactériophages peuvent générer le cycle lytique ou le cycle lysogène, bien que très peu d'entre eux soient capables de réaliser les deux. Si la lyse est effectuée, la lysogénie ne peut pas être effectuée et vice versa. Au cours du cycle lytique, les cellules hôtes du bactériophage sont lysées (détruites) après réplication et encapsulation des particules virales, de sorte que les nouveaux virus sont libres de subir une nouvelle infection.

Au contraire, dans le cycle lysogène, il n'y a pas de lyse immédiate de la cellule. Le génome du bactériophage peut être intégré à l'ADN chromosomique de la bactérie hôte, en se répliquant en même temps que la bactérie, ou il peut rester stable sous la forme d'un plasmide, répliquant indépendamment la réplication bactérienne. Dans tous les cas, le génome du phage sera transmis à l'ensemble de la descendance de la bactérie initialement infectée.

Le bactériophage est donc dans un état de latence jusqu'à ce que les conditions de l'environnement se détériorent : diminution des nutriments, augmentation des agents mutagènes, etc. À ce moment, les bactériophages ou phages endogènes sont activés et donnent lieu au cycle lytique qui se termine par la lyse cellulaire.

L'intégration du matériel génétique d'un bactériophage, dit tempéré, dans celui d'une cellule est appelée la lysogénisation (une lysogénie).

Transduction

Les bactériophages, ou phages, sont les virus des bactéries. Ce sont des parasites intracellulaires obligatoires dont l'existence est fatalement liée au succès et à la survie des hôtes qu'ils infectent et tuent.

Connus pour être les entités biologiques les plus abondantes sur la planète, les phages sont omniprésents dans presque toutes les communautés microbiennes, dans lesquelles ils jouent un rôle central dans la

modération des populations bactériennes e
t la médiation du transfert horizontal de gènes. Lorsque les phages se propagent, ils peuvent parfois encapsider l'ADN bactérien hôte pour former des particules de transduction.

Les particules de transduction ressemblent apparemment à des particules de phage matures, sauf qu'elles éjectent de l'ADN bactérien au lieu d'un génome viral lorsqu'elles infectent d'autres cellules. L'ADN peut alors se recombiner dans le chromosome ou se répliquer sous forme de plasmide dans la nouvelle cellule hôte. Ce processus de transfert d'ADN bactérien d'une bactérie à une autre est connu sous le nom de transduction génétique.

La cargaison génétique transportée dans les particules de transduction peut avoir des effets très profonds sur les receveurs bactériens. Par exemple, les gènes qui codent pour la résistance aux antibiotiques ou les facteurs de virulence peuvent conférer de nouvelles capacités et débloquer de nouvelles niches écologiques, ce qui peut accélérer l'émergence de nouvelles souches de plus en plus virulentes et résistantes aux antibiotiques.

Bien qu'il existe plusieurs mécanismes de transfert horizontal de gènes, la transduction des phages est souvent considérée comme la principale voie par laquelle les bactéries acquièrent les gènes qui permettent leur adaptation rapide à l'évolution des défis environnementaux.

Mycobactériophage

Un organisme mycobactériophage est un consommateur de mycobactéries, en particulier le genre Mycobacterium sp. qui comprend des agents pathogènes connus pour provoquer des maladies graves chez les mammifères, comme la tuberculose. Voir aussi les macrophages.

Choix de bactériophages et préparation à des fins thérapeutiques

Les bactériophages peuvent être isolés à des fins thérapeutiques de toute source environnementale dans laquelle l'agent pathogène cible est susceptible d'être contenu. Les eaux usées constituent probablement la source de phages la plus riche.

Le moyen le plus direct d'isoler un bactériophage consiste à stériliser un échantillon environnemental afin d'éliminer les micro-organismes indésirables, puis de l'inoculer dans une boîte de culture. Après isolement, un bactériophage doit être caractérisé et séquencé pour pouvoir être utilisé à des fins thérapeutiques.

Les critères les plus importants pour la sélection d'un bactériophage approprié sont la spécificité des phages, leur efficacité et la prévention des effets indésirables. Pour cette raison, le bactériophage sélectionné doit absorber efficacement et être lytique pour l'hôte bactérien cible.

L'utilisation de phages tempérés n'est pas appropriée pour les préparations thérapeutiques de phages, car la lysogénie augmente la possibilité d'amplifier la virulence des bactéries cibles ou d'induire une résistance aux phages.

Le développement de la résistance aux bactériophages est une préoccupation majeure de la thérapie par phages. De plus, la sensibilité aux phages peut varier selon les souches de bactéries. Par conséquent, la modification de la gamme d'hôtes d'une préparation thérapeutique de phage pourrait avoir un impact important sur son succès.

Afin de garantir la gamme d'hôtes souhaitable d'une formulation de phage, des mélanges contenant deux bactériophages ou plus, appelés "cocktails de phages", ont été développés.

Informations diverses

En français, bactériophage est un nom masculin et adjectif.
Traduction en anglais  : bacteriophage.

synonymes de bactériophage :

bullet phage
bulletphage endogène
bulletphage viral

0 antonyme.

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Revoir la définition BACTERIOPHAGE , située dans la page 1 des mots en B du lexique du dictionnaire.
Signification "bacteriophage" publiée le 05/12/2007  (mise à jour le 01/09/2023).

 

Les bactériophages, des virus qui remplacent les antibiotiques - Planete sante

LES BACTÉRIOPHAGES, DES VIRUS QUI REMPLACENT LES ANTIBIOTIQUES

Dernière mise à jour 13/10/16 | Article
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AUTEURS

bullet Elisabeth Gordon

EXPERTS

bullet Gregory Resch
bullet Philippe Moreillon

PARTENAIRES

 
Avec l’émergence de «superbactéries» résistant à tous les traitements, une approche thérapeutique revient au goût du jour. En Suisse, l’Université de Lausanne et le CHUV y travaillent.

De quoi on parle

Depuis 2015, on assiste en Suisse et dans d’autres pays à l’apparition de bactéries pathogènes résistant à tous les antibiotiques disponibles. «Si l’on n’agit pas en urgence, c’est la fin des antibiotiques», selon Thomas Frieden, directeur du CDC (Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies). Pour sortir de cette impasse, les médecins comptent désormais sur les bactériophages, des virus qui tuent naturellement les bactéries et sont inoffensifs pour l’être humain.

Microbe contre microbe: pour lutter contre les bactéries infectieuses, les chercheurs et les médecins se tournent désormais vers… des virus. Plus précisément vers les bactériophages qui sont leurs prédateurs naturels. La situation devient en effet inquiétante. Les bactéries font de plus en plus fréquemment de la résistance aux antibiotiques, ces médicaments très efficaces mais trop –et mal– utilisés. Au point que depuis la fin de l’année dernière, des cas de micro-organismes pathogènes insensibles à tous les médicaments ont été repérés en Chine, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Mais aussi en Suisse. En février, d’après La Liberté, deux professeurs de l’Université de Fribourg ont isolé, chez un patient genevois, la première souche de colibacille au monde qui résiste à la colistine et aux carbapénèmes, des antibiotiques de la dernière chance. Le phénomène prend de l’ampleur et, en l’absence d’alternative à ces médicaments, l’économiste britannique Jim O’Neill prédit que ces microbes résistants pourraient provoquer dix millions de décès d’ici à 2050!

L’alternative existe cependant: elle réside dans l’emploi des bactériophages. Comme tous les virus, ceux-ci ont besoin de la machinerie d’une cellule hôte pour se multiplier. Leurs cibles sont des bactéries qu’ils détruisent une fois leur réplication terminée. Chaque phage ne s’attaque d’ailleurs qu’à une bactérie particulière et même à un nombre limité de souches d’une espèce donnée.

Faciles à trouver et à cultiver

Ces virus ont de nombreux avantages. Ils sont présents «partout où il y a des bactéries», souligne Grégory Resch, maître-assistant suppléant au département de microbiologie fondamentale de l’Université de Lausanne (UNIL). Notamment dans les sols et l’eau. Le chercheur et ses collègues isolent d’ailleurs leurs bactériophages «à partir d’échantillons d’eaux usées que nous récupérons notamment à la station d’épuration de Vidy». En outre, ces micro-organismes sont relativement faciles à cultiver et peuvent être conservés plusieurs années à 4 degrés. Surtout, ils sont inoffensifs pour l’être humain et ils ne s’attaquent pas aux bactéries de l’intestin.

Les phages ont déjà été utilisés en médecine humaine au début du XXe siècle (lire encadré). Mais, avec l’arrivée des antibiotiques, beaucoup plus faciles à utiliser, ils sont tombés en désuétude. Actuellement, seuls quelques pays d’Europe de l’Est en font encore grand usage. Notamment la Russie, la Géorgie, ainsi que la Pologne, où les médecins «parviennent à guérir de 30 à 50% de leurs patients atteints d’infections pulmonaires ou urinaires dues à des bactéries multirésistantes», souligne Grégory Resch.

En pointe dans le domaine, la Suisse compte jouer un rôle important

Les bactériophages ont désormais le vent en poupe, mais leur utilisation dans le traitement des infections nécessite encore de nombreuses recherches. Dans ce domaine, l’UNIL et le CHUV, qui se sont lancés dans l’aventure il y a cinq ans, comptent jouer un rôle important. SwissPhage devrait y contribuer.

«Ce projet est encore en construction», précise Philippe Moreillon, président de son comité de pilotage et vice-recteur de l’UNIL. Il vise à doter l’hôpital vaudois d’un «centre de production de phages, respectant les règles en vigueur de «bonnes pratiques de fabrication» qui sera à la disposition d’autres hôpitaux». Il est aussi prévu d’établir une plate-forme de diagnostic, «qui recevra les échantillons en provenance des patients et qui pourra identifier les bactéries qui les infectent, afin de déterminer quels phages doivent être utilisés pour les traiter». Un troisième volet concernera les recherches cliniques, qui porteront notamment sur les éventuels effets secondaires des thérapies.

Les procédures mises en place pour cultiver les phages sont en cours de négociation avec Swissmedic. Philippe Moreillon estime qu’en dehors de l’étude Phagoburn, «un premier patient pourrait bénéficier de la phagothérapie d’ici à environ deux ans».

Une seule injection pourrait suffire

L’émergence de bactéries résistant aux antibiotiques les remet donc au-devant de la scène. Toutefois, pour que les bactériophages puissent recevoir une autorisation de mise sur le marché, il faut que leur fabrication réponde aux critères très stricts de «bonne pratique de fabrication» et de «bonne pratique des essais cliniques». Les chercheurs ont donc remis l’ouvrage sur le métier. C’est le cas de l’équipe de l’UNIL, qui travaille depuis plusieurs années sur le sujet. Elle a notamment montré que, chez un animal modèle ayant une endocardite (infection au niveau des valves cardiaques), «les phages, injectés seuls, sont aussi efficaces que les antibiotiques et, quand ils sont associés à ces médicaments, ils ont une efficacité décuplée», précise Grégory Resch. C’est d’autant plus intéressant, sachant que les antibiotiques s’éliminent de l’organisme et nécessitent un traitement de plusieurs jours, alors que «les phages se multiplient dans les bactéries avant de les détruire. On peut rêver: une seule injection pourrait suffire pour traiter la maladie», selon Philippe Moreillon, vice-recteur de l’UNIL et président du comité de pilotage du projet SwissPhage (lire encadré).

Le premier essai clinique européen de phagothérapie, Phagoburn, a démarré en juillet dernier, en France, en Belgique et en Suisse. Il vise à tester la phagothérapie sur des grands brûlés (particulièrement sensibles aux infections) infectés par le Pseudomonas aeruginosa ou l’Escherichia coli. Le CHUV est partie prenante à ce programme mais, faute de patients infectés par ces bactéries, il n’a pas encore pu démarrer les essais. «L’hôpital est trop propre, dit en riant Philippe Moreillon, ce qui est une très bonne nouvelle pour les patients.»  D’autres essais sur l’être humain sont programmés et maintenant, de nombreux pays –dont la Suisse- ont inscrit la lutte contre l’antibiorésistance parmi les priorités de leur politique sanitaire. De quoi accélérer le développement de la phagothérapie.

