Les bactériophages (également appelés phages) sont des prédateurs
bactériens naturels omniprésents qui infectent et tuent spécifiquement les
cellules bactériennes au cours de leur cycle de vie. Peu de temps après leur
découverte au
début du 20e siècle,
les phages ont été utilisés avec succès pour le traitement des infections
bactériennes. La phagothérapie était le seul traitement spécifique ciblant les
bactéries à
l’ère pré-antibiotique.
Le développement et le succès retentissant des antibiotiques au milieu du siècle
ont assombri l’utilisation de la phagothérapie dans le monde occidental, tandis
que les pays d’Europe de l’Est, tels que la Géorgie, la Russie et la Pologne,
ont continué à produire et à utiliser des préparations à base de phages.
En raison de la propagation mondiale des bactéries résistantes
aux antibiotiques, la phagothérapie fait maintenant l’objet d’un intérêt élevé
et renouvelé dans le monde occidental, et des programmes de recherche ont été
spécifiquement financés pour réintroduire cette approche pour lutter contre les
infections bactériennes multirésistantes.
Le 7e programme-cadre de recherche et de développement de la
Commission européenne a récemment financé PHAGOBURN, le premier essai clinique
contrôlé randomisé multicentrique sur la phagothérapie à l’ère moderne. Ce
projet d’une durée de 27 mois, lancé le 1er juin 2013, permettra d’évaluer
l’efficacité et l’innocuité des cocktails de phages pour traiter les infections
des brûlures causées par Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa. Le Centre
hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et le Département de microbiologie
fondamentale (DMF) de l’Université de Lausanne (UNIL), ainsi que cinq autres
partenaires français et belges, participent activement à cet essai prometteur.
Dans ce contexte et à travers PhageBack, nous échangerons avec le
public sur les phages et leurs applications en thérapeutique humaine. À cette
fin, des ateliers, des expositions et un site web dédié seront développés. Ce
projet AGORA financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique
(FNRS) vise à stimuler l’acceptation générale de la phagothérapie et à
contribuer à sa relance.
Même les bactéries peuvent contracter un virus ! Les virus qui infectent
les bactéries sont appelés bactériophages et
certains d'entre eux ont été étudiés en détail en laboratoire. Les
bactériophages comptent donc parmi les virus que l'on connait le
mieux.
Dans cet article, on va examiner deux cycles différents que les
bactériophages peuvent adopter pour infecter leurs hôtes bactériens :
Le cycle
lytique : le phage infecte une bactérie, détourne sa
machinerie afin de produire beaucoup de phages, puis
tue la cellule en la faisant exploser (lyse).
Le cycle
lysogénique : le phage infecte une bactérie et insère son
ADN dans le chromosome bactérien, ce qui permet à l'ADN du
phage (désormais appelé prophage)
d'être copié et transmis en même temps que l'ADN de la cellule.
Examinons de plus près chacun de ces cycles.
Un bactériophage est un virus qui infecte les bactéries
Un bactériophage,
ou phage en
forme abrégée, est un virus qui infecte les bactéries. Comme les autres
types de virus, les bactériophages varient considérablement en forme et
au niveau de leur matériel génétique.
Le génome des phages peut être constitué d'ADN ou d'ARN, et
contient entre quatre et plusieurs centaines de gènes\[^{1,2,3}\].
La capside d'un bactériophage peut adopter une forme icosaédrique,
filamenteuse ou mixte. Cette structure mixte semble être une
caractéristique réservée aux phages et à leurs
cousins (elle n'a pas été rencontrée chez les virus eucaryotes)\[^{4,5}\].
Infections par des bactériophages
Tout comme les autres virus, les bactériophages doivent infecter une cellule
hôte pour pouvoir se reproduire. Les différentes étapes du processus
d'infection constituent le cycle
de vie du phage.
Certains phages ne peuvent se reproduire que par le biais d'un cycle de vie
lytique, où ils font éclater et tuent la cellule hôte.
D'autres phages peuvent alterner entre les cycles de vie
lytique et lysogénique. Lors du cycle lysogénique, ils ne tuent
pas la cellule hôte (et sont plutôt copiés conjointement avec l'ADN
de l'hôte à chaque division cellulaire).
On va examiner ces deux cycles. On va prendre l'exemple d'un phage qu'on
appellera lambda (\[\lambda\]),
qui infecte les bactéries E.
coliet qui peut basculer entre les cycles lytique et
lysogénique.
Cycle lytique
Lors d'un cycle
lytique, le phage agit comme un virus classique : il s'empare de la
cellule hôte et utilise ses ressources pour produire beaucoup de nouveaux
phages, ce qui entraîne la lyse (éclatement)
et donc la mort de la cellule.
Les étapes du cycle lytique comprennent :
L'attachement :
les protéines de la "queue" du phage se lient à un récepteur spécifique
(dans ce cas-ci, un transporteur de sucre) situé à la surface de la
bactérie.
L'entrée :
le phage injecte son génome d'ADN double-brin dans le cytoplasme de
la bactérie.
La réplication
de l'ADN et synthèse de protéines : l'ADN du phage est
copié, et les gènes de phage sont exprimés pour fabriquer des protéines,
telles que les protéines de capside.
L'assemblage
du nouveau phage : les capsides s'assemblent à partir des
protéines capsides et sont remplies d'ADN pour générer beaucoup de
nouvelles particules virales.
La lyse :
plus tard dans le cycle lytique, le phage exprime les gènes codant
les protéines qui créent des trous dans la membrane
plasmique et dans la paroi cellulaire. Ces trous permettent l'entréed'eau, qui fait gonfler et éclater la cellule
comme un ballon surchargé d’eau.
L'éclatement ou lyse de
la cellule libère des centaines de nouveaux phages, qui peuvent ensuite
trouver et infecter d'autres cellules hôtes à proximité. Ainsi, quelques
cycles lytiques d'infection suffisent au phage pour se propager, tel un feu
de forêt, au sein de la population bactérienne.
Cycle lysogénique
Le cycle
lysogénique permet à un phage de se reproduiresanstuer son hôte. Certains phages ne peuvent avoir recours qu'au cycle
lytique, mais le phage lambda (\[\lambda\]),
lui, peut alterner entre les deux cycles.
Dans le cycle lysogénique, les deux premières étapes (attachement et
injection d'ADN) se produisent de la même façon que pour le cycle lytique.
Cependant, une fois à l'intérieur de la cellule, l'ADN du phage n'est pas
immédiatement copié ou exprimé pour fabriquer des protéines. Au contraire,
l'ADNviral se recombine avec une région
particulière du chromosome bactérien et s'y intègre.
L'ADN intégré du phage, appelé prophage,
n'est pas actif : ses gènes ne sont pas exprimés, et
il n'induit pas la production de nouveaux phages.
Cependant, à chaque division de la cellule hôte, le prophage est
copié avec l'ADN de l'hôte et se propage ainsi. Le cycle
lysogénique est moins voyant (et moins sanglant) que le cycle
lytique, mais en fin de compte, c'est juste un autre moyen pour
que le phage de se reproduire.
Dans les bonnes conditions, le prophage peut devenir actif
et sortir du chromosome bactérien, ce qui déclenche les étapes
suivantes du cycle lytique (copie de l'ADN et synthèse de
protéines, assemblage des phages et lyse).
Lyser ou ne pas lyser ?
Comment un phage peut-il "décider" d'entrer dans un cycle
lytique ou lysogénique lorsqu'il infecte une bactérie ? L'un
des principaux facteurs est le nombre de phages qui infectent
simultanément la cellule\[^9\].
Lorsqu'un grand nombre de phages co-infectent une cellule,
cela augmente la probabilité que le cycle infectieux soit
lysogénique. Cette stratégie permet d'éviter que les
phages n'éliminent tous leurs hôtes bactériens (en
modérant l'attaque quand le ratio phage/hôte devient trop
élevé)\[^{10}\].
Qu'est-ce qui déclenche l'excision du prophage à partir du
chromosome bactérien et son entrée dans le cycle lytique ? En
laboratoire, du moins, les agents capables d'induire des
dommages de l’ADN (comme les rayons ultraviolets et les
produits chimiques) provoquent la réactivation de la plupart
des prophages au sein d'une population. Toutefois, une
petite fraction des prophages devient spontanément "lytique",
même en l'absence de ces stimuli externes\[^{7,11}\].
Bactériophage versus antibiotiques
Avant la découverte des antibiotiques, des recherches
considérables ont été menées sur les bactériophages en
tant que traitement des maladies bactériennes humaines. Les
bactériophages n'attaquant que leurs bactéries hôtes, et
non les cellules humaines, ils
constituent de bons candidats potentiels pour traiter les
maladies bactériennes chez l'homme.
Après la découverte des antibiotiques, la phagothérapie a été
largement abandonnée dans de nombreuses parties du monde (en
particulier dans les pays anglophones). Cependant, les phages
ont continué à être utilisés à des fins médicales dans
plusieurs pays, y compris en Russie, en Géorgie
et en Pologne, où ils servent encore aujourd'hui\[^{12,13}\].
Il y a un intérêt croissant à reprendre "la phagothérapie"
dans les autres pays, car les bactéries résistantes aux
antibiotiques sont de plus en plus problématiques. Des
recherches sont encore nécessaires pour déterminer si les
phages sont sûrs et efficaces, mais qui sait ? Un jour,
votre médecin pourrait vous prescrire des phages à la place de
la pénicilline !
Face à l’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques,
il est nécessaire de développer des alternatives thérapeutiques.
Il se trouve que certains virus sont capables de lutter
efficacement contre les bactéries.
A l’origine de pathologies
humaines dévastatrices, les virus ont
plutôt mauvaise presse auprès du public. Tu as
certainement déjà entendu parler du VIH (Virus de
l’Immunodéficience Humaine) l’agent infectieux
responsable du SIDA (Syndrome d'Immunodéficience
Acquise). Ce virus a tué 1.2 millions de personnes
dans le monde rien qu’en 2014 (ce qui représente
environ un sixième de la population Suisse). La récente
épidémie d’Ebola a fait plus de 10’000 victimes depuis
2014. Et plus commun mais pas banal pour autant, le
virus de la grippe saisonnière fait chaque année
entre 250’000 et 500’000 victimes dans le monde.
Des virus ennemis des bactéries
Les différentes parties d'un bactériophage.
(Illustration: skypicsstudio/CanStockPhotos,
adaptée en français par la rédaction)
Ces
chiffres sont considérables mais il faut garder en tête
que les virus pathogènes pour l’homme ne comptent que
pour une partie infime de la totalité des virus
présents sur notre planète. Sais-tu que les virus sont
les entités biologiques les plus abondantes sur Terre?
Dans
chaque millilitre d’eau de mer on en retrouve plusieurs
millions! Les virus sont aussi extrêmement diversifiés:
leur génome peut
être constitué d’ADN ou d’ARN, ils peuvent
adopter des formes géométriques très variées et certains
d’entre eux sont capables d’infecter les animaux,
alors que d’autres infectent les plantes, les
champignons et lesbactéries.
Et oui,
même les bactéries. Ces virus naturellement
programmés pour infecter les bactéries sont appelés bactériophages,
ce qui signifie littéralement «mangeurs de bactéries».
Bon, ils ne les mangent pas vraiment. En réalité, les
bactériophages sont capables de s’attacher
spécifiquement aux bactéries grâce à des récepteurs présents
à la surface de ces dernières.Les bactériophages
injectent leur matériel génétique dans les bactéries et
utilisent la machinerie cellulaire bactérienne pour se
multiplier massivement. Cela aboutit, pour les phages à
infection lytique, à lalyse des
cellules bactériennes et à la libération de nouveaux
phages. Un procédé intéressant qu’il est possible
d’exploiter pour lutter contre certaines pathologies
humaines!