La première observation a été faite en Inde

La capacité de tuer les bactéries des bactériophages a été observée pour la première fois dans les années 1890 par le bactériologiste britannique Ernest Hankin. Travaillant en Inde, il a été surpris de ne trouver que très peu de vibrions du choléra dans les eaux du Gange. Il en a conclu que le fleuve renfermait des «particules» –il ne savait pas qu’il s’agissait de virus– ayant un pouvoir antibactérien. En 1917, le Franco-Canadien Felix d’Hérelle a isolé ces «particules», qu’il a nommées bactériophages, dans les selles de patients infectés. «Il a constaté qu’en introduisant de grandes quantités de phages dans les puits de villages en Inde, on pouvait éradiquer une épidémie de choléra en deux jours au lieu de sept», explique Grégory Resch, microbiologiste à l’UNIL. Il a donc proposé d’utiliser ces phages en médecine humaine, ce qui a été fait jusqu’à l’arrivée, dix ans plus tard, des premiers antibiotiques.

Phages vs antibiotiques | Parlons sciences  (R1)

Plusieurs médecins prescrivent des antibiotiques pour guérir les infections. Mais devraient-ils plutôt prescrire des virus?

Quand tu entends les mots virus et bactéries, peut-être penses-tu au fait d’être malade et obligé de rester au lit. Mais savais-tu que certains virus peuvent infecter une bactérie et la tuer? Ces virus sont appelés bactériophages. Pour faire plus court, on les appelle souvent phages.

Les bactériophages ont été découverts par deux scientifiques différents qui travaillaient de manière indépendante l’un de l’autre. En 1915, Frederick W. Twort a découvert les bactériophages en Grande-Bretagne, alors qu’en 1917, le Canadien Félix d’Hérelle fait la même découverte en France. Ces scientifiques ont aussi compris qu’il était possible de traiter les infections bactériennes avec la phagothérapie, c’est-à-dire la thérapie par les phages. Cependant, quand les scientifiques ont découvert les antibiotiques en 1928, la recherche sur la phagothérapie a ralenti, parce que les antibiotiques étaient plus faciles à utiliser.

 

 

Mais est-ce que cela veut dire que les antibiotiques sont plus efficaces que les phages? Cela dépend. Examinons ce débat plus en détail.

 

Schéma accompagné de légendes des composantes d’un bactériophage

Schéma accompagné de légendes des composantes d’un bactériophage (Source : ttsz par l’intermédiaire de iStockPhoto).

Comment fonctionnent les bactériophages?

Les bactériophages sont des particules microscopiques ayant une tête et une queue. La tête contient l’acide nucléique du virus. Certains phages ont une queue, alors que d’autres ont des fibres caudales (de queue).

Les bactériophages se fixent sur les bactéries à l’aide de leur queue ou de leurs fibres caudales (A). Ensuite, ils injectent leur acide nucléique à l’intérieur de la cellule bactérienne (B). Le virus commence à se multiplier (C et D). Finalement, le virus nouvellement produit fait éclater (tue) la cellule bactérienne (E). Cela va relâcher le virus dans l’environnement de son hôte.

 

 

Les virus se reproduisent de la façon suivante : ils se fixent à une cellule (A), y injectent leur ADN (B), multiplient leurs différentes parties (C), assemblent les virus matures (D), puis relâchent les nouveaux virus dans l’environnement (E)

Les virus se reproduisent de la façon suivante : ils se fixent à une cellule (A), y injectent leur ADN (B), multiplient leurs différentes parties (C), assemblent les virus matures (D), puis relâchent les nouveaux virus dans l’environnement (E) (© 2020 Parlons sciences).

Le savais-tu? 

En 1896, les scientifiques ont remarqué que l’eau du fleuve Gange et de la rivière Yamuna, en Inde, pouvait tuer les bactéries qui causent le choléra. Cependant, personne ne savait comment. Plus tard, les chercheurs ont commencé à soupçonner que les deux cours d’eau contenaient des bactériophages.

Le problème des superbactéries

Certaines bactéries, appelées superbactéries, sont résistantes aux antibiotiques. Quand un patient est infecté par une superbactérie, il est difficile de traiter l’infection avec des antibiotiques. Mais pour chaque espèce bactérienne, il existe dans la nature un phage capable de la tuer.

Que se passe-t-il quand les bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques? Les compagnies pharmaceutiques doivent investir pour trouver d’autres façons de tuer ces bactéries. Et cela coûte de l’argent! C’est moins cher et plus facile de trouver un phage capable de tuer une espèce de bactéries.

Les micro-organismes peuvent changer ou évoluer très rapidement. Cela signifie que les bactéries sont capables d’évoluer pour se protéger contre les attaques des antibiotiques et des phages. Par contre, les virus aussi sont capables d’évoluer. Cela veut dire qu’ils peuvent éventuellement produire plus de variétés de phages. Ils peuvent évoluer afin de produire des phages capables de tuer même les superbactéries! Voilà un autre avantage de la phagothérapie.

Pourquoi est-ce que mon médecin ne me traite pas avec des phages?

Es-tu déjà allé voir un médecin parce que tu avais une plaie infectée? Ou parce que tu souffrais d’une infection grave, comme une pneumonie? Ton médecin t’a probablement prescrit un antibiotique, pas un phage. Alors, pour traiter les infections bactériennes, pourquoi est-ce qu’on n’utilise pas les phages aussi couramment que les antibiotiques?

Il existe plusieurs raisons. L’une des raisons principales est le fait que la gamme d’hôtes est étroite. Une gamme d’hôtes est le nombre d’espèces bactériennes qu’un phage peut tuer. Habituellement, un bactériophage spécifique ne peut infecter et tuer qu’une seule espèce spécifique de bactéries. Par exemple, la Streptococcus pneumoniæ est une bactérie qui cause la pneumonie, alors que la Campylobacter jejuni est une bactérie qui cause la grippe intestinale. Un phage capable d’infecter et de tuer la Streptococcus pneumoniæ ne peut pas infecter et tuer la Campylobacter jejuni.

Faits saillants sur les phages

bulletLes phages n’endommagent aucune de tes cellules, sauf les cellules bactériennes qu’ils sont censés tuer.
bulletLa phagothérapie provoque moins d’effets secondaires que les antibiotiques.
bulletDe leur côté, la plupart des antibiotiques ont une gamme d’hôtes beaucoup plus large. Certains antibiotiques peuvent tuer en même temps une gamme étendue d’espèces bactériennes.
bulletParfois, le système immunitaire humain considère les phages comme des « étrangers » et essaie de les tuer. Pour empêcher cela, les médecins peuvent donner à leurs patients de grandes quantités de particules de phages. 

Prenons l’exemple de la pneumonie bactérienne. Elle peut être causée par plusieurs espèces de bactéries. Parmi elles, on retrouve la Streptococcus pneumoniæ et l’Hæmophilus influenzæe. En règle générale, les deux infections peuvent être traitées avec un antibiotique appelé amoxicilline. Imaginons que ton médecin t’a diagnostiqué une pneumonie. Cependant, il n’est pas certain de savoir quelle espèce de bactéries a causé ta maladie. Il pourrait te donner de l’amoxicilline et tu commencerais probablement à te sentir mieux.

Par contre, imaginons que ton médecin veut utiliser la phagothérapie. Premièrement, il faudrait qu’il demande des analyses de laboratoire pour identifier quelle bactérie a causé ta pneumonie. Cela est nécessaire parce qu’un phage capable de tuer la Streptococcus ne tuera pas nécessairement l’Hæmophilus.

À gauche, la Streptococcus pneumoniæ et à droite, l’Hæmophilus influenzæ

À gauche, la Streptococcus pneumoniæ et à droite, l’Hæmophilus influenzæ Sources (ktsimage via iStockphoto and ClaudioVentrella via iStockphoto).

 

Alors, quand un médecin n’est pas certain de savoir quelles bactéries causent une maladie, il va probablement prescrire des antibiotiques. Les antibiotiques ont une gamme étendue d’hôtes. De plus, le traitement antibiotique prend moins de temps que de faire des analyses de laboratoire et de prescrire un phage. Mais lorsqu’il s’agit d’infections causées par des superbactéries, les antibiotiques connus sont inefficaces. Dans ces cas-là, la phagothérapie pourrait être une meilleure option.

Est-ce que quelqu’un utilise la phagothérapie?

La phagothérapie n’a pas encore éliminé la nécessité des traitements antibiotiques. Mais il existe plusieurs rapports qui démontrent que des médecins ont réussi à traiter avec des phages des patients infectés par des superbactéries. L’Eliava Institute, en Géorgie, est un des premiers établissements à utiliser la phagothérapie. Les scientifiques de cet institut ont réussi à traiter avec succès, à l’aide de la phagothérapie, des patients qui avaient des ulcères cutanés, ou dont les blessures par brûlure étaient infectées, ou qui souffraient de la grippe intestinale, d’infections oculaires ou respiratoires, ainsi que beaucoup d’autres problèmes de santé. Ces infections ont tendance à être difficiles à traiter. Les médecins utilisent souvent les bactériophages en combinaison avec des antibiotiques, parce qu’une blessure peut contenir de multiples agents pathogènes. Il est difficile de choisir rapidement un bactériophage pour chacun d’eux.

Le savais-tu? 

Les scientifiques explorent également des façons d’utiliser les phages pour prévenir et traiter les maladies chez les bovins. De plus, ils cherchent comment utiliser les phages comme désinfectants dans les installations laitières.

Alors, qui sait? Peut-être qu’un jour, si tu as une infection bactérienne et que tu vas chez ton médecin, au lieu d’acheter une bouteille d’antibiotiques, tu pourrais recevoir un flacon contenant un phage!

Les bactériophages comme thérapie post-antibiotiques (pasteur.fr)  R2.

Comme ne cesse de le rappeler l’Organisation mondiale de la santé, la résistance aux antibiotiques est une menace croissante, et désormais alarmante, pour la santé mondiale. Le recours aux bactériophages par la phagothérapie revient sur le devant de la scène comme une des voies les plus avérées, prometteuses et durables pour l’avenir.

Toute personne, à n’importe quel âge et dans n’importe quel pays, peut aujourd’hui être exposée au risque d’un traitement traditionnel inefficace contre une infection bactérienne, même banale. Un phénomène qui s’accélère, autant chez l’homme que chez l’animal, parce que tout simplement la résistance aux antibiotiques est un phénomène naturel mais également en raison du mauvais usage des médicaments. Un risque en outre grandissant avec le développement du nombre des infections et la difficulté croissante et récurrente à les traiter, ce qui entraîne une prolongation  des hospitalisations, une augmentation des dépenses médicales et une hausse de la mortalité. Développer le recours à des alternatives thérapeutiques est donc  aujourd’hui reconnu comme une urgence sanitaire mondiale de premier plan. Le recours (et le retour) aux bactériophages par la phagothérapie est sans doute une des voies les plus avérées, prometteuses et durables. À la lumière des connaissances accumulées depuis un siècle et à l’aune d’une approche médicale et scientifique rigoureuse, mais aussi à travers la médiatisation de plus en plus fréquente de résultats spectaculaires obtenus, la réévaluation de la phagothérapie est désormais inscrite à l’agenda.

Un siècle d’études scientifiques sur les bactériophages

L’étude des bactériophages et de leurs interactions avec les bactéries a débuté il y a un siècle par la reconnaissance de leur action bactéricide, guidant Félix d’Hérelle vers une application en médecine humaine bien avant la découverte des antibiotiques. Mais c’est surtout lorsqu’ils ont été choisis comme objets d’études pour appréhender les mécanismes fondamentaux de la vie cellulaire que les bactériophages ont permis des découvertes majeures, dont les acteurs ont été, et sont encore, récompensés par plusieurs prix Nobel. Des mécanismes moléculaires de la réplication de ces virus

(assemblage macromoléculaires, régulation de l’expression des gènes viraux) aux défenses bactériennes mise en place pour les contrecarrer (systèmes de restriction modification et Crispr-Cas9), l’étude des bactériophages, par des approches multidisciplinaires, a provoqué de véritables ruptures dans l’avancée des connaissances sur le vivant.

Les bactériophages constituent aussi un modèle biologique fascinant en écologie et en évolution. Ce  modèle permet notamment de mieux comprendre l’émergence et l’évolution des pathogènes.

Les bactériophages : un intérêt appliqué majeur

Dès leur découverte, c’est leur potentiel thérapeutique qui a promu les bactériophages sur le devant de la scène en permettant de traiter des infections bactériennes.