Une alternative aux antibiotiques
A ce
stade de l’article, il se peut que tu te dises que pour
lutter contre les bactéries on a déjà les antibiotiques
et tu as parfaitement raison. Le hic c’est que,
depuis le milieu du XXe siècle,
l’utilisation intensive et parfois
abusive d’antibiotiques a favorisé les souches de
bactéries résistantes aux antibiotiques. C’est le cas
desPseudomonas
aeruginosa multi-résistantes qui posent de sérieux
problèmes en milieux hospitalier. Les antibiotiques
n’ont plus aucun effet sur ces souches de bactéries,
permettant à ces dernières de se multiplier au détriment
des patients. C’est là que peuvent intervenir les
virus tueurs de bactéries car la plupart des
bactériophages infectent spécifiquement une seule espèce
de bactérie. Des chercheurs sont parvenus à isoler
des bactériophages capables de détruire
spécifiquement des souches de Pseudomonas
aeruginosamulti-résistantes et
une étude a démontré un potentiel clinique certain pour
le traitement de patients souffrant d’otite.
Une ancienne thérapie qui a de l’avenir…
L’utilisation de bactériophages pour soigner des
maladies d’origine bactérienne, ou phagothérapie, ne
date pas d’hier, elle a été développée au
début du XXe siècle.
Mais après la seconde guerre mondiale, l’avènement des
antibiotiques a marqué la fin de l’utilisation de ce
mode thérapeutique dans les pays occidentaux. Il semble
toutefois que nous soyons entrés dans une
ère «post-antibiotique», ce
qui a donné un nouvel élan à la recherche sur les
bactériophages. Ils représentent une alternative
intéressante car en plus d’être très sélectifs (et donc
sans danger pour les gentilles bactéries qui constituent
laflore
microbienne de notre organisme) ils sont plus
respectueux de l’environnement que les antibiotiques
synthétiques. Et oui, ils sont bios!
…mais qui a ses limites
Maintenant, la phagothérapie peut te paraître un remède
parfait contre les bactéries, mais comme toute thérapie,
elle a aussi ses limites. Etant donné qu’un type de
bactériophage s’attaque de manière très spécifique à une
espèce ou à un groupe restreint de bactéries, il faut
savoir précisément à quelle sorte de bactérie on a
affaire pour que le traitement soit efficace. Par
ailleurs, certains bactériophages peuvent injecter, en
même temps que leur propre génome, des gènes de virulence aux
bactéries sans pour autant aboutir à la lyse des
cellules. Il faut donc s’assurer que ces phages ne se
retrouvent pas dans le traitement. Même des
bactériophages adaptés peuvent devenir inefficaces avec
le temps car les bactéries évoluent constamment. C’est
donc un «médicament» qui doit évoluer pour suivre sa
cible, un peu comme le vaccin contre la grippe qu’il
faut adapter au virus chaque année. Une autre limitation
de la phagothérapie est lesystème
immunitaire du patient qui va développer desanticorps contre
ce qu’il considère comme des corps étrangers. La
thérapie pourrait donc être efficace la première fois,
mais il est possible que les bactériophages soient
neutralisés par le système immunitaire ou que ce dernier
y réagisse de manière très forte lors d’une utilisation
ultérieure.
Malgré
tout, les virus peuvent être nos alliés, et l’évolution
des techniques, en virologie moléculaire notamment, a
rendu possible leur utilisation à des fins
thérapeutiques. Il est peu probable qu’à l’avenir les
traitements aux antibiotiques soient totalement
remplacés par la phagothérapie, mais les phages seront
certainement utilisés pour traiter certaines
pathologies.
Les bactériophages sont les virus les plus abondants sur la
planète. Leur nombre total est estimé à 1031.
Cela signifie qu’il y a un trillion (mille milliard!) de fois
plus de bactériophages que de grains de sable sur terre. Ces
virus sont présents dans tous les environnements où on
retrouve des bactéries. Les bactériophages jouent un rôle
important dans les processus environnementaux. Il est estimé
que leur activité détruit chaque jour entre 10-40 % de la
totalité des bactéries des océans. Ce recyclage bactérien
participe à la sédimentation des fonds marins et au cycle
du carbone. Les bactériophages sont aussi présents sur
les muqueuses (par ex. intestinales) des hommes et des animaux
et permettent de réguler la colonisation bactérienne de ces
surfaces.
Un bactériophage est
unphage viral,
unvirus qui
infecte spécifiquement lescellules
bactériennes, exclusivement les bactéries. Les bactériophages, ou phages,
sont les virus des bactéries. Les phages viraux constituent une variété particulière
de virus dont l'hôte exclusif
est unebactérie.
La
présence de récepteurs à
la surface de cette dernière détermine les possibilités d'association entre
phage et bactérie. Les phages sont très étudiés et utilisés enbiologie moléculaire.
Des
bactériophages : Les bactériophages
vus au microscope électronique
sont de forme simple avec unflagelle.
Généralités et explications
La
plupart des bactériophages (en particulier 96 % de ceux actuellement identifiés)
sont classés dans l'ordre des Caudovirales, qui sont des queues ADN,
ont des doubles
brins et sont également classés dans les familles des Siphoviridae,
Myoviridae et Podoviridae. Ces phages sont, d'une certaine façon,bactéricides.
Le phages viraux ne sont pas des virophages !
Ces
virus sont étudiés par les microbiologistes et
utilisés par lesbiologistes moléculaires.
En effet, les bactériophagessont porteurs d'ADN, matérielgénétique,
et capables d'intégrer à leur génome une
partie du génomebactérien.
Cette
propriété est très largement mise à profit dans l'étude de la régulation de
l'expression des gènes.
Un phage est constitué d'un acidenucléique (ARN ou
ADN) entouré d'unecoque protectrice.
Aprèsfixation du
phage sur uneprotéine spécifique
de la surface bactérienne, son génome est introduit à l'intérieur de la
bactérie où il gouverne la synthèse de nouveaux phages (de 100 à 10 000).
Certains phages pratiquent la lysogénie,
qui consiste à intégrer leur génome dans l'ADN de la bactérie qu'ils
infectent au lieu de la tuer brutalement en produisant une quantité énorme de
phages (croissance lytique).
Le passage de la croissance lysogène à la croissance lytique dépend de facteurs
environnementaux.
Un
bactériophage qualifie tout virus infectant les bactéries dans lesquelles il se
reproduit. L'ADN viral peut s'intégrer dans le chromosome de
la bactérie; il est alors appeléprovirus et
transforme la bactérie en bactérie lysogène. Les Bactériophages peuvent jouer un
rôle dans la transmission de gènes bactériens entre bactéries (transduction).
Par exemple, Bactériophage T4, Bactériophage DX 174.
Comme
les virus qui infectent les cellules eucaryotes,
les bactériophages sont constitués d'une protéine ou d'une coquille decapside à
l'intérieur de laquelle se trouve sonmatériel
génétique, qui peut être de l'ADN, de 5 000 à 500 000 paires de bases.
La taille des bactériophages est comprise entre 20 et 200 nm environ.
Les
bactériophages sont omniprésents et peuvent être trouvés dans divers types de
bactéries, à la fois dans le sol et dans la population demicro-organismes présents
dans lesintestins des
animaux.
L'un
des environnements les plus peuplés par les phages et d'autres virus est
l'eau demer,
où l'on estime qu'il peut y avoir environ
109 particules
virales par millilitre, avec 70 % des bactéries marines infectées par le
bactériophage.
Biologie
Les
bactériophages peuvent être divisés en virulents et tempérés en
fonction de leur cycle
de vie.
Les
bactériophages virulents produisent le cycle
lytique. Dans ce cycle, ils se lient à leur hôte bactérien, injectent leur
génome, se reproduisent grâce à la machinerie moléculaire de l'hôte et, enfin, lysent
la cellule hôte
tout en libérant saprogéniture.
Le
second type de phage, les tempérés, a un mode de vie différent et infecte
son hôte au début du cycle
lysogène, où le génome du phage reste dormant sous forme de prophage,
se réplique avec son hôte et Parfois, il explose dans un cycle lithique sous un déclencheur spécifique.
La
lysogénie et les prophages peuvent être bénéfiques pour les bactéries, car elles
peuvent coder pour des gènes de résistance auxantibiotiques ou
à d'autres facteurs devirulence.
Réplication
Les
bactériophages peuvent générer le cycle lytique ou le cycle lysogène, bien que
très peu d'entre eux soient capables de réaliser les deux. Si la lyse est
effectuée, la lysogénie ne peut pas être effectuée et vice versa. Au cours du
cycle lytique, lescellules
hôtes du bactériophage sont lysées (détruites) aprèsréplication et
encapsulation des particules virales, de sorte que les nouveaux virus sont
libres de subir une nouvelleinfection.
Au
contraire, dans le cycle lysogène, il n'y a pas de lyse immédiate de la cellule.
Le génome du bactériophage peut être intégré à l'ADN chromosomique de
la bactérie hôte, en se répliquant en même temps que la bactérie, ou
il peut rester stable sous la forme d'unplasmide,
répliquant indépendamment la réplication bactérienne. Dans tous les cas, le
génome du phage sera transmis à l'ensemble de la descendance de
la bactérie initialement infectée.
Le
bactériophage est donc dans un état de latence jusqu'à ce que les conditions
de l'environnement se
détériorent : diminution desnutriments,
augmentation des agents mutagènes,
etc. À ce moment, les bactériophages ou phages endogènes sont
activés et donnent lieu au cycle lytique qui se termine par la lyse cellulaire.
L'intégration du matériel génétique d'un bactériophage, dit tempéré,
dans celui d'une cellule est appelée la lysogénisation (une
lysogénie).
Transduction
Les
bactériophages, ou phages, sont les virus des bactéries. Ce sont des parasitesintracellulaires obligatoires
dont l'existence est fatalement liée au succès et à la survie des hôtes
qu'ils infectent et tuent.
Connus
pour être les entités biologiques les
plus abondantes sur laplanète,
les phages sont omniprésents dans presque toutes les communautés microbiennes,
dans lesquelles ils jouent un rôle central dans lamodération des populations bactériennes et la médiation du transfert
horizontal de gènes. Lorsque les phages se propagent, ils peuvent parfois
encapsider l'ADN bactérien hôte pour former des particules de transduction.
Les
particules de transduction ressemblent apparemment à des particules de phage matures,
sauf qu'elles éjectent de l'ADN bactérien au lieu d'un génome viral lorsqu'elles
infectent d'autres cellules. L'ADN peut alors se recombiner dans le chromosome
ou se répliquer sous forme de plasmide dans la nouvelle cellule hôte. Ce
processus de transfert d'ADN bactérien d'une bactérie à une autre est connu sous
le nom detransduction
génétique.
La
cargaison génétique transportée dans les particules de transduction peut avoir
des effets très profonds sur les receveurs bactériens. Par exemple, les gènes
qui codent pour la résistance aux antibiotiques ou les facteurs
de virulence peuvent conférer de nouvelles capacités et débloquer de
nouvellesniches écologiques,
ce qui peut accélérer l'émergence de nouvellessouches de
plus en plus virulentes et résistantes aux antibiotiques.
Bien
qu'il existe plusieurs mécanismes de transfert horizontal de gènes, la
transduction des phages est souvent considérée comme la principale voie par
laquelle les bactéries acquièrent les gènes qui permettent leur adaptation rapide
à l'évolution des
défis environnementaux.
Choix de bactériophages et préparation à des fins thérapeutiques
Les
bactériophages peuvent être isolés à des fins thérapeutiques de toute source
environnementale dans laquelle l'agent pathogène cible
est susceptible d'être contenu. Leseaux
usées constituent probablement la source de phages la plus riche.
Le
moyen le plus direct d'isoler un bactériophage consiste à stériliser unéchantillon environnemental
afin d'éliminer les micro-organismes indésirables, puis de l'inoculer dans une
boîte de culture. Après isolement, un bactériophage doit être caractérisé et
séquencé pour pouvoir être utilisé à des fins thérapeutiques.
Les
critères les plus importants pour la sélection d'un
bactériophage approprié sont la spécificité des phages, leur efficacité et la
prévention des effets indésirables. Pour cette raison, le bactériophage
sélectionné doit absorber efficacement et être lytique pour l'hôte bactérien
cible.