Puis, au fil de l’avancée des connaissances, c’est leur rôle dans les processus de fermentation de l’industrie agroalimentaire (industries laitière et viticole) qui ont été mieux compris afin de réduire les pertes et mieux maitriser les procédés.

Aujourd’hui, leur utilisation en médecine est à nouveau considérée pour lutter contre les bactéries pathogènes devenues de plus en plus résistantes aux antibiotiques et pour lesquelles des solutions durables peinent à émerger. Cette application permet d’envisager la limitation des antimicrobiens chimiques et donc la pollution des sols et des nappes phréatiques et de fait favorisera la protection de la biodiversité.

Le rôle écosystémique des bactériophages sur Terre

Les mesures prises pour protéger les humains des microbes ont occulté durablement, dans le champ de la santé publique, les relations écosystémiques complexes entre organismes et environnements. Les bactériophages étant des régulateurs clés des communautés microbiennes naturelles avec lesquelles les humains doivent interagir à tout moment, ils nous obligent à repenser nos relations

vis à vis de ces virus, dont en premier lieu la connotation négative attachée à cette dénomination. L’utilisation des bactériophages en médecine engage aussi d’autres représentations du soin et des organismes, dans lesquelles la santé n’apparaît plus tant comme l’exclusion et l’annihilation de microorganismes, mais bien davantage comme la coexistence entre plusieurs espèces, humaines et microbiennes, dans un équilibre dynamique.

 

Le Réseau Bactériophage France, interdisciplinaire

Le Réseau Bactériophage France a pour but de promouvoir, coordonner et intégrer les études sur les bactériophages à travers différentes disciplines scientifiques, tout en favorisant l’établissement de collaborations et synergies entre les équipes concernées. Le réseau initié par Laurent Debarbieux (Institut Pasteur, Paris) est soutenu depuis 2016 par le CNRS et depuis 2017 par l’Inra.

Les Instituts INSB et INEE du CNRS se sont notamment associés pour former un Réseau Thématique Prioritaire. En France, une trentaine d’équipes utilisent les bactériophages comme sujet d’étude ou comme outils pour développer des applications. Le réseau permet à cette communauté de scientifiques de partager leurs expertises respectives souvent attachées à des thèmes distincts et spécifiques. Les approches développées par ces chercheurs sont souvent complémentaires et leur rencontre au sein du réseau démultiplie les opportunités de créer de nouvelles synergies. L’animation du réseau a permis de fédérer une communauté qui est devenu un acteur majeur dans le paysage scientifique français et au-delà.

Le bureau du Réseau Bactériophage France est composé des personnalités scientifiques et médicales suivantes :

bulletMireille Ansaldi, Directrice de Recherches au CNRS, Marseille ;
bulletPascale Boulanger, Directrice de Recherches au CNRS, Gif-sur-Yvette ;
bulletCharlotte Brives, Chargée de Recherches au CNRS, Bordeaux ;
bulletLaurent Debarbieux, Directeur de Recherches à l’Institut Pasteur, Paris ;
bulletAlain Dublanchet, médecin-biologiste honoraire des hôpitaux, Vincennes ;
bulletRémy Froissart, Chargé de Recherches au CNRS, Montpellier ;
bulletSylvain Gandon, Directeur de Recherches au CNRS, Montpellier ;
bulletClaire Le Hénaff, Professeure de Microbiologie, Institut Polytechnique de Bordeaux (ENSCBP) ;
bulletMarie-Agnès Petit, Directrice de Recherches à l’INRA, Jouy-en-Josas ;
bulletEduardo Rocha, Directeur de Recherches au CNRS, Institut Pasteur, Paris ;
bulletClara Torres-Barceló, Chargée de Recherches à l’INRA, Avignon.

 

BING AI.

Les bactériophages sont des virus qui infectent et tuent spécifiquement les bactéries. Ils sont considérés comme une alternative potentielle aux antibiotiques, qui sont des médicaments qui empêchent la croissance ou détruisent les bactéries. Les bactériophages présentent certains avantages par rapport aux antibiotiques, tels que12:

bulletIls sont plus sélectifs et ne perturbent pas la flore bactérienne normale du corps humain.
bulletIls sont capables de s’adapter aux mutations des bactéries et de surmonter leur résistance.
bulletIls sont naturellement présents dans l’environnement et faciles à isoler et à cultiver.

Cependant, les bactériophages présentent également des inconvénients, tels que12:

bulletIls nécessitent une identification précise de la souche bactérienne cible et un cocktail personnalisé de phages pour chaque patient.
bulletIls peuvent être neutralisés par le système immunitaire de l’hôte ou par des enzymes bactériennes.
bulletIls peuvent transférer des gènes indésirables entre les bactéries et provoquer des effets secondaires imprévisibles.

La phagothérapie, c’est-à-dire l’utilisation des bactériophages pour traiter les infections bactériennes, est encore peu répandue et nécessite davantage de recherches et de réglementations34Néanmoins, elle représente une option prometteuse face à la menace croissante de l’antibiorésistance

 

Bactéries et micro-organismes du traitement de l'eau (1h2o3.com)

 

Utilisation des bactériophage en ce qui concerne le T des eaux usée BING

Les bactériophages sont des virus qui peuvent infecter et tuer les bactéries présentes dans les eaux usées. Ils sont intéressants pour le traitement des eaux usées car ils peuvent12:

bulletRéduire la charge organique et la demande en oxygène des eaux usées.
bulletÉliminer les bactéries pathogènes et les bactéries résistantes aux antibiotiques.
bulletAméliorer la qualité du floc et la décantation des boues activées.
bulletPrévenir la formation de biofilms et les problèmes de corrosion dans les conduites.

Cependant, les bactériophages présentent également des défis, tels que12:

bulletLeur spécificité élevée qui nécessite une sélection et une adaptation constantes aux bactéries cibles.
bulletLeur sensibilité aux conditions environnementales telles que le pH, la température, la salinité et les rayons UV.
bulletLeur interaction complexe avec les autres micro-organismes et les composés chimiques présents dans les eaux usées.

La phagothérapie, c’est-à-dire l’utilisation des bactériophages pour le traitement des eaux usées, est encore peu développée et réglementée3Elle pourrait être combinée avec d’autres procédés biologiques ou physico-chimiques pour optimiser l’efficacité du traitement24.

 

Bactéries et micro-organismes intervenant dans le traitement de l’eau

A quoi servent les bactéries?

Le traitement des eaux usées par voie biologique est la méthode d’assainissement la plus répandue dans le monde. Cette technologie utilise différents types de bactéries et autres micro-organismes pour le traitement et le nettoyage des eaux polluées.

Le traitement des eaux usées est aussi essentiel pour la santé humaine que pour la protection de l’environnement. En effet, l’utilisation de ces bactéries accélère le traitement de la pollution sur une petite surface : la station d’épuration. Et la rivière a son propre processus d’épuration, similaire à ce qui se passe dans la nature. Cependant, les quantités actuelles de pollution sont trop élevées et peuvent perturber le cycle naturel. Ainsi, les stations d’épuration permettent d’éviter par exemple l’eutrophisation des cours d’eau, mais aussi préviennent la diffusion de maladies.

Les eaux usées et les déchets des industries sont les principales sources d’eaux usées. L’utilisation de microorganismes permet de dégrader les déchets organiques. Ces micro-organismes utilisent ces déchets comme source d’alimentation et d’énergie pour croître et se reproduire.

Vous l’avez compris, les bactéries, c’est le cœur du procédé. Et finalement, une station d’épuration, c’est en quelque sorte une ferme où l’on cultive des micro-organismes à grande échelle.

Où sont présent ces bactéries ?

Partout, depuis l’eau arrivant à la station d’épuration, et jusqu’à sa sortie. Les paramètres de fonctionnement définis dans les bassins de traitement influencent le développement de diverses structures microbiennes et des espèces qui la compose. Cet ensemble de micro-organismes, riche en espèces, atteignent un niveau de biodégradation plus élevé sur une large gamme de substrats, contrairement à l’utilisation de cultures uniques. C’est le facteur principal agissant la qualité des eaux usées traitées.

Généralement, ces organismes grouillent et s’agrègent en un ensemble ressemblant à un flocon dans les cultures libres, appelé le floc. Ces flocs, visibles à l’œil nu, contiennent des cellules vivantes et mortes de bactéries, champignons, protozoaires et des produits métaboliques. Ils s’agglomèrent autour de la matière organique suspendue dont ils se nourrissent. C’est le cas par exemple des boues activés. En outre, dans le cas des cultures fixées, des biofilms un peu similaires se développent sur les surfaces de contact. Par exemple, les biofiltres et les disques biologiques sont des cultures fixées.

Certaines usines disposent de réacteurs UV pour éliminer les bactéries restantes dans l’eau. D’autres utilisent l’injection de chlore avant de déverser l’eau en rivière. C’est par exemple le cas en Australie et Nouvelle Zelande.

Qui sont ces micro-organismes ?

Tout d’abord, avant de savoir qui ils sont, il faut comprendre les paramètres influents leur croissance. Premièrement, la localisation géographique. Deuxièmement le type de bassin dans lequel seront cultivées les bactéries. Troisièmement les caractéristiques des eaux usées entrant dans la station. Enfin, les paramètres d’exploitation du système, tel que l’aération, l’agitation, l’injection de produits chimiques.

Tous ces facteurs crééent des changements quantitatifs entre les bactéries autotrophes et hétérotrophes. Dans les stations d’épuration municipales, les bactéries gram négatif, notamment les protéobactéries, prédominent à hauteur de 21-65%. La Betaproteobacteria, la classe la plus abondante, joue un rôle majeur dans l’élimination des éléments organiques et nutritifs. Les autres embranchements sont Bacteroidetes, Acidobacteria et Chloroflexi (Nielsen et al., 2010 ; Nguyen et al. 2011 ; Wan et al., 2011 ; Hu et al., 2012 ; Wang et al., 2012 ). Les plus nombreux types de bactéries sont Tetrasphaera , Trichococcus , Candidatus Microthrix , Rhodoferax , Rhodobacter , Hyphomicrobium (McIllory et al., 2015 ).

Parmi les champignons, les Ascomycètes sont les plus abondants, et représentent 6,3 à 7,4% des micro-organismes. Ensuite viennent les archéobactéries, avec les Euryarcheota (1,5% des micro-organismes, Wang et al., 2014b ). En outre, en présence d’ammoniac et d’oxygène, Nitrosomonas est très présente. Enfin, un âge des boues est élevé permet aux protozoaires et rotifères de coloniser le milieu.

La température impacte la présence de certaines espèces. Ainsi, l’effet de la situation géographique  affecte la composition des espèces. D’autre part, dans l’industrie par exemple, la présence de micro-organismes bien définis de façon dominante s’explique par leur capacité à biodégrader des composants spécifiques des eaux usées industrielles.

Par ailleurs, les bactéries sont catégorisées par la façon dont elles obtiennent de l’oxygène. Dans le traitement des eaux usées, il existe trois types de bactéries utilisées pour traiter les déchets qui entrent dans la station de traitement : aérobie, anaérobie et facultatif.

Leurs impacts et les solutions de traitement

La présence de mauvaises bactéries (ou l’absence des bonnes souches) peut provoquer notamment :

bullet Un faible rendement biogaz du digesteur anaérobie
bullet Une mauvaise floculation et sédimentation
bullet Un excès de bactéries filamenteuses
bullet Un excès en phosphore
bullet Un faible rendement d’élimination de l’azote (NH4, NO3)
bullet La production d’odeurs désagréables
bullet Un excès de consommation de réactifs chimiques
bullet Dans un digesteur anaérobie, une production de mousses

Il y a généralement trois façons de rétablir un bon traitement.

Premièrement, en modifiant les réglages d’exploitation, et en attendant que les bonnes souches colonisent à nouveau le milieu. Deuxièmement, en éliminant complètement les micro-organismes en place lorsque la première solution n’a pas fonctionné. Attention, cette méthode est peu recommandée, car la biomasse mettra encore plusieurs jours à se développer, donc l’eau ne sera pas correctement traitée pendant cette période.

La troisième solution consiste à injecter des bactéries spécialement sélectionnées, cultivées et multipliés, pour qu’elles reprennent l’avantage sur les bactéries indésirables présentes dans le milieu.

 

Les applications fréquentes

La biotechnologie microbienne offre des applications scientifiques innovatrices d’un grand intérêt écologique et économique. Elle utilise efficacement les processus naturels de dégradation pour traiter la pollution. Cette méthode est nettement moins coûteuse que les techniques conventionnelles physico-chimiques ou mécaniques.

L’utilisation de bactéries diffère des méthodes de traitement habituelles car elles utilisent des procédés naturels simples. Leur bilan permet de traiter la pollution sans créer de nouvelles contaminations. La plupart du temps, leur mise en œuvre nécessite l’utilisation d’un bioréacteur dédié, ainsi que les nutriments nécessaires à leur multiplication en grand nombre. Le dosage est facile et ne nécessite que peu de temps d’exploitation.

Accélérer le démarrage d’une usine / Ensemencer rapidement une station mobile

La colonisation d’un milieu par les bactéries nécessaires et micro-organismes nécessaires à la dépollution dure généralement entre 4 et 8 semaines. Encore une fois, c’est la température qui impacte le plus ce temps de croissance.

Il existe des solutions pour réduire ce délai à une semaine environ, grâce à l’ensemencement avec des bactéries sélectionnées et multipliées. Il y a ici deux principaux avantages :

bullet Réduire le délai de mise en route d’une station d’épuration
bullet Accélérer le démarrage d’une unité de traitement mobile (lors d’une avarie sur l’usine principale par exemple)

La technique consiste à recirculer un savant mélange de substrat adapté et de bactéries sélectionnées pour qu’elles s’installent très rapidement. Dans ces conditions favorables, les bactéries forment rapidement des flocs ou des biofilms. Après quelques jours, le milieu est prêt pour le déversement des eaux usées.
Nous avons sélectionné une gamme de bactéries pour démarrer en une semaine votre installation dans des conditions normales, avec des températures d’eau entre 12 et 30°C.

Le dimensionnement est disponible sur la page optimisation microbiologique.

Corriger la présence de bactéries indésirables

Sur les stations de type boues activées, la présence de bactéries filamenteuse est un réel problème. D’abord, la solution consiste à extraire un maximum de boues, et d’augmenter l’aération. La reconquête du milieu par les bonnes bactéries peut remettre plusieurs jours. Si cela ne fonctionne pas, alors il est possible de détruire ces bactéries au chlore. Le problème, c’est que cela tue toutes les bactéries. Et puis il faudra attendre quelques semaines pour que les conditions normales soient de nouveau atteintes. Tandis que la majorité des exploitants continuent l’injection de chlore, nous préconisons l’injection de bactéries dédiées. Comme pour le démarrage accéléré d’une usine, l’ajout massif de ces bonnes populations permet de rétablir rapidement l’équilibre dans les bassins. Voici par exemple une illustration de l’élimination des flottants dans un clarificateur. Le dimensionnement est disponible sur la page optimisation microbiologique.

Améliorer les performances de traitement

En éliminant les graisses et huiles responsables de la dégradation du milieu

Les bactéries lipophiles sont spécialisées pour la dégradation des graisses et des huiles animales et végétales dans les STEP urbaines et dans les sites industriels de traitement. Ces bactéries sont facilement adaptables à tous les systèmes de traitement utilisés actuellement.

Sur le marché, il existe des produits tels que des bactéries et des enzymes complètement naturelles, conçues et sélectionnées pour leur capacité à solubiliser et à digérer les graisses et les boues. Certaines bactéries sont tellement spécialisées dans la dégradation des graisses qu’elles sont capable de dégrader les charges hautes, jusque 300 000 mg/L de DCO.

Le dimensionnement est disponible sur la page optimisation microbiologique.

En accroissant la présence de bonnes bactéries

Comme on peut s’y attendre, la technique consistant à injecter un mélange de substrat adapté et de bactéries sélectionnées est encore la plus efficace. Ainsi, l’istallation très rapide de celles-ci dans le milieu permet d’améliorer les rendements d’épuration sur les systèmes suivants :
bullet Boues activées (aération fines bulles)
bullet Lagunes et étangs naturels et artificiels
bullet Biofiltres
bullet Lits bactériens
bullet Disques biologiques

Le dimensionnement est disponible sur la page optimisation microbiologique.

En rajoutant les bactéries pour le traitement d’eau froide ou chaude

La majorité des micro-organismes se développe généralement plus rapidement à des températures élevées, jusqu’à 38°c max. Cependant, leur développement devient très lent en dessous de 12°c, voire quasi nul en dessous de 5°C. Ces températures basses sont souvent atteintes lorsque les stations d’épurations sont situées dans des zones géographiques telles que le Canada ou au nord de l’Europe. Lors de la fonde des neige, ces bactéries doivent traiter la pollution alors qu’elles se trouvent dans des eaux froides. La parade principale consiste à augmenter significativement la taille de l’usine pour pallier au manque d’activité microbienne. Cependant, cette solution pourtant encore largement pratiquée, est très onéreuse. Au contraire, certains process industriels génèrent des eaux supérieures à 38°C. Les bactéries les plus communes ne peuvent pas survivre dans ces conditions. C’est pour cela qu’il existe des mélanges de bactéries efficaces pour le traitement des différentes eaux. Ainsi, avant un évènement froid par exemple, il est possible d’ensemencer au préalable le réacteur biologique avec les bactéries spécialement sélectionnées pour ces conditions. Elles prendront alors le dessus sur les populations déjà en place, et permettront d’assurer un traitement efficace le de ces conditions difficiles. Nous disposons d’une sélection de bactéries pour ces conditions difficiles :
bullet eaux froides (entre 1°C et 12°C),
bullet eaux chaudes (entre 30°C et 50°C ou plus)

Le dimensionnement est disponible sur la page optimisation microbiologique.

La pollution sonore serait néfaste pour l'ensemble de notre corps | National Geographic (R3)

 

https://www.nationalgeographic.fr/sciences/sante-publique-la-pollution-sonore-serait-nefaste-pour-tout-notre-corps

Bactériophages : et si le remède aux supermicrobes se trouvait dans nos égouts ?

Pour venir à bout des bactéries résistantes aux antimicrobiens, les scientifiques font appel à un allié surprenant : les bactériophages, une armée de virus qui évolue dans les recoins les plus sombres et les plus pollués.

 
PUBLICATION 23 DÉC. 2022, 15:28 CET

Au laboratoire du Dr Lilian Musila à l'Institut de recherche médicale du Kenya, le technicien Martin Georges dépose à la pipette des bactériophages sur une boîte de Petri contenant des bactéries.

PHOTOGRAPHIE DE JESS CRAIG

Par une matinée du mois d'octobre, Lillian Musila, Martin Georges et Moses Gachoya chargent blouses de laboratoire, gants médicaux et glacières en plastique dans un 4x4 Toyota blanc, et quittent l'enceinte immaculée de l'Institut de recherche médicale du Kenya pour s'aventurer à l'extérieur de la ville. Leur destination ? Les lieux les plus sales et infestés de germes que l'on puisse imaginer : une usine de traitement des eaux usées, des rivières polluées et les torrents d'eaux noires qui ruissellent entre les boutiques et les habitations de Kibera, l'un des plus grands bidonvilles africains.

Pour le commun des mortels, le simple fait de penser aux bactéries et aux virus qui hantent ces lieux suffirait à déclencher une vague de frissons. Pour ceux qui, comme le Dr Musila, se spécialisent dans les maladies infectieuses, ces lieux offrent paradoxalement un véritable arsenal pour lutter contre les ravages causés par les supermicrobes à travers le monde. Musila et son équipe sont là pour traquer les bactériophages, ou phages, ces virus qui infectent et tuent les bactéries, généralement sans inquiéter leur hôte humain.

« Le concept est simple : l'ennemi de mon ennemi est mon ami », résume le Dr Musila, scientifique en chef du Département des maladies infectieuses émergentes.

Les antibiotiques sont la pierre angulaire de la médecine moderne depuis les années 1940. Grâce à eux, l'espérance de vie de l'être humain s'est allongée de vingt-trois ans. Seulement voilà, un grand nombre de bactéries a depuis trouvé le moyen d'échapper aux antibiotiques : c'est la résistance aux antimicrobiens (RAM). D'après l'Organisation mondiale de la santé, ce phénomène serait « l'une des dix plus grandes menaces pour la santé publique auxquelles se trouve confrontée l'humanité ». Les chercheurs estiment que les bactéries résistantes aux médicaments ont fait plus d'un million de morts en 2019, ce qui en fait l'une des principales causes de décès à travers le monde.

Il y a un besoin urgent de nouveaux antibiotiques, mais aucune nouvelle classe n'a été découverte depuis les années 1980. À l'heure où seule une poignée de sociétés pharmaceutiques s'efforcent de mettre au point des antibiotiques, l'une des rares solutions réside dans la phagothérapie, le traitement utilisant les fameux virus bactériophages.

Malgré son statut de discipline émergente, la phagothérapie est utilisée de manière sûre et efficace dans les pays de l'ex-Union soviétique depuis sa découverte en 1917. Les données récentes issues d'essais cliniques et de différents cas d'utilisation d'urgence en Europe et aux États-Unis montrent que les bactériophages offrent un moyen sûr et efficace de traiter les infections contre lesquelles aucun antibiotique connu ne fonctionne.

Il y a huit ans, en constatant que la RAM constituait déjà un défi majeur au Kenya, le Dr Musila a lancé un programme national de surveillance du phénomène chez les bactéries issues de patients hospitalisés à travers le pays. Même si la collecte de données inaltérées présente déjà un défi en soi, Musila et ses collègues ont découvert que 60 % des infections documentées étaient résistantes à divers types d'antibiotiques, notamment les plus abordables et les plus facilement accessibles, se souvient-elle. Son équipe a immédiatement donné l'alerte, mais en tant que spécialiste du développement thérapeutique, la simple description du problème ne suffisait pas au Dr Musila.

« J'avais l'impression d'annoncer l'apocalypse et la fin du monde imminente. Je me suis dit qu'on ne pouvait pas rester assis là et se contenter de montrer que les choses allaient mal. On voulait trouver des solutions. » De retour à son laboratoire après avoir participé à une conférence présentant les recherches en cours sur les bactériophages, elle a rédigé un protocole et lancé sa toute première chasse aux phages en 2016.

 

LA CHASSE

Au centre de traitement des eaux usées de Nairobi, Georges et Gachoya, tous deux employés du laboratoire de Musila, boutonnent leur blouse et enfilent leurs gants jetables, avant de s'approcher du rebord d'un bassin en béton contenant des eaux brunes et bouillonnantes. Dans ce bain nauséabond, les bactéries travaillent dur pour désagréger les déchets solides alors que les phages, naturellement présents dans l'environnement, s'évertuent à infecter ces mêmes bactéries, à se répliquer et à s'en extraire pour mieux trouver leur prochain hôte.

Sous le regard de Musila, Georges plonge un récipient jaune en plastique dans la mélasse et le récupère à l'aide d'une cordelette. Soigneusement, il verse ensuite le contenu dans un second récipient, sur lequel Gachoya inscrit « eaux usées » avant de le déposer dans une glacière vide. Après avoir prélevé d'autres échantillons à l'entrée du centre de traitement où arrivent les eaux usées brutes, l'équipe reprend la voiture en direction de Kibera. Georges s'approche d'un ruisseau peu profond où les eaux noires ruissellent sur diverses couches de déchets, et répète la manipulation.

De retour au laboratoire, Georges et Gachoya rassemblent les échantillons pour filtrer les différents types d'eaux usées, ne laissant passer que les phages microscopiques, des organismes encore plus petits que les plus petits des virus et des bactéries. L'étape suivante est la culture et la multiplication des phages en les nourrissant de bactéries. Au menu ce jour-là : Klebsiella pneumonia et Pseudomonas aeruginosa, deux agents infectieux résistants aux antibiotiques et présents dans le monde entier, sur lesquels travaille actuellement Musila. La mixture est ensuite mise de côté.

Le lendemain, les deux collègues déposent de petites gouttes de liquide contenant les phages sur des bactéries cultivées dans des boîtes de Petri. En tuant les bactéries, les phages laissent une cavité circulaire à la surface de la boîte, signe du passage à trépas des bactéries cultivées à cet endroit. L'équipe isole et purifie ensuite ces phages tueurs. Dans quelques jours, après le séquençage de leur génome, l'équipe connaîtra le nombre de nouveaux phages découverts et congèlera les nouveaux virus à -80 °C en vue de leur analyse ultérieure.