L'utilisation de phages
tempérés n'est pas appropriée pour les préparations thérapeutiques de
phages, car la lysogénie augmente la possibilité d'amplifier la virulence des
bactéries cibles ou d'induire une résistance aux phages.
Le
développement de la résistance aux bactériophages est une préoccupation majeure
de la thérapie par phages. De plus, la sensibilité aux phages peut varier selon
les souches de bactéries. Par conséquent, la modification de
la gamme d'hôtes d'une préparationthérapeutique de
phage pourrait avoir un impact important sur son succès.
Afin de
garantir la gamme d'hôtes souhaitable d'une formulation de phage, des mélanges
contenant deux bactériophages ou plus, appelés "cocktails de phages", ont été
développés.
Informations diverses
En
français, bactériophage est
unnom
masculin etadjectif.
Traduction en anglais 🇬🇧 : bacteriophage.
La microphagie est un mode phagique (régime alimentaire) avec une alimentation
à base de proies ou...
Revoir la définition
BACTERIOPHAGE ,
située dans la page
1 des mots en B du
lexique du dictionnaire.
Signification "bacteriophage"
publiée le 05/12/2007 (mise à jour le 01/09/2023).
Avec l’émergence de «superbactéries» résistant à tous les
traitements, une approche thérapeutique revient au goût du jour. En Suisse,
l’Université de Lausanne et le CHUV y travaillent.
De quoi on parle
Depuis 2015, on assiste en Suisse et dans d’autres pays à
l’apparition de bactéries pathogènes résistant à tous les antibiotiques
disponibles. «Si l’on n’agit pas en urgence, c’est la fin des
antibiotiques», selon Thomas Frieden, directeur du CDC (Centre américain
pour le contrôle et la prévention des maladies). Pour sortir de cette
impasse, les médecins comptent désormais sur les bactériophages, des virus
qui tuent naturellement les bactéries et sont inoffensifs pour l’être
humain.
Microbe contre microbe: pour lutter contre les
bactéries infectieuses, les chercheurs et les médecins se tournent désormais
vers… des virus. Plus précisément vers les bactériophages qui sont leurs
prédateurs naturels. La situation devient en effet inquiétante. Les
bactéries font de plus en plus fréquemment de la résistance aux
antibiotiques, ces médicaments très efficaces mais trop –et mal–
utilisés. Au point que depuis la fin de l’année dernière, des
cas de micro-organismes pathogènes insensibles à tous les médicaments ont
été repérés en Chine, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Mais
aussi en Suisse. En février, d’après La Liberté, deux professeurs de
l’Université de Fribourg ont isolé, chez un patient genevois, la première
souche de colibacille au monde qui résiste à la colistine et aux
carbapénèmes, des antibiotiques de la dernière chance. Le phénomène prend de
l’ampleur et, en l’absence d’alternative à ces médicaments, l’économiste
britannique Jim O’Neill prédit que ces microbes résistants pourraient
provoquer dix millions de décès d’ici à 2050!
L’alternative existe cependant: elle réside dans l’emploi des
bactériophages. Comme tous les virus, ceux-ci ont besoin de la machinerie
d’une cellule hôte pour se multiplier. Leurs cibles sont des bactéries
qu’ils détruisent une fois leur réplication terminée. Chaque phage ne
s’attaque d’ailleurs qu’à une bactérie particulière et même à un nombre
limité de souches d’une espèce donnée.
Faciles à trouver et à cultiver
Ces virus ont de nombreux avantages. Ils sont présents
«partout où il y a des bactéries», souligne Grégory Resch, maître-assistant
suppléant au département de microbiologie fondamentale de l’Université de
Lausanne (UNIL). Notamment dans les sols et l’eau. Le chercheur et ses
collègues isolent d’ailleurs leurs bactériophages «à partir d’échantillons
d’eaux usées que nous récupérons notamment à la station d’épuration de Vidy».
En outre, ces micro-organismes sont relativement faciles à cultiver et
peuvent être conservés plusieurs années à 4 degrés. Surtout, ils sont
inoffensifs pour l’être humain et ils ne s’attaquent pas aux bactéries de
l’intestin.
Les phages ont déjà été utilisés en médecine humaine au début du XXe siècle
(lire encadré). Mais, avec
l’arrivée des antibiotiques, beaucoup plus faciles à utiliser, ils sont
tombés en désuétude. Actuellement, seuls quelques pays d’Europe de l’Est en
font encore grand usage. Notamment la Russie, la Géorgie, ainsi que la
Pologne, où les médecins «parviennent à guérir de 30 à 50% de leurs patients
atteints d’infections pulmonaires ou urinaires dues à des bactéries
multirésistantes», souligne Grégory Resch.
En pointe dans le domaine, la Suisse compte jouer un rôle important
Les bactériophages ont désormais le vent en poupe, mais leur utilisation
dans le traitement des infections nécessite encore de nombreuses
recherches. Dans ce domaine, l’UNIL et le CHUV, qui se sont lancés dans
l’aventure il y a cinq ans, comptent jouer un rôle important. SwissPhage
devrait y contribuer.
«Ce projet est encore en construction», précise Philippe Moreillon,
président de son comité de pilotage et vice-recteur de l’UNIL. Il vise à
doter l’hôpital vaudois d’un «centre de production de phages, respectant
les règles en vigueur de «bonnes pratiques de fabrication» qui sera à la
disposition d’autres hôpitaux». Il est aussi prévu d’établir une
plate-forme de diagnostic, «qui recevra les échantillons en provenance des
patients et qui pourra identifier les bactéries qui les infectent, afin de
déterminer quels phages doivent être utilisés pour les traiter». Un
troisième volet concernera les recherches cliniques, qui porteront
notamment sur les éventuels effets secondaires des thérapies.
Les procédures mises en place pour cultiver les phages sont en cours de
négociation avec Swissmedic. Philippe Moreillon estime qu’en dehors de
l’étude Phagoburn, «un premier patient pourrait bénéficier de la
phagothérapie d’ici à environ deux ans».
Une seule injection pourrait suffire
L’émergence de bactéries résistant aux antibiotiques les remet donc
au-devant de la scène. Toutefois, pour que les bactériophages puissent
recevoir une autorisation de mise sur le marché, il faut que leur
fabrication réponde aux critères très stricts de «bonne pratique de
fabrication» et de «bonne pratique des essais cliniques». Les chercheurs ont
donc remis l’ouvrage sur le métier. C’est le cas de l’équipe de l’UNIL, qui
travaille depuis plusieurs années sur le sujet. Elle a notamment montré que,
chez un animal modèle ayant une endocardite (infection au niveau des valves
cardiaques), «les phages, injectés seuls, sont aussi efficaces que les
antibiotiques et, quand ils sont associés à ces médicaments, ils ont une
efficacité décuplée», précise Grégory Resch. C’est d’autant plus
intéressant, sachant que les antibiotiques s’éliminent de l’organisme et
nécessitent un traitement de plusieurs jours, alors que «les phages se
multiplient dans les bactéries avant de les détruire. On peut rêver: une
seule injection pourrait suffire pour traiter la maladie», selon Philippe
Moreillon, vice-recteur de l’UNIL et président du comité de pilotage du
projet SwissPhage (lire encadré).
Le premier essai clinique européen de phagothérapie, Phagoburn, a démarré en
juillet dernier, en France, en Belgique et en Suisse. Il vise à tester la
phagothérapie sur des grands brûlés (particulièrement sensibles aux
infections) infectés par le Pseudomonas aeruginosa ou l’Escherichia coli. Le
CHUV est partie prenante à ce programme mais, faute de patients infectés par
ces bactéries, il n’a pas encore pu démarrer les essais. «L’hôpital est trop
propre, dit en riant Philippe Moreillon, ce qui est une très bonne nouvelle
pour les patients.» D’autres essais sur l’être humain sont programmés et
maintenant, de nombreux pays –dont la Suisse- ont inscrit la lutte contre l’antibiorésistance
parmi les priorités de leur politique sanitaire. De quoi accélérer le
développement de la phagothérapie.
La première observation a été faite en Inde
La capacité de tuer les bactéries des bactériophages a été observée pour
la première fois dans les années 1890 par le bactériologiste britannique
Ernest Hankin. Travaillant en Inde, il a été surpris de ne trouver que
très peu de vibrions du choléra dans les eaux du Gange. Il en a conclu que
le fleuve renfermait des «particules» –il ne savait pas qu’il s’agissait
de virus– ayant un pouvoir antibactérien. En 1917, le Franco-Canadien
Felix d’Hérelle a isolé ces «particules», qu’il a nommées bactériophages,
dans les selles de patients infectés. «Il a constaté qu’en introduisant de
grandes quantités de phages dans les puits de villages en Inde, on pouvait
éradiquer une épidémie de choléra en deux jours au lieu de sept», explique
Grégory Resch, microbiologiste à l’UNIL. Il a donc proposé d’utiliser ces
phages en médecine humaine, ce qui a été fait jusqu’à l’arrivée, dix ans
plus tard, des premiers antibiotiques.
Plusieurs médecins prescrivent des antibiotiques pour guérir les infections.
Mais devraient-ils plutôt prescrire des virus?
Quand tu entends les mots virusetbactéries,
peut-être penses-tu au fait d’être malade et obligé de rester au lit. Mais
savais-tu que certains virus peuvent infecter une bactérie et la tuer? Ces
virus sont appelés bactériophages. Pour faire plus court, on les appelle
souvent phages.
Les bactériophages ont été découverts par deux scientifiques différents qui
travaillaient de manière indépendante l’un de l’autre. En 1915, Frederick
W. Twort a
découvert les bactériophages en Grande-Bretagne, alors qu’en 1917, le
CanadienFélix
d’Hérelle fait
la même découverte en France. Ces scientifiques ont aussi compris qu’il
était possible de traiter les infections bactériennes avec laphagothérapie,
c’est-à-dire la thérapie par les phages. Cependant, quand les
scientifiques ont découvert les antibiotiques en 1928,
la recherche sur la phagothérapie a ralenti, parce que les antibiotiques
étaient plus faciles à utiliser.
Mais est-ce que cela veut dire que les antibiotiques sont plus efficaces que
les phages? Cela dépend. Examinons ce débat plus en détail.
Schéma accompagné de légendes des composantes d’un bactériophage (Source : ttsz par
l’intermédiaire deiStockPhoto).
Comment fonctionnent les bactériophages?
Les bactériophages sont des particules microscopiques ayant une tête et une
queue. La tête contient l’acide
nucléique du virus. Certains phages ont une queue, alors que
d’autres ont des fibres caudales (de queue).
Les bactériophages se fixent sur les bactéries à l’aide de leur queue ou de
leurs fibres caudales (A). Ensuite, ils injectent leur acide nucléique à
l’intérieur de la cellule bactérienne (B). Le virus commence à se multiplier
(C et D). Finalement, le virus nouvellement produit fait éclater (tue) la
cellule bactérienne (E). Cela va relâcher le virus dans l’environnement de
son hôte.
En 1896, les scientifiques ont remarqué que l’eau du fleuve Gange et de la
rivière Yamuna, en Inde, pouvait tuer les bactéries qui causent le
choléra. Cependant, personne ne savait comment. Plus tard, les chercheurs
ont commencé à soupçonner que les deux cours d’eau contenaient des
bactériophages.
Le problème des superbactéries
Certaines bactéries, appelées superbactéries, sont résistantes aux
antibiotiques. Quand un patient est infecté par une superbactérie, il est
difficile de traiter l’infection avec des antibiotiques. Mais pour chaque
espèce bactérienne, il existe dans la nature un phage capable de la tuer.
Que
se passe-t-il quand les bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques?
Les compagnies pharmaceutiques doivent investir pour trouver d’autres façons
de tuer ces bactéries. Et cela coûte de l’argent! C’est moins cher et plus
facile de trouver un phage capable de tuer une espèce de bactéries.