La découverte de phages est une activité relativement rapide et abordable. Un matériel de laboratoire classique et des compétences de base suffisent à mener ces recherches, contrairement à d'autres domaines pharmaceutiques. À titre de comparaison, il faut compter dix à quinze ans et au moins un milliard de dollars pour identifier un nouvel antibiotique.

« Les étudiants de premier cycle, les élèves de lycée, quiconque possédant une once de curiosité pour ce genre de savoir peut participer », assure Graham Hatfull, professeur à l'université de Pittsburgh, où il dirige le programme SEA-PHAGES grâce auquel plus de 40 000 étudiants de première année ont appris à découvrir des phages.

Cette particularité a des implications majeures pour la réduction des inégalités dans la santé, la recherche et l'accès aux médicaments à travers le monde. Bien que limitées, les données disponibles suggèrent que l'Afrique et l'Asie sont les deux régions les plus affectées par la RAM. Pourtant, de nombreux pays en développement, dont trente-sept en Afrique subsaharienne, ne disposent pas d'une industrie pharmaceutique domestique et doivent encore se résoudre à importer leurs fournitures médicales, leurs médicaments et leurs vaccins depuis l'Europe et les États-Unis.

« Je cite souvent la distribution inéquitable des vaccins contre le COVID-19 durant la pandémie, le temps qu'ils mettaient et qu'ils mettent toujours pour arriver dans les pays en développement », affirme Tobi Nagel, directrice de l'organisation à but non lucratif Phages for Global Health, qui aide à implanter des structures de recherche de phages dans les pays en développement.

Le constat est le même pour les antibiotiques. De nombreux pays en développement souffrent d'un manque d'accès régulier aux antibiotiques les plus basiques, sans parler des médicaments plus avancés ou des combinaisons d'antibiotiques que l'on sait efficaces contre certains microbes résistants. D'après une étude menée au Malawi en 2019, les stocks des établissements de santé publique du pays ne comptaient que 48,5 % des médicaments essentiels et, pour la moitié d'entre eux, le coût d'un seul cycle de traitement dépassait le salaire journalier moyen des Malawiens, ce qui les rendait inabordables. La phagothérapie peut être mise en œuvre dans les pays les plus touchés par la RAM, tout en évitant les barrières techniques et financières de la recherche pharmaceutique traditionnelle.

« C'est une solution accessible pour les pays en développement, et c'est ce qui en fait sa beauté », avance Musila.

De plus, les données empiriques suggèrent que les phages évoluant dans la même région que les bactéries qu'ils infectent sont plus puissants que ceux qui évoluent dans d'autres régions du monde. Lorsque Musila et son équipe ont testé des phages fournis par des chercheurs russes sur un panel de bactéries présentes au Kenya, les virus se sont avérés inefficaces. Le constat est le même pour Ivy Mutai, chercheuse au sein de l'Institute of Primate Research de Nairobi, qui a obtenu des résultats similaires en testant des phages de Géorgie contre des souches bactériennes kenyanes.

Les bactériophages infectent les bactéries en se fixant sur un nombre restreint de récepteurs à la surface de la cellule. Cette spécificité s'apparente à un système clé-serrure. Dans un milieu tel que les eaux usées ou les rivières, les bactéries évoluent pour échapper aux phages, et les fameux virus s'adaptent pour conserver la capacité d'infecter les bactéries. Au fil du temps, cette course à l'armement crée des phages hautement efficaces pour éradiquer des souches locales et spécifiques de bactéries.

« La variation géographique est assez importante », explique Mutai. « C'est pourquoi les Kenyans doivent traquer les phages spécifiquement adaptés aux infections du Kenya », poursuit-elle.

 

RECHERCHE ET ESSAIS CLINIQUES

Depuis la première chasse lancée par Musila, son équipe a identifié plus de 150 phages capables de cibler et d'abattre les agents infectieux désignés sous l'acronyme ESKAPE, pour Enterococcus faeciumStaphylococcus aureusKlebsiella pneumoniae, ainsi que d'autres bactéries responsables des infections résistantes aux antibiotiques les plus fréquentes, souvent mortelles.

Outre son implication dans la chasse aux phages pour lutter contre les infections humaines communes, Mutai s'intéresse également à l'identification de ceux qui pourraient servir à empêcher les maladies bactériennes dans les cultures ou désinfecter le matériel et les surfaces dans les hôpitaux, deux sources notoires de microbes résistants aux antibiotiques. La scientifique mène ces recherches sous la direction d'Atunga Nyachieo, directeur du programme de recherche sur les phages de l'Institute of Primate Research.

Toujours au Kenya, Angela Makumi et son équipe de l'Institut international de recherche sur l’élevage ont développé une phagothérapie qui protège les volailles des infections à salmonelles. Makumi supervise actuellement une étude visant à tester une poudre à base de phages pouvant être administrée oralement aux volailles. Les essais sur le terrain devraient débuter en février. Fait notable, il a suffi de deux années depuis la chasse aux phages initiale pour mettre au point un traitement viable, indique-t-elle.

De l'autre côté de la frontière, en Ouganda, plus précisément à l'université de Makéréré où elle exerce en tant que professeure, la présidente de PhageTeam Uganda, Jesca Nakavuma, s'efforce avec ses collègues de trouver des phages tueurs de souches mortelles de la bactérie E. coli, présentes sur les légumes crus, et d'une autre bactérie létale, Aeromonas hydrophilia, qui contamine les réservoirs utilisés en pisciculture. En République démocratique du Congo et à Haïti, les chercheurs travaillent sur des phages capables d'éliminer la bactérie à l'origine du choléra dans les cours d'eau, les puits et d'autres sources d'eau potable afin de prévenir les épidémies.

Aux États-Unis, en Australie et dans certains pays européens, la phagothérapie a été utilisée pour soigner des patients en situation d'urgence ou d'accès compassionnel, lorsque les patients font face à une mort certaine des suites d'une infection résistante aux antimicrobiens. Malgré la demande croissante, le Kenya ne dispose pas encore de mécanismes autorisant une utilisation d'urgence. Ces situations interviennent lorsque les médecins ont épuisé l'ensemble des antibiotiques à leur disposition. Le médecin ou la famille du patient peuvent alors décider d'envoyer un échantillon de la bactérie mise en cause aux chercheurs de phages pour tester l'efficacité de leurs collections.

Depuis 2017, Hatfull et son équipe de Pittsburgh ont aidé à traiter une quarantaine de patients par l'accès compassionnel, indique-t-il. Son équipe a compilé une banque rassemblant plus de 10 000 phages isolés dans l'environnement. Des demandes de patient ou de médecin à la recherche d'une phagothérapie arrivent régulièrement à leur laboratoire, environ une fois tous les deux jours.

Seule une poignée d'essais cliniques ont mis la phagothérapie à l'épreuve en environnement contrôlé, mais plus de soixante essais sont actuellement enregistrés aux États-Unis. Le Kenya et un grand nombre de pays en développement ne disposent pas du cadre législatif nécessaire pour utiliser la phagothérapie en situation d'urgence ou d'accès compassionnel. À la place, Musila partage ses virus-candidats prometteurs avec le Walter Reed Army Research Institute des États-Unis, un institut de recherche qui finance ses travaux actuels et approfondit les recherches sur les phages avant de les considérer pour une utilisation sur l'être humain.

 

DÉFIS ET AVENIR

Même si certains exemples confirment la capacité des phages à éliminer les microbes résistants aux médicaments chez les patients malades, la phagothérapie soulève encore de nombreuses questions. Par nature, ces virus se répliquent à l'intérieur des cellules bactériennes en les tuant, mais personne ne sait combien de temps prend ce processus une fois qu'ils sont administrés chez les patients. Par conséquent, il est difficile de déterminer et de suivre le dosage des phages à un temps donné. Avec les antibiotiques, les médecins connaissent la dose précise et le temps nécessaire au médicament pour se diffuser dans l'organisme. D'après les données disponibles à ce jour, les phages semblent sans danger, et ce même à haute dose.

Grâce à leur spécificité clé-serrure, les phages ne tuent que des bactéries ciblées et n'iront donc pas inquiéter les bonnes bactéries que l'on trouve naturellement chez l'être humain. À l'inverse, les antibiotiques tuent sans distinction de types de bactéries, ce qui peut entraîner de graves effets secondaires au long terme.

« Il y a toutefois un revers à cette médaille », reprend Hatfull, « la spécificité est parfois si restreinte que les phages ne ciblent que des isolats cliniques, au lieu d'un groupe étendu. » Les chercheurs devraient donc constituer une immense collection de phages ciblant chaque type de bactérie à l'origine de maladies humaines. Hatfull et son équipe de recherche travaillent actuellement sur leur génome pour comprendre comment ils pourraient mettre au point des phages plus puissants avec un champ d'action étendu.

À ce stade, l'identification des phages pour leur utilisation clinique chez l'être humain est réalisée au cas par cas. Si la phagothérapie devient un traitement de routine, cette stratégie ne sera plus adaptée. « En ce qui concerne les bactéries multirésistantes aux antibiotiques, nous en voyons souvent. Ce n'est pas rare. Le besoin de phages pourrait devenir critique », assure Musila.

Les chercheurs développent actuellement des banques de phages locales et internationales auxquelles les scientifiques pourront accéder rapidement. Néanmoins, il manque encore un cadre concret pour l'identification, la recherche et la production à grande échelle destinées à la thérapie. Il sera également nécessaire de déterminer si les réglementations actuelles en matière d'innocuité et de qualité des médicaments sont adaptées à la phagothérapie, surtout dans les pays en développement qui n'ont jamais mis au point de médicaments.

Il reste enfin une dernière inconnue : la durée de l'efficacité des phages, sachant que les bactéries peuvent évoluer pour leur résister. Dans le laboratoire de Musila, Georges et Gachoya observent parfois l'apparition d'une telle résistance du jour au lendemain.

Pour l'heure, un cocktail de quatre ou cinq phages différents est administré aux patients afin de pallier cette résistance. Pour Hatfull et son équipe, l'apparition de bactéries résistantes aux phages reste rare.

Compte tenu des faibles coûts de ce domaine de recherche et des besoins limités en expertise technique, les chercheurs pourraient chasser les phages en continu à mesure que les bactéries développent une résistance. Les eaux usées, les cours d'eau pollués et d'autres environnements infestés de germes offrent une source intarissable de nouveaux phages qui, contrairement aux antibiotiques, continueront d'évoluer pour venir à bout des bactéries.

« C'est une course plus équitable », conclut Musila.

Bactériophage — Wikipédia (wikipedia.org)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bact%C3%A9riophage  R4

 

 

 

 

 

Bactériophage

 
 
 
Modèle structural du bactériophage T4 à résolution atomique1

Les bactériophages, ou phages (mot formé des éléments bactério-, « bactérie », et -phage, « qui mange »), ou, plus rarement, virus bactériens, sont des virus qui n'infectent que des bactéries. Ils sont présents dans toute la biosphère. Ils sont particulièrement abondants dans les milieux riches en bactéries, et donc notamment dans les excréments, le sol et les eaux d'égout. Dans un millilitre d'eau de mer, on compte près de 50 millions de bactériophages2. Le support de l'information génétique (génome) des bactériophages peut être un ADN ou un ARN3. Parce que leur génome est entouré d’une capside, les phages font partie des virus dits complexes.

L'activité des bactériophages est découverte en 1897 par le franco-canadien Félix d'Hérelle lorsqu'il remarque des trous dans les cultures de bactéries qu’il développe pour lutter contre les essaims de sauterelles en Amérique centrale. Il n’en comprend le sens qu'en 1917, lorsqu'il fait la même observation dans des selles de malades atteints de dysenterie bacillaire (maladie du côlon). Il isole alors les premiers phages, puis développe les premières applications phagothérapeutiques2.

En 1915, Frederick W. Twort, à Londres, remarque aussi que des colonies de microcoques prennent parfois un aspect vitreux, dû à la destruction des cellules bactériennes, et que cette caractéristique est transmissible à des colonies normales par simple contact.

Les phages sont des outils fondamentaux de recherche et d'étude en génétique moléculaire2. Ils servent notamment de vecteurs de clonage et de transfert de gènes (on parle aussi de transduction). Dans les années 1940-1960, les travaux effectués sur les bactériophages ont permis de nombreuses avancées dans le domaine de la biologie moléculaire (avancées portées par Max Delbrück, dans le cadre du « groupe phage ») et ont permis de découvrir que les acides nucléiques constituent le support de l'information génétique (expérience de Hershey-Chase, en 19524,2).

Les bactériophages ont été utilisés en France à des fins thérapeutiques de 1920 à 1990 environ et le sont toujours dans l'ex-bloc de l'Est, où l'on peut acheter des bactériophagiques en pharmacie sans ordonnance5. En France, devant l'incapacité des autorités de santé à accélérer la réintroduction de la phagothérapie pour des raisons réglementaires et administratives, des associations et groupements de patients et de médecins font valoir les bénéfices importants qu'elle peut apporter aux patients infectés par des germes résistants en situation d'impasse thérapeutique ou d'infection chronique récidivante ainsi que l'absence de risque constatée durant les 70 ans d'utilisation en France au xxe siècle6,7,8,9.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Structure d'un bactériophage :
1. tête ;
2. queue ;
3. acide nucléique ;
4. capside ;
5. col ;
6. gaine contractile ;
7. fibres caudales ;
8. spicules ;
9. plaque terminale.

Comme les virus qui infectent les eucaryotes, un phage possède du matériel génétique encapsidé dans une structure protéique complexe constituée le plus souvent d'une tête et d'une queue. Pour plus de 95 % des phages connus, ce matériel est une molécule d'ADN double-brin d'une longueur de 5 à 650 kpb (kilobases) et leur dimension varie de 24 à 200 nm[réf. nécessaire]. Les bactériophages ayant un génome de plus de 200 kpb sont appelés « phages jumbo »10.

On caractérise les phages par la présence de « plages de lyse ». L'infection d'une cellule bactérienne par un seul phage peut provoquer sa lyse au bout d'une vingtaine de minutes avec libération de quelques dizaines voire centaines de particules phagiques. En laboratoire, chaque particule ainsi libérée va infecter une nouvelle bactérie et recommencer le cycle lytique. Conséquence de ces lyses microscopiques en cascade, des « plages de lyse » se forment dans le tapis bactérien à la surface des géloses, permettant la lecture à l'œil nu des résultats de test. La taille et l'aspect de ces plages de lyse constituent un phénotype contribuant à caractériser les phages.

Reproduction : cycles lytique et lysogénique[modifier | modifier le code]

Les bactériophages, incapables de se reproduire par leurs propres moyens, injectent leur matériel génétique dans des bactéries hôtes. Grâce aux enzymes et aux ribosomes de l'hôte (et à certaines protéines virales selon les cas), le génome viral peut être répliqué et traduit pour former de nombreuses copies du virus qui sont libérés avec la lyse de la bactérie-hôte : on parle de cycle lytique ou cycle de production.

Certains bactériophages se comportent autrement, leur matériel génétique est répliqué et s'intègre au chromosome de la bactérie (ou existe sous forme de plasmide), mais n'est pas exprimé pour former des virions. Le virus est alors désigné sous le terme de prophage, lequel est transmis à la descendance de la bactérie infectée (lignée lysogénique) et on parle de lysogénie ou de cycle lysogénique. En réponse à une induction (ex. : stress de la bactérie), l'infection lysogénique bascule vers un cycle lytique.

D'une espèce à l'autre, le cycle de réplication des phages dans la cellule peut suivre plusieurs schémas :

bulletcertains phages sont dits « virulents », ils sont strictement lytiques. Le microbiologiste Mark Müller a dit : « Les bactéries ne meurent pas, elles explosent en multiples phages » ;
bulletcertains bactériophages appelés « phages tempérés » peuvent générer des infections lytiques ou lysogéniques. Parfois, les prophages apportent quelque chose à la relation bactérie-phage quand la cellule est en dormance, en ajoutant de nouvelles fonctions au génome de la bactérie, un phénomène appelé « conversion lysogène ». Un exemple connu est l'inoffensive bactérie Vibrio qui, quand elle est lysogénisée par le phage CTX11, cause le choléra ;
bulletcertains phages ne provoquent pas la lyse de la cellule infectée (infections chroniques), mais bourgeonnent à la membrane bactérienne, sans la rompre (infection chronique).C'est le cas des phages filamenteux comme M13 ou f1 d'Escherichia coli. La cellule infectée devient alors une usine à produire du phage de manière continue.

Durée et conditions de persistance des phages dans l'eau[modifier | modifier le code]

Les phages, comme d'autres virus, sont vulnérables aux UV solaires, connus pour contribuer à détruire les virus, au moins dans le haut de la colonne d'eau, et plus ou moins profondément selon la turbidité de l'eau12.

Dans les eaux plus eutrophes voire dystrophes, une autre cause de destruction virale (encore mal comprise) semble être la présence de molécules antivirales dissoutes, thermolabiles et de haut poids moléculaire (plus de 30 kDa), de type protéases ou autres enzymes bactériennes probablement12 qui, lors d'expériences conduites par Noble & al. en 1997, semblaient responsables d'environ 1/5 de la désintégration maximale des virus ; en complément du rayonnement solaire qui en élimine au maximum de 1/3 à 2/3 (quand il s'agit de virus non-natifs) et de 1/4 à 1/3 quand il s'agit de virus natifs) suggérant des phénomènes de co-évolution adaptation évolutive entre bactéries et virus, et en fonction du taux d'UV solaires pénétrant la colonne d'eau12.

Classification[modifier | modifier le code]

L’organisme responsable de la nomenclature et de la taxonomie des virus s’appelle l’International Committee on Taxonomy of Viruses (ICTV). On dénombre une vingtaine de morphologies différentes chez les virus bactériens actuellement reconnus par l'ICTV2. En 2000, plus de 5 000 bactériophages différents avaient été observés et décrits. Plus de 95 % d'entre eux possédaient une queue impliquée dans l'entrée de l'ADN du phage dans la cellule bactérienne (famille des Caudovirales). On distingue trois morphologies de queues différentes :

bulletles Siphoviridae, caractérisés par une longue queue non contractile, forment la plus grande famille (60 % des virus caudés). Exemple : T5 ;
bulletles Myoviridae ont de longues queues contractiles, composées d'un tube extérieur qui se contracte autour du tube central rigide lorsque le virus se trouve à la surface de sa bactérie hôte. Le tube rigide perfore alors la paroi bactérienne et crée un passage pour l'ADN phagique. Exemple : T4 ;
bulletles Podoviridae ont de petites queues non contractiles, ils intègrent dans leur capside des protéines qui servent à empaqueter l'ADN dans la capside lors de la formation du virion et qui sont éjectées dans la paroi de l'hôte avant l'éjection de l'ADN. Exemples : T7, P22.

Depuis 2022, cette subdivision morphologique n'est plus à la base de la classification13.

Liste des principaux modèles d'étude[modifier | modifier le code]

bullet phage λ - lysogène
bullet phage T4 (169 à 170 kilopaires de bases, 200 nm de long)
bullet phage T5
bullet phage T7
bullet phage R17 - Le prototype des phages à ARN. L'un des virus les plus simples connus.
bullet phage M13 - Phagemid (en)
bullet phage ϕX174 - phage à ADN simple brin, le premier organisme dont le génome ait été séquencé.

Rôles dans l'évolution des bactéries[modifier | modifier le code]

Comme les phages peuvent porter dans leur génome des gènes accessoires à leur cycle de vie, ils participent aux transferts horizontaux de gènes entre populations bactériennes. C'est la transduction. Lorsque ces gènes accessoires codent des facteurs de virulence, la bactérie infectée voit son pouvoir pathogène augmenté – c’est le phénomène de « conversion lysogénique ».

Un exemple bien connu est celui des gènes des toxines Stx des Escherichia coli entérohémorragiques (EHEC). Ces gènes stx sont localisés dans des séquences de bactériophages lambdoïdes intégrés dans le chromosome. Les EHEC auraient donc émergé par conversion lysogénique. On connaît de nombreux autres exemples de ce type, comme la toxine cholérique de Vibrio cholerae qui est portée par le phage CTX.

Les bactériophages lysogènes sont souvent intégrés dans le chromosome au niveau de locus codant des ARN de transfert (ARNt). Par exemple, le phage PhiR73 de Escherichia coli est inséré au niveau du locus selC. L'acquisition de gènes étrangers par transfert horizontal, grâce à des bactériophages s’intégrant au niveau de tels « points chauds » est plausible, puisque les séquences codant les ARNt sont hautement conservées entre les différentes espèces bactériennes. Enfin, la persistance des gènes de virulence dans les génomes phagiques suggère qu’ils confèrent un avantage sélectif, peut-être dû à la plus grande multiplication et diffusion de la bactérie hôte.

Biotechnologies[modifier | modifier le code]

Biologie moléculaire au xxe siècle[modifier | modifier le code]

Le phage S-PM2.

Dans les années 1960, les recherches menées sur les interactions hôte/phage par les biologistes américains Max DelbrückAlfred Hershey et Salvador Luria valurent à ces chercheurs le prix Nobel de médecine-physiologie en 1969.

Les phages ont permis différentes découvertes :

bulleten 1961, Francis CrickSydney Brenner, Leslie Barnett et R.J. Watts-Tobin utilisent différentes souches d'E. coli et du phage T4 pour démontrer que l'ADN porte l'information génétique sous forme de codons de trois nucléotides non-chevauchant (expérience de Crick, Brenner et al.)14 ;
bulletl'expérience de Hershey et Chase a permis de confirmer la fonction de l'ADN en tant que support de l'information génétique. Hershey et Chase incorporèrent du phosphore 32 (P32) dans l'ADN d'une culture de phage et du soufre 35 (S35) dans les protéines d'une autre culture de ce même phage2. Ces deux isotopes sont radioactifs, ce qui permet de les utiliser comme traceurs. Puis, ils utilisèrent chacune de ces cultures de phage indépendamment pour infecter E. Coli à raison d'un nombre élevé de particules virales par cellule bactérienne. Après un temps suffisant pour que l'infection ait eu lieu, ils détachèrent les enveloppes vides des phages des cellules bactériennes par agitation mécanique. Par centrifugation, ils séparèrent les cellules bactériennes des enveloppes vides et mesurèrent la radioactivité des deux fractions obtenues. En utilisant les phages marqués au P32, la majeure partie de la radioactivité aboutissait dans les cellules bactériennes, indiquant que l'ADN de phage entre dans les cellules. Au contraire, le S35 est retrouvé dans les enveloppes montrant que les protéines du phage n'avaient pas pénétré dans la cellule bactérienne. Conclusion: l'ADN est le matériel héréditaire tandis que les protéines de phages ne sont qu'un emballage qui est écarté une fois que l'ADN a été injecté dans la cellule bactérienne ;
bulleten 1980, le biochimiste britannique Frederick Sanger reçut le prix Nobel pour avoir réussi à séquencer l'ADN en utilisant un phage. Le premier organisme biologique dont le génome a été séquencé est un phage (utilisé parce que son matériel génétique est encapsidé sous forme d'ADN simple brin). Le protocole de la méthode de séquençage est le suivant : incubation de l'ADN à séquencer avec une amorce, le fragment de Klenow (ADN pol I dépourvue d'activité exonucléasique 5'→3'), les 4 désoxyribonucléotides (dNTP) et didésoxyribonucléotide (ddNTP) en faible concentration. Le ddNTP induit l'arrêt de l'élongation: tous les fragments obtenus se termineront par ce nucléotide. Puisqu'il est utilisé en faible concentration, on va obtenir des fragments de tailles différentes. On refait l'expérience avec les 4 ddNTP. Les fragments sont séparés par électrophorèse sur gel de polyacrylamide. Un nucléotide radioactif est incorporé afin de permettre la visualisation des fragments par autoradiographie sur film ;
bulletles premières expériences suggérant un ARN intermédiaire dans la synthèse protéique. Il s'agit de l'expérience de E. Volkin et L. Astrachan en 1957. Il s'agit d'une expérience de pulse chase dans laquelle l'ARNm est marqué de façon spécifique avec de l'uracile radioactif. L'infection par un bactériophage T2 induit une augmentation de la quantité d'ARNm dans la cellule hôte et cet ARNm a un temps de vie très court (car il est très vite dégradé après le marquage). Conclusion: l'ARN joue un rôle intermédiaire entre l'ADN et les protéines ;
bulletla découverte des enzymes de restriction en 1962 par W. Arber. Protocole de l'expérience : 2 souches bactériennes A et B sont infectées chacune par un phage X puis le lysat de phage est récupéré pour effectuer une nouvelle infection dans les deux souches bactériennes utilisées précédemment. Observation : le lysat de phage X produit sur A peut infecter les 2 souches bactériennes alors que le lysat de phage X issu de B ne peut pas infecter la souche A. Interprétation et conclusion : les phages ont acquis une spécificité d'hôte qui dépend de la souche dans laquelle ils se sont développés et non de leur génotype. Cette restriction d'hôte est due à la méthylation de l'ADN par des enzymes spécifiques permettant de protéger l'ADN viral de la dégradation par des nucléases de la bactérie. Ces nucléases sont des enzymes de restriction qui ne reconnaissent que la forme non méthylée de leur site de coupure. Si l'enzyme nécessaire à cette méthylation n'est présente que dans la souche A, seuls les phages X-A seront méthylés et non dégradés par les nucléases. Ce mécanisme permet à la bactérie de différencier son propre ADN de l'ADN étranger ;
bulletla recherche en génétique sur la structure des génomes par Benzer. Celui-ci a déterminé la structure fine des gènes grâce à l'étude de recombinaisons entre mutants de bactériophage T4. Les bactériophages présentent deux avantages énormes : la fréquence de recombinaison est élevée, la descendance est quasi illimitée ce qui permettra d'avoir accès à des événements très rares.