Les
micro-organismes peuvent changer ou évoluer très
rapidement. Cela signifie que les bactéries sont capables d’évoluer pour se
protéger contre les attaques des antibiotiques et des phages. Par contre,
les virus aussi sont capables d’évoluer. Cela veut dire qu’ils peuvent
éventuellement produire plus de variétés de phages. Ils peuvent évoluer afin
de produire des phages capables de tuer même les superbactéries! Voilà un
autre avantage de la phagothérapie.
Pourquoi est-ce que mon médecin ne me traite pas avec des phages?
Es-tu déjà allé voir un médecin parce que tu avais une plaie infectée? Ou
parce que tu souffrais d’une infection grave, comme une pneumonie?
Ton médecin t’a probablement prescrit un antibiotique, pas un phage. Alors,
pour traiter les infections bactériennes, pourquoi est-ce qu’on n’utilise
pas les phages aussi couramment que les antibiotiques?
Il
existe plusieurs raisons. L’une des raisons principales est le fait que la
gamme d’hôtes est
étroite. Une gamme d’hôtes est le nombre d’espèces bactériennes qu’un phage
peut tuer. Habituellement, un bactériophage spécifique ne peut infecter et
tuer qu’une seule espèce spécifique de bactéries. Par exemple, la
Streptococcus pneumoniæ est une bactérie qui cause la pneumonie, alors que
la Campylobacter jejuni est une bactérie qui cause la grippe intestinale. Un
phage capable d’infecter et de tuer la Streptococcus pneumoniæ ne peut pas
infecter et tuer la Campylobacter jejuni.
Faits
saillants sur les phages
Les phages
n’endommagent aucune de tes cellules, sauf les cellules bactériennes
qu’ils sont censés tuer.
La
phagothérapie provoque moins d’effets secondaires que les antibiotiques.
De leur côté,
la plupart des antibiotiques ont une gamme d’hôtes beaucoup plus large.
Certains antibiotiques peuvent tuer en même temps une gamme étendue
d’espèces bactériennes.
Parfois, le système
immunitaire humain considère les phages comme des « étrangers »
etessaie
de les tuer. Pour empêcher cela, les médecins peuvent donner à leurs
patients de grandes quantités de particules de phages.
Prenons l’exemple de la pneumonie bactérienne. Elle peut être causée par
plusieurs espèces de
bactéries. Parmi elles, on retrouve la Streptococcus pneumoniæ et l’Hæmophilus
influenzæe. En règle générale, les deux infections peuvent être
traitées avec un antibiotique appelé amoxicilline.
Imaginons que ton médecin t’a diagnostiqué une pneumonie. Cependant, il
n’est pas certain de savoir quelle espèce de bactéries a causé ta maladie.
Il pourrait te donner de l’amoxicilline et tu commencerais probablement à te
sentir mieux.
Par
contre, imaginons que ton médecin veut utiliser la phagothérapie.
Premièrement, il faudrait qu’il demande des analyses de laboratoire pour
identifier quelle bactérie a causé ta pneumonie. Cela est nécessaire parce
qu’un phage capable de tuer la Streptococcus ne
tuera pas nécessairement l’Hæmophilus.
Alors, quand un médecin n’est pas certain de savoir quelles bactéries
causent une maladie, il va probablement prescrire des antibiotiques. Les
antibiotiques ont une gamme étendue d’hôtes. De plus, le traitement
antibiotique prend moins de temps que de faire des analyses de laboratoire
et de prescrire un phage. Mais lorsqu’il s’agit d’infections causées par des
superbactéries, les antibiotiques connus sont inefficaces. Dans ces cas-là,
la phagothérapie pourrait être une meilleure option.
Est-ce que quelqu’un utilise la phagothérapie?
La
phagothérapie n’a pas encore éliminé la nécessité des traitements
antibiotiques. Mais il existe plusieurs rapports qui démontrent que des
médecins ont réussi à traiter avec des phages des patients infectés par des
superbactéries. L’Eliava
Institute, en Géorgie, est un des premiers établissements à utiliser la
phagothérapie. Les scientifiques de cet institut ont réussi à traiter avec
succès, à l’aide de la phagothérapie, des patients qui avaient des ulcères
cutanés, ou dont les blessures par brûlure étaient infectées, ou qui
souffraient de la grippe intestinale, d’infections oculaires ou
respiratoires, ainsi que beaucoup d’autres problèmes de santé. Ces
infections ont tendance à être difficiles à traiter. Les médecins utilisent
souvent les bactériophages en combinaison avec des antibiotiques, parce
qu’une blessure peut contenir de multiples agents pathogènes. Il est
difficile de choisir rapidement un bactériophage pour chacun d’eux.
Alors, qui sait? Peut-être qu’un jour, si tu as une infection bactérienne et
que tu vas chez ton médecin, au lieu d’acheter une bouteille
d’antibiotiques, tu pourrais recevoir un flacon contenant un phage!
Comme ne cesse de le rappeler l’Organisation mondiale de la
santé, la résistance aux antibiotiques est une menace croissante, et désormais
alarmante, pour la santé mondiale. Le recours aux bactériophages par la
phagothérapie revient sur le devant de la scène comme une des voies les plus
avérées, prometteuses et durables pour l’avenir.
Toute personne, à n’importe quel âge et dans n’importe quel pays,
peut aujourd’hui être exposée au risque d’un traitement traditionnel inefficace
contre une infection bactérienne, même banale. Un phénomène qui s’accélère,
autant chez l’homme que chez l’animal, parce que tout simplement la résistance
aux antibiotiques est un phénomène naturel mais également en raison du mauvais
usage des médicaments. Un risque en outre grandissant avec le développement du
nombre des infections et la difficulté croissante et récurrente à les traiter,
ce qui entraîne une prolongation des hospitalisations, une augmentation des
dépenses médicales et une hausse de la mortalité. Développer le recours à des
alternatives thérapeutiques est donc aujourd’hui reconnu comme une urgence
sanitaire mondiale de premier plan. Le recours (et le retour) aux bactériophages
par la phagothérapie est sans doute une des voies les plus avérées, prometteuses
et durables. À la lumière des connaissances accumulées depuis un siècle et à
l’aune d’une approche médicale et scientifique rigoureuse, mais aussi à travers
la médiatisation de plus en plus fréquente de résultats spectaculaires obtenus,
la réévaluation de la phagothérapie est désormais inscrite à l’agenda.
Un siècle d’études scientifiques sur les bactériophages
L’étude des bactériophages et de leurs interactions avec les bactéries a débuté
il y a un siècle par la reconnaissance de leur action bactéricide,
guidant Félix d’Hérelle vers une application en médecine humaine bien
avant la découverte des antibiotiques. Mais c’est surtout lorsqu’ils ont été
choisis comme objets d’études pour appréhender les mécanismes fondamentaux de la
vie cellulaire que les bactériophages ont permis des découvertes majeures, dont
les acteurs ont été, et sont encore, récompensés par plusieurs prix Nobel. Des
mécanismes moléculaires de la réplication de ces virus
(assemblage macromoléculaires, régulation de l’expression des gènes viraux) aux
défenses bactériennes mise en place pour les contrecarrer (systèmes de
restriction modification et Crispr-Cas9), l’étude des bactériophages, par des
approches multidisciplinaires, a provoqué de véritables ruptures dans l’avancée
des connaissances sur le vivant.
Les bactériophages constituent aussi un modèle biologique fascinant en écologie
et en évolution. Ce modèle permet notamment de mieux comprendre l’émergence et
l’évolution des pathogènes.
Les bactériophages : un intérêt appliqué majeur
Dès leur découverte, c’est leur potentiel thérapeutique qui a promu les
bactériophages sur le devant de la scène en permettant de traiter des
infections bactériennes.
Puis, au fil de l’avancée des connaissances, c’est leur rôle dans les
processus de fermentation de l’industrie agroalimentaire (industries laitière et
viticole) qui ont été mieux compris afin de réduire les pertes et
mieux maitriser les procédés.
Aujourd’hui, leur utilisation en médecine est à nouveau considérée pour lutter
contre les bactéries pathogènes devenues de plus en plus résistantes aux
antibiotiques et pour lesquelles des solutions durables peinent à émerger. Cette
application permet d’envisager la limitation des antimicrobiens chimiques
et donc la pollution des sols et des nappes phréatiques et de fait favorisera
la protection de la biodiversité.
Le rôle écosystémique des bactériophages sur Terre
Les mesures prises pour protéger les humains des microbes ont occulté
durablement, dans le champ de la santé publique, les relations écosystémiques
complexes entre organismes et environnements. Les bactériophages étant des
régulateurs clés des communautés microbiennes naturelles avec lesquelles les
humains doivent interagir à tout moment, ils nous obligent à repenser nos
relations
vis à vis de ces virus, dont en premier lieu la connotation négative attachée à
cette dénomination. L’utilisation des bactériophages en médecine engage aussi
d’autres représentations du soin et des organismes, dans lesquelles la santé
n’apparaît plus tant comme l’exclusion et l’annihilation de microorganismes,
mais bien davantage comme la coexistence entre plusieurs espèces, humaines et
microbiennes, dans un équilibre dynamique.
Le Réseau Bactériophage France, interdisciplinaire
Le Réseau Bactériophage France a pour but de promouvoir, coordonner et intégrer
les études sur les bactériophages à travers différentes disciplines
scientifiques, tout en favorisant l’établissement de collaborations et synergies
entre les équipes concernées. Le réseau initié par Laurent Debarbieux (Institut
Pasteur, Paris) est soutenu depuis 2016 par le CNRS et depuis 2017 par l’Inra.
Les Instituts INSB et INEE du CNRS se sont notamment associés pour former un
Réseau Thématique Prioritaire. En France, une trentaine d’équipes utilisent les
bactériophages comme sujet d’étude ou comme outils pour développer des
applications. Le réseau permet à cette communauté de scientifiques de partager
leurs expertises respectives souvent attachées à des thèmes distincts et
spécifiques. Les approches développées par ces chercheurs sont souvent
complémentaires et leur rencontre au sein du réseau démultiplie les opportunités
de créer de nouvelles synergies. L’animation du réseau a permis de fédérer une
communauté qui est devenu un acteur majeur dans le paysage scientifique français
et au-delà.
Le bureau du Réseau Bactériophage France est composé des personnalités
scientifiques et médicales suivantes :
Mireille Ansaldi, Directrice de Recherches au CNRS, Marseille ;
Pascale Boulanger, Directrice de Recherches au CNRS, Gif-sur-Yvette ;
Charlotte Brives, Chargée de Recherches au CNRS, Bordeaux ;
Laurent Debarbieux, Directeur de Recherches à l’Institut Pasteur, Paris ;
Alain
Dublanchet, médecin-biologiste honoraire des hôpitaux, Vincennes ;
Rémy
Froissart, Chargé de Recherches au CNRS, Montpellier ;
Sylvain Gandon, Directeur de Recherches au CNRS, Montpellier ;
Claire Le Hénaff, Professeure de Microbiologie, Institut Polytechnique de
Bordeaux (ENSCBP) ;
Marie-Agnès Petit, Directrice de Recherches à l’INRA, Jouy-en-Josas ;
Eduardo Rocha, Directeur de Recherches au CNRS, Institut Pasteur, Paris ;
Clara Torres-Barceló, Chargée de Recherches à l’INRA, Avignon.
Bactéries et micro-organismes intervenant dans le traitement de l’eau
A quoi servent les bactéries?
Le traitement des eaux
usées par voie biologique est la méthode d’assainissement la
plus répandue dans le monde. Cette technologie utilise différents
types de bactéries et autres micro-organismes pour le
traitement et le nettoyage des eaux polluées.
Le traitement des eaux usées est aussi essentiel
pour la santéhumaine que
pour la protection de l’environnement. En
effet, l’utilisation de ces bactéries accélère le traitement de la
pollution sur une petite surface : la station d’épuration. Et la
rivière a son propre processus d’épuration, similaire à ce qui se
passe dans la nature. Cependant, les quantités actuelles de pollution
sont trop élevées et peuvent perturber le cycle naturel. Ainsi, les stations
d’épuration permettent d’éviter par exemple l’eutrophisation
des cours d’eau, mais aussi préviennent la diffusion de maladies.