L'étude des phages a des implications importantes en médecine et en génétique, en particulier pour la compréhension des infections virales, des anomalies génétiques, de l'embryologie humaine, des causes du cancer et de la résistance des bactéries aux antibiotiques.

Génie génétique[modifier | modifier le code]

Les phages sont utilisés de multiples manières en biologie moléculaire. Ils sont utilisés comme vecteurs de clonage pour insérer de l'ADN dans les bactéries. La méthode du phage display est une méthode qui permet la sélection d'un peptide grâce à sa présentation sur la surface de phages. Le phage display est une technique permettant la construction de banques d'ADN ou d'ADN complémentaire. Les 2 principaux phages utilisés dans cette technique sont les phages M13 (phage filamenteux) et lambda qui infectent tous les deux E. Coli. Prenons l'exemple du phage M13 qui est un phage filamenteux capable d'infecter uniquement les bactéries gram (-) ayant incorporé le facteur F et dont l'infection conduit à la lysogénie. Sa capside contient, entre autres, les protéines P8 et P3 nécessaires pour la liaison du bactériophage à la bactérie via les pilus sexuels. Ces 2 protéines vont être utilisées pour présenter à la surface des phages des molécules d'intérêt (peptide, fragment d'anticorps ou protéine entière): la molécule d'intérêt est fusionnée avec les protéines P8 et P3, par l'insertion du gène codant la molécule d'intérêt à proximité de l'extrémité 5' des gènes P3 et P8 en respectant le cadre de lecture. On utilise l'une ou l'autre des protéines selon le type de molécule et la quantité de molécules à exposer à la surface du phage. On distingue les phages polyvalents/homogènes, où toutes les protéines P3 et P8 sont fusionnées, des phages monovalents/hétérogènes où seulement une partie des protéines le sont. La technique permet d'obtenir des banques d'ADN que l'on peut facilement conserver et les clones sélectionnés sont multipliés à faible coût. Cette technique va permettre de produire des anticorps sans devoir passer par l'immunisation d'un animal. Limite de la technique: certaines molécules ne peuvent pas être exprimées comme les molécules toxiques pour la cellule hôte. Il y a donc une capacité limitée à transformer E. Coli.

Séquençage de génomes[modifier | modifier le code]

Le séquençage d'un génome ne se fait pas d'un seul coup, mais petit à petit sur des fragments de génomes. Pour cela ces fragments d'ADN peuvent être stockés et multipliés dans des organismes servant de banque d'ADN. Les phages en tant que vecteurs de clonage le permettent.

Agent antibactérien[modifier | modifier le code]

Principalement utilisés dans l'agroalimentaire puis en médecine vétérinaire, les phages sont aussi étudiés en médecine comme alternative à la résistance aux antibiotiques2. En Hollande est également commercialisé un cocktail de phages pour lutter contre les contaminations de Listeria dans les produits alimentaires15.

Conservateur alimentaire[modifier | modifier le code]

En 2006, aux États-Unis, une préparation bactériophagique à base de six virus bactériophages a été autorisée comme conservateur alimentaire, notamment pour lutter contre la listériose16,2.

Médecine vétérinaire[modifier | modifier le code]

Plus de la moitié des antibiotiques produits sont utilisés dans les élevages17. Les préparations à base de phages offrent une intéressante alternative de contrôle et de prévention des infections. En Norvège, des essais cliniques sont menés en aquaculture18.

Médecine humaine[modifier | modifier le code]

Les phages lytiques peuvent être utilisés pour combattre des infection bactériennes, ces phagothérapies ont été imaginées et utilisées dès la découverte de ces virus. On parle alors de traitement bactériophagique. Ils ont été utilisés d'abord en France, en Allemagne, puis en Géorgie indépendante, en URSS, en Pologne, aux États-Unis, et finalement partout dans le monde19,20, avec ou sans adjonction de traitement antibiotique.

En France, leur utilisation et commercialisation disparaît au début des années 1980 (on les trouve dans le Vidal jusqu'en 1978 et on les utilise encore pendant des années dans certains centres hospitaliers comme à Montpellier8), leur efficacité n'étant pas remise en question mais leur utilisation étant moins pratique que celle des antibiotiques et demeurant assez empirique (pas d'évaluation de la spécificité des phages, pas de titration des solutions...)21. De la même façon Eli Lilly cesse la commercialisation des phagiques aux États-Unis avec le développement des antibiotiques22.

Par contre l'emploi des médicaments bactériophagiques s'est maintenu dans les pays du bloc soviétique et on les utilise toujours couramment en Géorgie et en Russie. Les médicaments bactériophagiques sont systématiquement employés en première approche en Russie pour traiter certaines infections telles que la shigellose23. La consommation en Russie s'élève à plus de 1 000 000 000 (un milliard) de boîtes de phagiques par an24.

La phagothérapie fait actuellement l'objet d'un regain d'intérêt car elle présente une solution pour traiter les infections par des souches bactériennes résistantes aux antibiotiques. Les bactériophages constituent une piste sérieuse dans la découverte de traitements durables contre les infections bactériennes19.

Plusieurs entreprises dans le monde travaillent au développement de solutions bactériophagiques selon des standards occidentaux. En France l'entreprise Pherecydes Pharma développe des « cocktails de phages » pour traiter/prévenir les infections de grandes plaies exposées (brûlure notamment) et les infections pulmonaires25.

La phagothérapie est désormais possible en France dans le cadre d'une Autorisation Temporaire d'Utilisation nominative, c'est-à-dire au cas par cas, et dans les limites prévues par l'ANSM26 :

bulletun pronostic vital engagé ou pronostic fonctionnel menacé ;
bulletl’impasse thérapeutique ;
bulletune infection mono-microbienne.

S'y ajoutent les restrictions suivantes :

bulletla nécessité d’un groupe de validation issu du Comité Scientifique Spécialisé Temporaire Phagothérapie de l'ANSM pour toute demande d’ATUn de bactériophages afin d’obtenir un avis collégial ;
bulletla nécessité de disposer des résultats d’un phagogramme avant la décision d’une mise sous traitement.

Devant les difficultés à se soigner avec les bactériophages dans le cadre légal, des organisations de patients se sont montées en France pour faciliter l'accès à la phagothérapie tant en France qu'à l'étranger27,6,28.

Associations[modifier | modifier le code]

Plusieurs associations françaises ont pour objet les bactériophages.

Recherche[modifier | modifier le code]

Phages.fr : Réseau scientifique français d'envergure nationale dont le but est de promouvoir, coordonner et intégrer les études des interactions bactériophages-bactéries à travers différentes disciplines scientifiques, tout en favorisant l’établissement de collaborations et synergies entre laboratoires29.

Utilisation thérapeutique[modifier | modifier le code]

AVIBEP : L'Association des Victimes de l’Interdiction des Bactériophagiques Etrangers et de leurs Proches, a pour but d’aider les malades à avoir accès aux phagiques français et étrangers afin que plus un malade ne se voie condamné à mourir ou à être amputé sans avoir été traité auparavant par phagothérapie lorsque cela est possible, y compris avec des bactériophagiques étrangers si nécessaire. L'association demande que d'une part les médicaments agréés à l'étranger soient autorisés automatiquement en France dans le cadre de la réglementation compassionnelle existante, et que d'autre part soit de nouveau mis en place un centre de fabrication de bactériophages à la demande, analogue à ce qu'ont fait les Instituts Pasteur de Paris, Lyon et Strasbourg durant une cinquantaine d'années pour les médecins de ville et les hôpitaux. Elle s'appuie sur l'Etude Burden BMR30 pour affirmer que chaque année environ 10 000 vies sont perdues qui pourraient être sauvées par les bactériophagiques étrangers6.

Le Lien : Association de défense des patients et des usagers de la santé. Son cœur de mission est de défendre les victimes d’infections nosocomiales et d'accidents médicaux, qu’il s’agisse d’erreurs, de fautes ou d’aléas. Elle milite pour la réintroduction des bactériophagiques en France31.

Phag Espoirs : Vise à promouvoir d’une part la recherche et l’utilisation des bactériophages dans le domaine diagnostique et thérapeutique, et d’autre part à soutenir les patients désirant en savoir plus sur les bactériophages. L'association est principalement composée de médecins32.

Phages sans frontières : Récolte de fonds et conseils pour aider les patients à aller se faire soigner en Géorgie28.

PHELIX France : en lien avec l'Université de Leicester au Royaume Uni, porte un projet de détection des infections chroniques par Borrelia (maladie de Lyme) en utilisant des virus bactériophages33,34.

Avec l’émergence de «superbactéries» résistant à tous les traitements, une approche thérapeutique revient au goût du jour. En Suisse, l’Université de Lausanne et le CHUV y travaillent.

De quoi on parle

Depuis 2015, on assiste en Suisse et dans d’autres pays à l’apparition de bactéries pathogènes résistant à tous les antibiotiques disponibles. «Si l’on n’agit pas en urgence, c’est la fin des antibiotiques», selon Thomas Frieden, directeur du CDC (Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies). Pour sortir de cette impasse, les médecins comptent désormais sur les bactériophages, des virus qui tuent naturellement les bactéries et sont inoffensifs pour l’être humain.

Microbe contre microbe: pour lutter contre les bactéries infectieuses, les chercheurs et les médecins se tournent désormais vers… des virus. Plus précisément vers les bactériophages qui sont leurs prédateurs naturels. La situation devient en effet inquiétante. Les bactéries font de plus en plus fréquemment de la résistance aux antibiotiques, ces médicaments très efficaces mais trop –et mal– utilisés. Au point que depuis la fin de l’année dernière, des cas de micro-organismes pathogènes insensibles à tous les médicaments ont été repérés en Chine, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Mais aussi en Suisse. En février, d’après La Liberté, deux professeurs de l’Université de Fribourg ont isolé, chez un patient genevois, la première souche de colibacille au monde qui résiste à la colistine et aux carbapénèmes, des antibiotiques de la dernière chance. Le phénomène prend de l’ampleur et, en l’absence d’alternative à ces médicaments, l’économiste britannique Jim O’Neill prédit que ces microbes résistants pourraient provoquer dix millions de décès d’ici à 2050!

L’alternative existe cependant: elle réside dans l’emploi des bactériophages. Comme tous les virus, ceux-ci ont besoin de la machinerie d’une cellule hôte pour se multiplier. Leurs cibles sont des bactéries qu’ils détruisent une fois leur réplication terminée. Chaque phage ne s’attaque d’ailleurs qu’à une bactérie particulière et même à un nombre limité de souches d’une espèce donnée.

infog bactériophages

Faciles à trouver et à cultiver

Ces virus ont de nombreux avantages. Ils sont présents «partout où il y a des bactéries», souligne Grégory Resch, maître-assistant suppléant au département de microbiologie fondamentale de l’Université de Lausanne (UNIL). Notamment dans les sols et l’eau. Le chercheur et ses collègues isolent d’ailleurs leurs bactériophages «à partir d’échantillons d’eaux usées que nous récupérons notamment à la station d’épuration de Vidy». En outre, ces micro-organismes sont relativement faciles à cultiver et peuvent être conservés plusieurs années à 4 degrés. Surtout, ils sont inoffensifs pour l’être humain et ils ne s’attaquent pas aux bactéries de l’intestin.

Les phages ont déjà été utilisés en médecine humaine au début du XXe siècle (lire encadré). Mais, avec l’arrivée des antibiotiques, beaucoup plus faciles à utiliser, ils sont tombés en désuétude. Actuellement, seuls quelques pays d’Europe de l’Est en font encore grand usage. Notamment la Russie, la Géorgie, ainsi que la Pologne, où les médecins «parviennent à guérir de 30 à 50% de leurs patients atteints d’infections pulmonaires ou urinaires dues à des bactéries multirésistantes», souligne Grégory Resch.

En pointe dans le domaine, la Suisse compte jouer un rôle important

Les bactériophages ont désormais le vent en poupe, mais leur utilisation dans le traitement des infections nécessite encore de nombreuses recherches. Dans ce domaine, l’UNIL et le CHUV, qui se sont lancés dans l’aventure il y a cinq ans, comptent jouer un rôle important. SwissPhage devrait y contribuer.

«Ce projet est encore en construction», précise Philippe Moreillon, président de son comité de pilotage et vice-recteur de l’UNIL. Il vise à doter l’hôpital vaudois d’un «centre de production de phages, respectant les règles en vigueur de «bonnes pratiques de fabrication» qui sera à la disposition d’autres hôpitaux». Il est aussi prévu d’établir une plate-forme de diagnostic, «qui recevra les échantillons en provenance des patients et qui pourra identifier les bactéries qui les infectent, afin de déterminer quels phages doivent être utilisés pour les traiter». Un troisième volet concernera les recherches cliniques, qui porteront notamment sur les éventuels effets secondaires des thérapies.

Les procédures mises en place pour cultiver les phages sont en cours de négociation avec Swissmedic. Philippe Moreillon estime qu’en dehors de l’étude Phagoburn, «un premier patient pourrait bénéficier de la phagothérapie d’ici à environ deux ans».

Une seule injection pourrait suffire

L’émergence de bactéries résistant aux antibiotiques les remet donc au-devant de la scène. Toutefois, pour que les bactériophages puissent recevoir une autorisation de mise sur le marché, il faut que leur fabrication réponde aux critères très stricts de «bonne pratique de fabrication» et de «bonne pratique des essais cliniques». Les chercheurs ont donc remis l’ouvrage sur le métier. C’est le cas de l’équipe de l’UNIL, qui travaille depuis plusieurs années sur le sujet. Elle a notamment montré que, chez un animal modèle ayant une endocardite (infection au niveau des valves cardiaques), «les phages, injectés seuls, sont aussi efficaces que les antibiotiques et, quand ils sont associés à ces médicaments, ils ont une efficacité décuplée», précise Grégory Resch. C’est d’autant plus intéressant, sachant que les antibiotiques s’éliminent de l’organisme et nécessitent un traitement de plusieurs jours, alors que «les phages se multiplient dans les bactéries avant de les détruire. On peut rêver: une seule injection pourrait suffire pour traiter la maladie», selon Philippe Moreillon, vice-recteur de l’UNIL et président du comité de pilotage du projet SwissPhage (lire encadré).

Le premier essai clinique européen de phagothérapie, Phagoburn, a démarré en juillet dernier, en France, en Belgique et en Suisse. Il vise à tester la phagothérapie sur des grands brûlés (particulièrement sensibles aux infections) infectés par le Pseudomonas aeruginosa ou l’Escherichia coli. Le CHUV est partie prenante à ce programme mais, faute de patients infectés par ces bactéries, il n’a pas encore pu démarrer les essais. «L’hôpital est trop propre, dit en riant Philippe Moreillon, ce qui est une très bonne nouvelle pour les patients.»  D’autres essais sur l’être humain sont programmés et maintenant, de nombreux pays –dont la Suisse- ont inscrit la lutte contre l’antibiorésistance parmi les priorités de leur politique sanitaire. De quoi accélérer le développement de la phagothérapie.

La première observation a été faite en Inde

La capacité de tuer les bactéries des bactériophages a été observée pour la première fois dans les années 1890 par le bactériologiste britannique Ernest Hankin. Travaillant en Inde, il a été surpris de ne trouver que très peu de vibrions du choléra dans les eaux du Gange. Il en a conclu que le fleuve renfermait des «particules» –il ne savait pas qu’il s’agissait de virus– ayant un pouvoir antibactérien. En 1917, le Franco-Canadien Felix d’Hérelle a isolé ces «particules», qu’il a nommées bactériophages, dans les selles de patients infectés. «Il a constaté qu’en introduisant de grandes quantités de phages dans les puits de villages en Inde, on pouvait éradiquer une épidémie de choléra en deux jours au lieu de sept», explique Grégory Resch, microbiologiste à l’UNIL. Il a donc proposé d’utiliser ces phages en médecine humaine, ce qui a été fait jusqu’à l’arrivée, dix ans plus tard, des premiers antibiotiques.

 

 

 

intérêt de bactériophages dans le traitement des infections à staphylocoques multirésistants

Bonjour, c’est Bing. Vous vous intéressez aux bactériophages dans le traitement des infections à staphylocoques multirésistants. Voici ce que j’ai trouvé sur le web :

bulletLes bactériophages sont des virus qui infectent spécifiquement les bactéries. Ils sont considérés comme une stratégie thérapeutique prometteuse pour lutter contre les bactéries résistantes aux antibiotiques et/ou formant du biofilm, comme les staphylocoques1Ces derniers sont fréquemment responsables d’infections ostéo-articulaires (IOA) chroniques et/ou récidivantes, qui nécessitent souvent un drainage chirurgical et une antibiothérapie prolongée2.
bullet Le recours à la phagothérapie dans ces indications à titre compassionnel se développe au niveau international et en France, notamment aux Hospices Civils de Lyon depuis 20173Dans ce contexte, le consortium PHAGEinLYON a pour objectif de développer une production de phages thérapeutiques en accord avec la volonté de l’ANSM d’encourager le développement d’une plateforme académique nationale de phagothérapie3Ce projet implique tout d’abord la constitution d’une banque de bactériophages à large spectre, capables de lyser les souches de staphylocoques les plus fréquentes et les plus résistantes3.
bullet Les bactériophages ont l’avantage de cibler spécifiquement les bactéries pathogènes, sans affecter la flore commensale ni induire de résistance croisée avec les antibiotiques1Ils peuvent également pénétrer dans les biofilms et les dégrader, ce qui augmente l’efficacité du traitement1Toutefois, la phagothérapie présente aussi des limites et des défis, tels que la nécessité d’une caractérisation génétique et fonctionnelle des phages, la variabilité de leur spectre d’activité, le risque d’immunité de l’hôte ou de la bactérie, ou encore le manque de données cliniques robustes12.

J’espère que ces informations vous ont été utiles. Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à me les poser. 😊

 

 

 

BING IOA-10 caractérisation de dix-sept bactériophages anti-Staphylococcus Camille Kolenda1,2,3,4, Mathieu Medina1,3, Leslie Blazere1,3 , Tiphaine Legendre1,3 , Mélanie Bonhomme1,3, Tiphaine Roussel-Gaillard1,4 , Patricia Simoes-Martins 1,2,3 , Anne Tristan1,2,3, Tristan Ferry3,4,5 , Frédéric Laurent 1,2,3,4 , consortium PHAGEinLyon

 

1. Institut des Agents Infectieux, Hospices Civils de Lyon (HCL).

2. CNR des Staphylocoques, HCL,

3. Centre International de Recherche en Infectiologie, Equipe Pathogénie des Staphylocoques, Lyon.

4. CRIOAc Lyon, HCL. 5. Service de Maladies Infectieuses, HCL

 

Introduction
Matériel et méthodes
Résultats
Contact Conclusion – Perspectives du projet PHAGEinLYON
Dr. Camille Kolenda
Institut des Agents Infectieux, Hôpital
de la Croix Rousse, HCL
04.72.00.37.80
[email protected]
Remerciements à la fondation HCL
Les bactériophages, virus spécifiques des bactéries, constituent une stratégie thérapeutique prometteuse pour lutter contre les bactéries résistantes aux antibiotiques et/ou formant du biofilm, comme les staphylocoques.

Ces derniers sont fréquemment responsables d'infections ostéo-articulaires (IOA) chroniques et/ou recidivantes.

Le recours à la phagothérapie dans ces indications à titre compassionnel se développe au niveau international et en France, notamment aux Hospices Civils de Lyon depuis 2017 (poster JNI T. Ferry INFBACT01).


Dans ce contexte, le consortium PHAGEinLYON a pour objectif de développer une production de phages thérapeutiques en accord avec la volonté de l’ANSM d’encourager le développement d’une plateforme académique nationale de phagothérapie.

Ce projet implique tout d’abord la constitution d’une banque de bactériophages à large spectre. Nous rapportons la caractérisation de 17 nouveaux phages lytiques
anti-Staphylococcus et l'évaluation de leur potentiel thérapeutique contre une collection de souches cliniques de S. aureus et de staphylocoques à coagulase négative (SCN).

 

Matériel et méthodes

 

Dix-sept bactériophages ont été isolés à partir d'échantillons d'eaux usées.

Leur identification a été obtenue par séquençage complet de leur génome par la technique Illumina.

Pour l’évaluation de leur spectre d'activité, nous avons utilisé :

• La technique du spot test assay avec détermination du ratio Efficiency Of Plating∶ Dil° 10-1 10-2 10 -3 10 -4 10 -5 10 -6

EOP = A=titre phages sur souche test B=titre phages sur souche réf A B • Une collection de 30 souches de S. aureus génétiquement caractérisées et représentatives des principaux fonds génétiques et 33 souches de 7 espèces de staphylocoques coagulase négative responsables d’IOA

 

 

Tous les phages isolés appartiennent à la famille des Myoviridae : 14/17 et 3/17 aux genres Kayvirus et Silviavirus respectivement.
Nous rapportons la caractérisation d’une large collection de nouveaux phages appartenant à deux genres différents présentant des spectres d’activité complémentaires contre une collection de souches de S. aureus et de
staphylocoques à coagulase négative. Les travaux ultérieurs se concentrent actuellement i) sur l'isolement de phages anti-S. epidermidis, espèce peu sensible aux phages décrits alors qu'elle constitue un pathogène majeur dans le contexte des IOA, ii) au développement des protocoles de production et purification de ces phages afin de
répondre aux exigences de l’ANSM dans le cadre d’une future administration chez l’homme.


Dix-sept bactériophages ont été isolés à partir d'échantillons d'eaux usées. Leur identification a été obtenue par séquençage complet de leur génome par la technique Illumina. Pour l’évaluation de leur spectre d'activité, nous avons utilisé :
• La technique du spot test assay avec détermination du ratio Efficiency Of Plating∶
Dil° 10-1 10-2 10
-3 10
-4 10
-5 10
-6
EOP =
A=titre phages sur souche test
B=titre phages sur souche réf A
B
• Une collection de 30 souches de S. aureus génétiquement caractérisées et représentatives des principaux fonds génétiques et 33 souches
de 7 espèces de staphylocoques coagulase négative responsables d’IOA.
L’efficacité du phage est maximale si EOP≈1.
Le cut off EOP≥0.001 a été utilisé pour considerer un phage efficace.
Staphylococcus aureus
• Les phages Silviavirus sont plus efficaces que les Kayvirus: le phage V1SA20
a le spectre d’activité le plus large (EOP≥0,001 pour 90% des souches)
• Les phages sont significativement plus efficaces contre les souches de
MSSA que MRSA (p<0,001, Mann-Whitney test).
• 77% des souches étaient sensibles au phage présentant le spectre le plus
large de chacun des genres, leur combinaison représentant une
opportunité prometteuse pour prévenir l’émergence de résistance