Les eaux usées et les déchets des industries sont les
principales sources d’eaux usées. L’utilisation de microorganismes
permet de dégrader les déchets organiques. Ces micro-organismes
utilisent ces déchets comme source d’alimentation et d’énergie
pour croître et se reproduire.
Vous l’avez compris, les bactéries, c’est le cœur du
procédé. Et finalement, une station d’épuration, c’est en quelque
sorte une ferme où l’on cultive des micro-organismes à grande échelle.
Où sont présent ces bactéries ?
Partout, depuis l’eau arrivant à la station
d’épuration, et jusqu’à sa sortie. Les paramètres de fonctionnement
définis dans les bassins de traitement influencent le développement de
diverses structures microbiennes et des espèces qui la compose.
Cet ensemble de micro-organismes, riche en espèces, atteignent un
niveau de biodégradation plus élevé sur une large gamme de substrats,
contrairement à l’utilisation de cultures uniques. C’est le facteur
principal agissant la qualité des eaux usées traitées.
Généralement, ces organismes grouillent et
s’agrègent en un ensemble ressemblant à un flocon dans les
cultures libres, appelé le floc. Ces flocs, visibles à l’œil nu,
contiennent des cellules vivantes et mortes de bactéries, champignons,
protozoaires et des produits métaboliques. Ils s’agglomèrent autour de
la matière organique suspendue dont ils se nourrissent. C’est le cas
par exemple des boues activés. En outre, dans le cas des cultures
fixées, des biofilms un peu similaires se développent sur les
surfaces de contact. Par exemple, les biofiltres et les disques
biologiques sont des cultures fixées.
Certaines usines disposent de réacteurs UV pour
éliminer les bactéries restantes dans l’eau. D’autres utilisent
l’injection de chlore avant de déverser l’eau en rivière. C’est par
exemple le cas en Australie et Nouvelle Zelande.
Qui sont ces micro-organismes ?
Tout d’abord, avant de savoir qui ils sont, il faut
comprendre les paramètres influents leur croissance. Premièrement, la
localisation géographique. Deuxièmement le type de bassin dans lequel
seront cultivées les bactéries. Troisièmement les caractéristiques des
eaux usées entrant dans la station. Enfin, les paramètres
d’exploitation du système, tel que l’aération, l’agitation,
l’injection de produits chimiques.
Tous ces facteurs crééent des changements quantitatifs
entre les bactéries autotrophes et hétérotrophes. Dans les stations
d’épuration municipales, les bactéries gram négatif, notamment les
protéobactéries, prédominent à hauteur de 21-65%. La
Betaproteobacteria, la classe la plus abondante, joue un rôle majeur
dans l’élimination des éléments organiques et nutritifs. Les autres
embranchements sont Bacteroidetes, Acidobacteria et Chloroflexi
(Nielsen et al., 2010 ; Nguyen et al. 2011 ; Wan et al., 2011 ; Hu et
al., 2012 ; Wang et al., 2012 ). Les plus nombreux types de bactéries
sont Tetrasphaera , Trichococcus , Candidatus Microthrix , Rhodoferax
, Rhodobacter , Hyphomicrobium (McIllory et al., 2015 ).
Parmi les champignons, les Ascomycètes sont les
plus abondants, et représentent 6,3 à 7,4% des micro-organismes.
Ensuite viennent les archéobactéries, avec les Euryarcheota (1,5% des
micro-organismes, Wang et al., 2014b ). En outre, en présence
d’ammoniac et d’oxygène, Nitrosomonas est très présente. Enfin,
un âge des boues est élevé permet aux protozoaires et rotifères
de coloniser le milieu.
La température impacte la présence de certaines
espèces. Ainsi, l’effet de la situation géographique affecte la
composition des espèces. D’autre part, dans l’industrie par exemple,
la présence de micro-organismes bien définis de façon dominante
s’explique par leur capacité à biodégrader des composants spécifiques
des eaux usées industrielles.
Par ailleurs, les bactéries sont catégorisées par la
façon dont elles obtiennent de l’oxygène. Dans le traitement des eaux
usées, il existe trois types de bactéries utilisées pour traiter les
déchets qui entrent dans la station de traitement : aérobie, anaérobie
et facultatif.
Leurs impacts et les solutions de traitement
La présence de mauvaises bactéries (ou l’absence des
bonnes souches) peut provoquer notamment :
Un faible rendement biogaz du digesteur anaérobie
Une mauvaise floculation et sédimentation
Un excès de bactéries filamenteuses
Un excès en phosphore
Un faible rendement d’élimination de l’azote (NH4,
NO3)
La production d’odeurs désagréables
Un excès de consommation de réactifs chimiques
Dans un digesteur anaérobie, une production de
mousses
Il y a généralement trois façons de rétablir un bon
traitement.
Premièrement, en modifiant les réglages d’exploitation,
et en attendant que les bonnes souches colonisent à nouveau le milieu.
Deuxièmement, en éliminant complètement les micro-organismes en place
lorsque la première solution n’a pas fonctionné. Attention, cette
méthode est peu recommandée, car la biomasse mettra encore plusieurs
jours à se développer, donc l’eau ne sera pas correctement traitée
pendant cette période.
La troisième solution consiste à injecter des bactéries
spécialement sélectionnées, cultivées et multipliés, pour qu’elles
reprennent l’avantage sur les bactéries indésirables présentes dans le
milieu.
Les applications fréquentes
La biotechnologie microbienne offre des applications
scientifiques innovatrices d’un grand intérêt écologique et économique. Elle
utilise efficacement les processus naturels de dégradation pour traiter la
pollution. Cette méthode est nettement moins coûteuse que les techniques
conventionnelles physico-chimiques ou mécaniques.
L’utilisation de bactéries diffère des méthodes de traitement
habituelles car elles utilisent des procédés naturels simples. Leur bilan
permet de traiter la pollution sans créer de nouvelles contaminations. La
plupart du temps, leur mise en œuvre nécessite l’utilisation d’un
bioréacteur dédié, ainsi que les nutriments nécessaires à leur
multiplication en grand nombre. Le dosage est facile et ne nécessite que peu
de temps d’exploitation.
Accélérer le démarrage d’une usine / Ensemencer rapidement une station
mobile
La colonisation d’un milieu par les bactéries
nécessaires et micro-organismesnécessaires à la
dépollution dure généralement entre 4 et 8 semaines. Encore une fois, c’est
la température qui impacte le plus ce temps de croissance.
Il existe des solutions pour réduire ce délai à une semaine
environ, grâce à l’ensemencement avec des bactéries sélectionnées et
multipliées. Il y a ici deux principaux avantages :
Réduire le délai de mise en route d’une station d’épuration
Accélérer le démarrage d’une unité de traitement mobile
(lors d’une avarie sur l’usine principale par exemple)
La technique consiste à recirculer un savant mélange de
substrat adapté et de bactéries sélectionnées pour qu’elles s’installent
très rapidement. Dans ces conditions favorables, les bactéries forment
rapidement des flocs ou des biofilms. Après quelques jours, le milieu est
prêt pour le déversement des eaux usées.
Nous avons sélectionné une gamme de bactéries pour démarrer en une semaine
votre installation dans des conditions normales, avec des températures d’eau
entre 12 et 30°C.
Le dimensionnementest
disponible sur la page optimisation microbiologique.
Corriger la présence de bactéries indésirables
Sur les stations de type boues activées, la présence de
bactéries filamenteuse est un réel problème. D’abord, la solution consiste à
extraire un maximum de boues, et d’augmenter l’aération. La reconquête du
milieu par les bonnes bactéries peut remettre plusieurs jours. Si cela ne
fonctionne pas, alors il est possible de détruire ces bactéries au chlore.
Le problème, c’est que cela tue toutes les bactéries. Et puis il faudra
attendre quelques semaines pour que les conditions normales soient de
nouveau atteintes. Tandis que la majorité des exploitants continuent
l’injection de chlore, nous préconisons l’injection de bactéries dédiées.
Comme pour le démarrage accéléré d’une usine, l’ajout massif de ces bonnes
populations permet de rétablir rapidement l’équilibre dans les bassins.
Voici par exemple une illustration de l’élimination des flottants dans un
clarificateur. Le dimensionnement est
disponible sur la page optimisation microbiologique.
Améliorer les performances de traitement
En éliminant les graisses et huiles responsables de la
dégradation du milieu
Les bactéries lipophiles sont spécialisées pour la
dégradation des graisses et des huiles animales et végétales dans les STEP
urbaines et dans les sites industriels de traitement. Ces bactéries sont
facilement adaptables à tous les systèmes de traitement utilisés
actuellement.
Sur le marché, il existe des produits tels que des bactéries
et des enzymes complètement naturelles, conçues et sélectionnées pour leur
capacité à solubiliser et à digérer les graisses et les boues. Certaines
bactéries sont tellement spécialisées dans la dégradation des graisses
qu’elles sont capable de dégrader les charges hautes, jusque 300 000 mg/L de
DCO.
Le dimensionnement est disponible sur la page optimisation
microbiologique.
En accroissant la présence de bonnes bactéries
Comme on peut s’y attendre, la technique consistant à
injecter un mélange de substrat adapté et de bactéries sélectionnées est
encore la plus efficace. Ainsi, l’istallation très rapide de celles-ci dans
le milieu permet d’améliorer les rendements d’épuration sur les systèmes
suivants :
Boues activées (aération fines bulles)
Lagunes et étangs naturels et artificiels
Biofiltres
Lits bactériens
Disques biologiques
Le dimensionnementest
disponible sur la page optimisation microbiologique.
En rajoutant les bactéries pour le traitement d’eau froide ou chaude
La majorité des micro-organismes se
développe généralement plus rapidement à des températures élevées, jusqu’à
38°c max. Cependant, leur développement devient très lent en dessous de
12°c, voire quasi nul en dessous de 5°C. Ces températures basses sont
souvent atteintes lorsque les stations d’épurations sont situées dans des
zones géographiques telles que le Canada ou au nord de l’Europe. Lors de la
fonde des neige, ces bactéries doivent traiter la pollution alors qu’elles
se trouvent dans des eaux froides. La parade principale consiste à augmenter
significativement la taille de l’usine pour pallier au manque d’activité
microbienne. Cependant, cette solution pourtant encore largement pratiquée,
est très onéreuse. Au contraire, certains process industriels génèrent des
eaux supérieures à 38°C. Les bactéries les plus communes ne peuvent pas
survivre dans ces conditions. C’est pour cela qu’il existe des mélanges de
bactéries efficaces pour le traitement des différentes eaux. Ainsi, avant un
évènement froid par exemple, il est possible d’ensemencer au préalable le
réacteur biologique avec les bactéries spécialement sélectionnées pour ces
conditions. Elles prendront alors le dessus sur les populations déjà en
place, et permettront d’assurer un traitement efficace le de ces conditions
difficiles. Nous disposons d’une sélection de bactéries pour ces conditions
difficiles :
eaux froides (entre 1°C et 12°C),
eaux chaudes (entre 30°C et 50°C ou plus)
Le dimensionnement est disponible sur la page optimisation
microbiologique.
Bactériophages : et si le remède aux supermicrobes se trouvait dans nos égouts
?
Pour venir à bout des bactéries résistantes aux antimicrobiens, les
scientifiques font appel à un allié surprenant : les bactériophages, une armée
de virus qui évolue dans les recoins les plus sombres et les plus pollués.
Au laboratoire du Dr Lilian Musila à l'Institut de recherche médicale du
Kenya, le technicien Martin Georges dépose à la pipette des bactériophages
sur une boîte de Petri contenant des bactéries.
PHOTOGRAPHIE DE JESS
CRAIG
Par une matinée du mois d'octobre, Lillian Musila, Martin Georges et
Moses Gachoya chargent blouses de laboratoire, gants médicaux et
glacières en plastique dans un 4x4 Toyota blanc, et quittent
l'enceinte immaculée de l'Institut de recherche médicale du Kenya
pour s'aventurer à l'extérieur de la ville. Leur destination ? Les
lieux les plus sales et infestés de germes que l'on puisse
imaginer : une usine de traitement des eaux usées, des rivières
polluées et les torrents d'eaux noires qui ruissellent entre les
boutiques et les habitations de Kibera, l'un des plus grands
bidonvilles africains.
Pour le commun des mortels, le simple fait de penser aux bactéries
et aux virus qui hantent ces lieux suffirait à déclencher une vague
de frissons. Pour ceux qui, comme le Dr Musila, se spécialisent dans
les maladies infectieuses, ces lieux offrent paradoxalement un
véritable arsenal pour lutter contre les ravages causés par les
supermicrobes à travers le monde. Musila et son équipe sont là pour
traquer les bactériophages, ou phages, ces virus qui infectent et
tuent les bactéries, généralement sans inquiéter leur hôte
humain.
« Le concept est simple : l'ennemi de mon ennemi est mon ami
», résume le Dr Musila, scientifique en chef du Département des
maladies infectieuses émergentes.
Les antibiotiques sont la pierre angulaire de la médecine moderne
depuis les années 1940. Grâce à eux, l'espérance de vie de l'être
humain s'est allongée de vingt-trois
ans. Seulement voilà, un grand nombre de bactéries a depuis
trouvé le moyen d'échapper aux antibiotiques : c'est la résistance
aux antimicrobiens (RAM). D'après l'Organisation
mondiale de la santé, ce phénomène serait « l'une des dix
plus grandes menaces pour la santé publique auxquelles se trouve
confrontée l'humanité ». Les chercheurs estiment que les
bactéries résistantes aux médicaments ont faitplus
d'un million de morts en 2019, ce qui en fait l'une des
principales causes de décès à travers le monde.
Il y a un besoin urgent de nouveaux antibiotiques, mais
aucune nouvelle classe n'a été découverte depuis les années 1980.
À l'heure où seule une poignée de sociétés pharmaceutiques
s'efforcent de mettre au point des antibiotiques, l'une des rares
solutions réside dans la phagothérapie, le traitement utilisant les
fameux virus bactériophages.
Malgré son statut de discipline émergente, la phagothérapie
est utilisée de
manière sûre et efficace dans lespays
de l'ex-Union soviétique depuis sa découverte en 1917. Lesdonnées récentes
issuesd'essais
cliniques et de différents casd'utilisation
d'urgence en Europe et aux États-Unis montrent que les
bactériophages offrent un moyen sûr et efficace de traiter
les infections contre lesquelles aucun antibiotique connu ne
fonctionne.
Il y a huit ans, en constatant que la RAM constituait déjà un défi
majeur au Kenya, le Dr Musila a lancé un programme national de
surveillance du phénomène chez les bactéries issues de patients
hospitalisés à travers le pays. Même si la collecte de données
inaltérées présente déjà un défi en soi, Musila et ses collègues
ont découvert que60 %
des infections documentées étaientrésistantes à
divers types d'antibiotiques, notamment les plus abordables etles
plus facilement accessibles, se souvient-elle. Son équipe a
immédiatement donné l'alerte, mais en tant que spécialiste du
développement thérapeutique, la simple description du problème ne
suffisait pas au Dr Musila.
« J'avais l'impression d'annoncer l'apocalypse et la fin du monde
imminente. Je me suis dit qu'on ne pouvait pas rester assis là et se
contenter de montrer que les choses allaient mal. On voulait trouver
des solutions. » De retour à son laboratoire après avoir participé à
une conférence présentant les recherches en cours sur les
bactériophages, elle a rédigé un protocole et lancé sa toute
première chasse aux phages en 2016.
Au centre de traitement des eaux usées de Nairobi, Georges et
Gachoya, tous deux employés du laboratoire de Musila, boutonnent
leur blouse et enfilent leurs gants jetables, avant de s'approcher
du rebord d'un bassin en béton contenant des eaux brunes et
bouillonnantes. Dans ce bain nauséabond, les bactéries travaillent
dur pour désagréger les déchets solides alors que les phages,
naturellement présents dans l'environnement, s'évertuent à infecter
ces mêmes bactéries, à se répliquer et à s'en extraire pour mieux
trouver leur prochain hôte.
Sous le regard de Musila, Georges plonge un récipient jaune en
plastique dans la mélasse et le récupère à l'aide d'une cordelette.
Soigneusement, il verse ensuite le contenu dans un second récipient,
sur lequel Gachoya inscrit « eaux usées » avant de le déposer dans
une glacière vide. Après avoir prélevé d'autres échantillons à
l'entrée du centre de traitement où arrivent les eaux usées brutes,
l'équipe reprend la voiture en direction de Kibera. Georges
s'approche d'un ruisseau peu profond où les eaux noires ruissellent
sur diverses couches de déchets, et répète la manipulation.
De retour au laboratoire, Georges et Gachoya rassemblent les
échantillons pour filtrer les différents types d'eaux usées, ne
laissant passer que les phages microscopiques, des organismes
encore plus petits que les
plus petits des virus et des bactéries. L'étape suivante est
la culture et la multiplication des phages en les nourrissant de
bactéries. Au menu ce jour-là : Klebsiella
pneumonia etPseudomonas
aeruginosa, deux agents infectieux résistants aux antibiotiques
et présents dans le monde entier, sur lesquels travaille
actuellement Musila. La mixture est ensuite mise de côté.
Le lendemain, les deux collègues déposent de petites gouttes de
liquide contenant les phages sur des bactéries cultivées dans
des boîtes de Petri. En tuant les bactéries, les phages laissent une
cavité circulaire à la surface de la boîte, signe du passage à
trépas des bactéries cultivées à cet endroit. L'équipe isole et
purifie ensuite ces phages tueurs. Dans quelques jours, après le
séquençage de leur génome, l'équipe connaîtra le nombre de
nouveaux phages découverts et congèlera les nouveaux virus à -80 °C
en vue de leur analyse ultérieure.
La découverte de phages est une activité relativement rapide et
abordable. Un matériel de laboratoire classique et des
compétences de base suffisent à mener ces recherches, contrairement
à d'autres domaines pharmaceutiques. À titre de comparaison, il faut
compter dix
à quinze ans et au moins un milliard de dollars pour identifier
un nouvel antibiotique.
« Les étudiants de premier cycle, les élèves de lycée, quiconque
possédant une once de curiosité pour ce genre de savoir peut
participer », assure Graham Hatfull,
professeur à l'université de Pittsburgh, où il dirige le programme SEA-PHAGES grâce
auquel plus de 40 000 étudiants de première année ont appris à
découvrir des phages.
Cette particularité a des implications majeures
pour la réduction des inégalités dans la santé, la recherche et
l'accès aux médicaments à travers le monde. Bien que limitées, les
données disponibles suggèrent quel'Afrique
et l'Asie sont les deux régions les plus affectées par la RAM.
Pourtant, de nombreux pays en développement, dont trente-sept
en Afrique subsaharienne, ne disposent pas d'une industrie
pharmaceutique domestique et doivent encore se résoudre à importer
leurs fournitures médicales, leurs médicaments et leurs vaccins
depuis l'Europe et les États-Unis.
« Je cite souvent la distribution inéquitable des vaccins contre le
COVID-19 durant la pandémie, le temps qu'ils mettaient et qu'ils
mettent toujours pour arriver dans les pays en développement »,
affirme Tobi Nagel, directrice de l'organisation à but non lucratif
Phages for Global Health, qui aide à implanter des structures de
recherche de phages dans les pays en développement.
Le constat est le même pour les antibiotiques. De nombreux pays en
développement souffrent d'un manque d'accès régulier aux
antibiotiques les plus basiques, sans parler des médicaments plus
avancés ou des combinaisons d'antibiotiques que l'on sait efficaces
contre certains microbes résistants. D'après une étude
menée au Malawi en 2019, les stocks des établissements de santé
publique du pays ne comptaient que 48,5 % des médicaments essentiels
et, pour la moitié d'entre eux, le coût d'un seul cycle de
traitement dépassait le salaire journalier moyen des Malawiens, ce
qui les rendait inabordables. La phagothérapie peut être mise en
œuvre dans les pays les plus touchés par la RAM, tout en évitant les
barrières techniques et financières de la recherche pharmaceutique
traditionnelle.
« C'est une solution accessible pour les pays en développement, et
c'est ce qui en fait sa beauté », avance Musila.
De plus, les données empiriques suggèrent que les phages évoluant
dans la même région que les bactéries qu'ils infectent sont plus
puissants que ceux qui évoluent dans d'autres régions du monde.
Lorsque Musila et son équipe ont testé des phages fournis par des
chercheurs russes sur un panel de bactéries présentes au Kenya, les
virus se sont avérés inefficaces. Le constat est le même pour Ivy Mutai,
chercheuse au sein de l'Institute of Primate Research de Nairobi,
qui a obtenu des résultats similaires en testant des phages de
Géorgie contre des souches bactériennes kenyanes.
Les bactériophages infectent les bactéries en se fixant sur un
nombre restreint de récepteurs à la surface de la cellule. Cette
spécificité s'apparente à un système clé-serrure. Dans un milieu tel
que les eaux usées ou les rivières, les bactéries évoluent pour
échapper aux phages, et les fameux virus s'adaptent pour conserver
la capacité d'infecter les bactéries. Au fil du temps, cette course
à l'armement crée des phages hautement efficaces pour éradiquer des
souches locales et spécifiques de bactéries.
« La variation géographique est assez importante », explique Mutai.
« C'est pourquoi les Kenyans doivent traquer les phages
spécifiquement adaptés aux infections du Kenya », poursuit-elle.
RECHERCHE ET ESSAIS CLINIQUES
Depuis la première chasse lancée par Musila, son équipe a
identifié plus de 150 phages capables de cibler et d'abattre les
agents infectieux désignés sous l'acronyme
ESKAPE, pour Enterococcus
faecium, Staphylococcus
aureus, Klebsiella
pneumoniae, ainsi que d'autres bactéries responsables des
infections résistantes aux antibiotiques les plus fréquentes,
souvent mortelles.
Outre son implication dans la chasse aux phages pour lutter contre
les infections humaines communes, Mutai s'intéresse également
à l'identification de ceux qui pourraient servir à empêcher les
maladies bactériennes dans les cultures ou désinfecter le
matériel et les surfaces dans les hôpitaux, deux sources
notoires de microbes résistants aux antibiotiques. La scientifique
mène ces recherches sous la direction d'Atunga Nyachieo, directeur
du programme de recherche sur les phages de l'Institute of Primate
Research.
Toujours au Kenya, Angela Makumi et son équipe de l'Institut
international de recherche sur l’élevage ont développé une phagothérapie quiprotège
les volailles des infections à salmonelles. Makumi supervise
actuellement une étude visant à tester une poudre à base de phages
pouvant être administrée oralement aux volailles. Les essais sur le
terrain devraient débuter en février. Fait notable, il a suffi de
deux années depuis la chasse aux phages initiale pour mettre au
point un traitement viable, indique-t-elle.
De l'autre côté de la frontière, en Ouganda, plus précisément à
l'université de Makéréré où elle exerce en tant que professeure, la présidente
de PhageTeam Uganda, Jesca Nakavuma, s'efforce avec ses
collègues de trouver des phages tueurs de souches mortelles de la
bactérie E. coli,
présentes sur les légumes crus, et d'une autre bactérie
létale, Aeromonas
hydrophilia, qui contamine les réservoirs
utilisés en pisciculture. En République démocratique du
Congo et à Haïti, les chercheurs travaillent sur
des phages capables d'éliminer la bactérie à l'origine du choléra
dans les cours d'eau, les puits et d'autres sources d'eau potable
afin de prévenir les épidémies.
Aux États-Unis, en Australie et
dans certainspays
européens, la phagothérapie a été utilisée pour soigner des
patients en situation
d'urgence ou d'accès compassionnel, lorsque les patients font
face à une mort certaine des suites d'une infection résistante aux
antimicrobiens. Malgré la demande croissante, le Kenya ne dispose
pas encore de mécanismes autorisant une utilisation d'urgence. Ces
situations interviennent lorsque les médecins ont épuisé l'ensemble
des antibiotiques à leur disposition. Le médecin ou la famille du
patient peuvent alors décider d'envoyer un échantillon de la
bactérie mise en cause aux chercheurs de phages pour tester
l'efficacité de leurs collections.
Depuis 2017, Hatfull et son équipe de Pittsburgh ont aidé à traiter
une quarantaine de patients par l'accès compassionnel, indique-t-il.
Son équipe a compilé une banque rassemblant plus de 10 000 phages
isolés dans l'environnement. Des demandes de patient ou de
médecin à la recherche d'une phagothérapie arrivent régulièrement à
leur laboratoire, environ une fois tous les deux jours.
Seule une poignée d'essais cliniques ont mis la phagothérapie à
l'épreuve en environnement contrôlé, mais plus de soixante essais
sont actuellement enregistrés aux États-Unis. Le Kenya et un
grand nombre de pays en développement ne disposent pas du cadre
législatif nécessaire pour utiliser la phagothérapie en situation
d'urgence ou d'accès compassionnel. À la place, Musila partage ses
virus-candidats prometteurs avec le Walter Reed Army Research
Institute des États-Unis, un institut de recherche qui finance ses
travaux actuels et approfondit les recherches sur les phages avant
de les considérer pour une utilisation sur l'être humain.
Même si certains exemples confirment la capacité des phages à
éliminer les microbes résistants aux médicaments chez les patients
malades, la phagothérapie soulève encore de nombreuses questions.
Par nature, ces virus se répliquent à l'intérieur des cellules
bactériennes en les tuant, mais personne ne sait combien de temps
prend ce processus une fois qu'ils sont administrés chez les
patients. Par conséquent, il est difficile de déterminer et de
suivre le dosage des phages à un temps donné. Avec les
antibiotiques, les médecins connaissent la dose précise et le temps
nécessaire au médicament pour se diffuser dans l'organisme.
D'après les données disponibles à ce jour, les phages semblent sans
danger, et ce même à haute dose.
Grâce à leur spécificité clé-serrure, les phages ne tuent que des
bactéries ciblées et n'iront donc pas inquiéter les bonnes bactéries
que l'on trouve naturellement chez l'être humain. À l'inverse, les
antibiotiques tuent sans distinction de types de bactéries, ce qui
peut entraîner de graves effets secondaires au long terme.
« Il y a toutefois un revers à cette médaille », reprend Hatfull,
« la spécificité est parfois si restreinte que les phages ne ciblent
que des isolats cliniques, au lieu d'un groupe étendu. » Les
chercheurs devraient donc constituer une immense collection de
phages ciblant chaque type de bactérie à l'origine de maladies
humaines. Hatfull et son équipe de recherche travaillent
actuellement sur leur génome pour comprendre comment ils pourraient
mettre au point des phages plus puissants avec un champ d'action
étendu.
À ce stade, l'identification des phages pour leur utilisation
clinique chez l'être humain est réalisée au cas par cas. Si la
phagothérapie devient un traitement de routine, cette stratégie ne
sera plus adaptée. « En ce qui concerne les bactéries
multirésistantes aux antibiotiques, nous en voyons souvent. Ce n'est
pas rare. Le besoin de phages pourrait devenir critique », assure
Musila.
Les chercheurs développent actuellement des banques de phages
locales et internationales auxquelles les scientifiques pourront
accéder rapidement. Néanmoins, il manque encore un cadre concret
pour l'identification, la recherche et la production à grande
échelle destinées à la thérapie. Il sera également nécessaire de
déterminer si les réglementations actuelles en matière d'innocuité
et de qualité des médicaments sont adaptées à la phagothérapie,
surtout dans les pays en développement qui n'ont jamais mis au point
de médicaments.
Il reste enfin une dernière inconnue : la durée de l'efficacité des
phages, sachant que les bactéries peuvent évoluer pour leur
résister. Dans le laboratoire de Musila, Georges et Gachoya
observent parfois l'apparition d'une telle résistance du jour au
lendemain.
Pour l'heure, un cocktail de quatre ou cinq phages différents est
administré aux patients afin de pallier cette résistance. Pour
Hatfull et son équipe, l'apparition de bactéries résistantes aux
phages reste rare.
Compte tenu des faibles coûts de ce domaine de recherche et des
besoins limités en expertise technique, les chercheurs pourraient
chasser les phages en continu à mesure que les bactéries développent
une résistance. Les eaux usées, les cours d'eau pollués et d'autres
environnements infestés de germes offrent une source intarissable de
nouveaux phages qui, contrairement aux antibiotiques, continueront
d'évoluer pour venir à bout des bactéries.
« C'est une course plus équitable », conclut Musila.
Les bactériophages, ou phages (mot
formé des élémentsbactério-, « bactérie », et -phage,
« qui mange »), ou, plus rarement, virus bactériens, sont des virus qui
n'infectent que desbactéries.
Ils sont présents dans toute la biosphère.
Ils sont particulièrement abondants dans les milieux riches en bactéries,
et donc notamment dans les excréments, le sol et les eaux d'égout. Dans un
millilitre d'eau de mer, on compte près de 50 millions de bactériophages2.
Le support de l'information génétique (génome)
des bactériophages peut être un ADN ou
unARN3.
Parce que leur génome est entouré d’une capside,
les phages font partie des virus dits complexes.
L'activité des bactériophages est découverte
en 1897 par le franco-canadien Félix
d'Hérelle lorsqu'il remarque des trous dans les cultures de
bactéries qu’il développe pour lutter contre les essaims de sauterelles en
Amérique centrale. Il n’en comprend le sens qu'en 1917, lorsqu'il fait
la même observation dans des selles de malades atteints dedysenterie
bacillaire (maladie ducôlon).
Il isole alors les premiers phages, puis développe les premières
applications phagothérapeutiques2.
En 1915, Frederick
W. Twort, à Londres,
remarque aussi que des colonies de microcoques prennent parfois un
aspect vitreux, dû à la destruction des cellules bactériennes, et que
cette caractéristique est transmissible à des colonies normales par simple
contact.
Les phages sont des outils fondamentaux de
recherche et d'étude en génétique moléculaire2.
Ils servent notamment de vecteurs declonage et
de transfert degènes (on
parle aussi de transduction). Dans les années 1940-1960, les travaux
effectués sur les bactériophages ont permis de nombreuses avancées dans le
domaine de labiologie
moléculaire (avancées portées parMax
Delbrück, dans le cadre du « groupe
phage ») et ont permis de découvrir que les acides
nucléiques constituent le support de l'information génétique
(expérience de Hershey-Chase, en 19524,2).
Les bactériophages ont été utilisés en
France à des fins thérapeutiques de 1920 à 1990 environ et le sont
toujours dans l'ex-bloc
de l'Est, où l'on peut acheter des bactériophagiques en
pharmacie sans ordonnance5.
En France, devant l'incapacité des autorités de santé à accélérer la
réintroduction de la phagothérapie pour
des raisons réglementaires et administratives, des associations et
groupements de patients et de médecins font valoir les bénéfices
importants qu'elle peut apporter aux patients infectés par des germes
résistants en situation d'impasse
thérapeutique ou d'infection chronique récidivante ainsi que l'absence
de risque constatée durant les 70 ans d'utilisation en France auxxe siècle6,7,8,9.
Comme les virus qui
infectent leseucaryotes,
un phage possède du matériel génétique encapsidé dans
une structure protéique complexe constituée le plus souvent d'une tête et
d'une queue.Pour
plus de 95 % des phages connus, ce matériel est une molécule d'ADN
double-brin d'une longueur de 5 à650kpb (kilobases)
et leur dimension varie de 24 à200nm[réf. nécessaire].
Les bactériophages ayant un génome de plus de 200 kpb sont appelés
« phages jumbo »10.
On caractérise les phages par la présence
de « plages
de lyse ». L'infection d'une cellule bactérienne par un seul
phage peut provoquer sa lyse au
bout d'une vingtaine de minutes avec libération de quelques dizaines voire
centaines de particules phagiques. En laboratoire, chaque particule ainsi
libérée va infecter une nouvelle bactérie et recommencer le cycle lytique.
Conséquence de ces lyses microscopiques en cascade, des« plages
de lyse » se forment dans le tapis bactérien à la surface des
géloses, permettant la lecture à l'œil nu des résultats de test. La taille
et l'aspect de ces plages de lyse constituent un phénotype contribuant à
caractériser les phages.
Les bactériophages, incapables de se
reproduire par leurs propres moyens, injectent leur matériel génétique
dans des bactéries hôtes. Grâce aux enzymes et
auxribosomes de
l'hôte (et à certaines protéines virales selon les cas), le génome viral
peut être répliqué et traduit pour former de nombreuses copies du virus
qui sont libérés avec la lyse de la bactérie-hôte : on parle de cycle
lytique ou cycle de production.
Certains bactériophages se comportent
autrement, leur matériel génétique est répliqué et s'intègre au chromosome
de la bactérie (ou existe sous forme de plasmide),
mais n'est pas exprimé pour former des virions. Le virus est alors désigné
sous le terme de prophage,
lequel est transmis à la descendance de la bactérie infectée (lignée
lysogénique) et on parle de lysogénie
ou de cycle lysogénique. En réponse à une induction (ex. : stress
de la bactérie), l'infection lysogénique bascule vers un cycle lytique.
D'une espèce à l'autre, le cycle de
réplication des phages dans la cellule peut suivre plusieurs schémas :
certains phages sont dits
« virulents », ils sont strictement lytiques. Le microbiologiste Mark
Müller a dit : « Les bactéries ne meurent pas,
elles explosent en multiples phages » ;
certains bactériophages appelés
« phages tempérés » peuvent générer des infections lytiques ou
lysogéniques. Parfois, les prophages apportent quelque chose à la
relation bactérie-phage quand la cellule est en dormance, en ajoutant de
nouvelles fonctions au génome de
la bactérie, un phénomène appelé « conversion
lysogène ». Un exemple connu est l'inoffensive bactérie Vibrio qui,
quand elle est lysogénisée par le phage CTX11,
cause le choléra ;
certains phages ne provoquent pas la
lyse de la cellule infectée (infections chroniques), mais bourgeonnent à
la membrane bactérienne, sans la rompre (infection chronique).C'est le
cas des phages filamenteux comme M13 ou
f1 d'Escherichia
coli. La cellule infectée devient alors une usine à produire du
phage de manière continue.
Les phages, comme d'autres virus, sont
vulnérables aux UV
solaires, connus pour contribuer à détruire les virus, au moins dans
le haut de la colonne
d'eau, et plus ou moins profondément selon la turbidité de
l'eau12.
Dans les eaux plus eutrophes voiredystrophes,
une autre cause de destruction virale (encore mal comprise) semble être la
présence de molécules antivirales dissoutes, thermolabiles et
de hautpoids
moléculaire (plus de 30kDa),
de type protéases ou
autresenzymes bactériennes
probablement12 qui,
lors d'expériences conduites par Noble & al. en 1997, semblaient
responsables d'environ 1/5 de la désintégration maximale des virus ; en
complément du rayonnement solaire qui en élimine au maximum de 1/3 à 2/3
(quand il s'agit de virus non-natifs) et de 1/4 à 1/3 quand il s'agit de
virus natifs) suggérant des phénomènes deco-évolution adaptation
évolutive entre bactéries et virus, et en fonction du taux d'UV solaires
pénétrant la colonne d'eau12.
L’organisme responsable de la nomenclature
et de la taxonomie des virus s’appelle l’International
Committee on Taxonomy of Viruses (ICTV). On dénombre une
vingtaine de morphologies différentes chez les virus bactériens
actuellement reconnus par l'ICTV2.
En 2000, plus de 5 000 bactériophages différents avaient été observés et
décrits. Plus de 95 % d'entre eux possédaient une queue impliquée dans
l'entrée de l'ADN du phage dans la cellule bactérienne (famille des Caudovirales).
On distingue trois morphologies de queues différentes :
les Siphoviridae,
caractérisés par une longue queue non contractile, forment la plus
grande famille (60 % des virus caudés). Exemple : T5 ;
les Myoviridae ont
de longues queues contractiles, composées d'un tube extérieur qui se
contracte autour du tube central rigide lorsque le virus se trouve à la
surface de sa bactérie hôte. Le tube rigide perfore alors laparoi
bactérienne et crée un passage pour l'ADN phagique. Exemple :T4 ;
les Podoviridae ont
de petites queues non contractiles, ils intègrent dans leur capside des
protéines qui servent à empaqueter l'ADN dans la capside lors de la
formation du virion et qui sont éjectées dans la paroi de l'hôte avant
l'éjection de l'ADN. Exemples :T7,
P22.
Depuis 2022, cette subdivision morphologique
n'est plus à la base de la classification13.
Comme les phages peuvent porter dans leur
génome des gènes accessoires à leur cycle de vie, ils participent aux
transferts horizontaux de gènes entre populations bactériennes. C'est la transduction.
Lorsque ces gènes accessoires codent des facteurs de virulence, la
bactérie infectée voit son pouvoir pathogène augmenté – c’est le phénomène
de « conversion lysogénique ».
Un exemple bien connu est celui des gènes
des toxines Stx
desEscherichia
coli entérohémorragiques (EHEC).
Ces gènes stx sont localisés dans des séquences de bactériophages
lambdoïdes intégrés dans le chromosome. Les EHEC auraient donc émergé par
conversion lysogénique. On connaît de nombreux autres exemples de ce type,
comme la toxine cholérique deVibrio cholerae qui est
portée par le phage CTX.
Les bactériophages lysogènes sont souvent
intégrés dans le chromosome au niveau de locus codant
des ARN de transfert (ARNt). Par exemple, le phage PhiR73 deEscherichia
coli est inséré au niveau du locusselC.
L'acquisition de gènes étrangers par transfert horizontal, grâce à des
bactériophages s’intégrant au niveau de tels « points chauds » est
plausible, puisque les séquences codant les ARNt sont hautement conservées
entre les différentes espèces bactériennes. Enfin, la persistance des
gènes de virulence dans les génomes phagiques suggère qu’ils confèrent un
avantage sélectif, peut-être dû à la plus grande multiplication et
diffusion de la bactérie hôte.
Dans les années 1960, les recherches menées
sur les interactions hôte/phage par les biologistes américains Max
Delbrück, Alfred
Hershey etSalvador
Luria valurent à ces chercheurs leprix
Nobel de médecine-physiologie en1969.
l'expérience
de Hershey et Chase a permis de confirmer la fonction de l'ADN en
tant que support de l'information génétique. Hershey et Chase
incorporèrent duphosphore
32 (P32) dans l'ADN d'une culture de phage et dusoufre
35 (S35) dans les protéines d'une autre culture de ce même phage2.
Ces deux isotopes sont radioactifs,
ce qui permet de les utiliser comme traceurs.
Puis, ils utilisèrent chacune de ces cultures de phage indépendamment
pour infecter E. Coli à raison d'un nombre élevé de particules
virales par cellule bactérienne. Après un temps suffisant pour que
l'infection ait eu lieu, ils détachèrent les enveloppes vides des phages
des cellules bactériennes par agitation mécanique. Par centrifugation,
ils séparèrent les cellules bactériennes des enveloppes vides et
mesurèrent la radioactivité des deux fractions obtenues. En utilisant
les phages marqués au P32, la majeure partie de la radioactivité
aboutissait dans les cellules bactériennes, indiquant que l'ADN de phage
entre dans les cellules. Au contraire, le S35 est retrouvé dans les
enveloppes montrant que les protéines du phage n'avaient pas pénétré
dans la cellule bactérienne. Conclusion: l'ADN est le matériel
héréditaire tandis que les protéines de phages ne sont qu'un emballage
qui est écarté une fois que l'ADN a été injecté dans la cellule
bactérienne ;
en 1980,
le biochimiste britannique Frederick
Sanger reçut le prix Nobel pour avoir réussi à séquencer l'ADN en
utilisant un phage. Le premier organisme biologique dont le génome a été
séquencé est un phage (utilisé parce que son matériel génétique est
encapsidé sous forme d'ADN simple brin). Le protocole de la méthode de
séquençage est le suivant : incubation de l'ADN à séquencer avec une
amorce, lefragment
de Klenow (ADN polI dépourvue
d'activité exonucléasique 5'→3'), les4
désoxyribonucléotides (dNTP) et1 didésoxyribonucléotide (ddNTP)
en faible concentration. Le ddNTP induit l'arrêt de l'élongation: tous
les fragments obtenus se termineront par ce nucléotide. Puisqu'il est
utilisé en faible concentration, on va obtenir des fragments de tailles
différentes. On refait l'expérience avec les4
ddNTP. Les fragments sont séparés par électrophorèse sur gel de
polyacrylamide. Un nucléotide radioactif est incorporé afin de permettre
la visualisation des fragments par autoradiographie sur film ;
les premières expériences suggérant un
ARN intermédiaire dans la synthèse protéique. Il s'agit de l'expérience
de E. Volkin et L. Astrachan en 1957. Il s'agit d'une expérience de pulse
chase dans laquelle l'ARNm est marqué de façon spécifique avec de
l'uracile radioactif. L'infection par un bactériophage T2 induit une
augmentation de la quantité d'ARNm dans la cellule hôte et cet ARNm a un
temps de vie très court (car il est très vite dégradé après le
marquage). Conclusion: l'ARN joue un rôle intermédiaire entre l'ADN et
les protéines ;
la découverte des enzymes de
restriction en 1962 par W. Arber. Protocole de l'expérience : 2
souches bactériennes A et B sont infectées chacune par un phage X
puis le lysat de phage est récupéré pour effectuer une nouvelle
infection dans les deux souches bactériennes utilisées précédemment.
Observation : le lysat de phage X produit sur A peut infecter les2
souches bactériennes alors que le lysat de phage X issu de B ne
peut pas infecter la souche A. Interprétation et conclusion : les phages
ont acquis une spécificité d'hôte qui dépend de la souche dans laquelle
ils se sont développés et non de leur génotype. Cette restriction d'hôte
est due à la méthylation de l'ADN par des enzymes spécifiques permettant
de protéger l'ADN viral de la dégradation par des nucléases de la
bactérie. Ces nucléases sont des enzymes de restriction qui ne
reconnaissent que la forme non méthylée de leur site de coupure. Si
l'enzyme nécessaire à cette méthylation n'est présente que dans la
souche A, seuls les phages X-A seront méthylés et non dégradés par les
nucléases. Ce mécanisme permet à la bactérie de différencier son propre
ADN de l'ADN étranger ;
la recherche en génétique sur la
structure des génomes par Benzer. Celui-ci a déterminé la structure fine
des gènes grâce à l'étude de recombinaisons entre mutants de
bactériophage T4. Les bactériophages présentent deux avantages énormes :
la fréquence de recombinaison est élevée, la descendance est quasi
illimitée ce qui permettra d'avoir accès à des événements très rares.
L'étude des phages a des implications
importantes en médecine et
engénétique,
en particulier pour la compréhension des infections virales, des anomalies
génétiques, de l'embryologie humaine, des causes du cancer et
de la résistance des bactéries aux antibiotiques.
Les phages sont utilisés de multiples
manières en biologie moléculaire. Ils sont utilisés comme vecteurs de
clonage pour insérer de l'ADN dans les bactéries. La méthode du phage
display est une méthode qui permet la sélection d'un
peptide grâce à sa présentation sur la surface de phages. Lephage
display est une technique permettant la construction de banques
d'ADN ou d'ADN complémentaire. Les2
principaux phages utilisés dans cette technique sont les phages M13
(phage filamenteux) et lambda qui infectent tous les deuxE.
Coli. Prenons l'exemple du phage M13 qui est un phage filamenteux
capable d'infecter uniquement les bactéries gram (-) ayant incorporé le
facteur F et dont l'infection conduit à la lysogénie. Sa capside contient,
entre autres, les protéines P8 et P3 nécessaires pour la liaison du
bactériophage à la bactérie via les pilus sexuels. Ces 2
protéines vont être utilisées pour présenter à la surface des
phages des molécules d'intérêt (peptide, fragment d'anticorps ou protéine
entière): la molécule d'intérêt est fusionnée avec les protéines P8 et P3,
par l'insertion du gène codant la molécule d'intérêt à proximité de
l'extrémité 5' des gènes P3 et P8 en respectant le cadre de lecture. On
utilise l'une ou l'autre des protéines selon le type de molécule et la
quantité de molécules à exposer à la surface du phage. On distingue les
phages polyvalents/homogènes, où toutes les protéines P3 et P8 sont
fusionnées, des phages monovalents/hétérogènes où seulement une partie des
protéines le sont. La technique permet d'obtenir des banques d'ADN que
l'on peut facilement conserver et les clones sélectionnés sont multipliés
à faible coût. Cette technique va permettre de produire des anticorps sans
devoir passer par l'immunisation d'un animal. Limite de la technique:
certaines molécules ne peuvent pas être exprimées comme les molécules
toxiques pour la cellule hôte. Il y a donc une capacité limitée à
transformerE. Coli.
Le séquençage d'un
génome ne se fait pas d'un seul coup, mais petit à petit sur des fragments
de génomes. Pour cela ces fragments d'ADN peuvent
être stockés et multipliés dans des organismes servant de banque d'ADN.
Les phages en tant que vecteurs de clonage le permettent.
Principalement utilisés dans
l'agroalimentaire puis en médecine vétérinaire, les phages sont aussi
étudiés en médecine comme alternative à la résistance aux antibiotiques2.
En Hollande est également commercialisé un cocktail de phages pour lutter
contre les contaminations de Listeria dans les produits alimentaires15.
Plus de la moitié des antibiotiques produits
sont utilisés dans les élevages17.
Les préparations à base de phages offrent une intéressante alternative de
contrôle et de prévention des infections. En Norvège, des essais cliniques
sont menés en aquaculture18.
Les phages lytiques peuvent être utilisés
pour combattre des infection bactériennes, ces phagothérapies ont
été imaginées et utilisées dès la découverte de ces virus. On parle alors
de traitementbactériophagique.
Ils ont été utilisés d'abord en France, en Allemagne, puis en Géorgie indépendante,
en URSS, enPologne,
aux États-Unis, et finalement partout dans le monde19,20,
avec ou sans adjonction de traitement antibiotique.
En France, leur utilisation et
commercialisation disparaît au début des années 1980 (on les trouve dans
le Vidal jusqu'en 1978 et on les utilise encore pendant des années dans
certains centres hospitaliers comme à Montpellier8),
leur efficacité n'étant pas remise en question mais leur utilisation étant
moins pratique que celle des antibiotiques et demeurant assez empirique
(pas d'évaluation de la spécificité des phages, pas de titration des
solutions...)21.
De la même façon Eli Lilly cesse la commercialisation des phagiques aux
États-Unis avec le développement des antibiotiques22.
Par contre l'emploi des médicaments
bactériophagiques s'est maintenu dans les pays du bloc soviétique et on
les utilise toujours couramment en Géorgie et en Russie. Les médicaments bactériophagiques sont
systématiquement employés en première approche en Russie pour traiter
certaines infections telles que lashigellose23.
La consommation en Russie s'élève à plus de 1 000 000 000 (un milliard) de
boîtes de phagiques par an24.
La phagothérapie fait actuellement l'objet
d'un regain d'intérêt car elle présente une solution pour traiter les
infections par des souches bactériennes résistantes aux antibiotiques. Les
bactériophages constituent une piste sérieuse dans la découverte de
traitements durables contre les infections bactériennes19.
Plusieurs entreprises dans le monde
travaillent au développement de solutions bactériophagiques selon des
standards occidentaux. En France l'entreprise Pherecydes Pharma développe
des « cocktails de phages » pour traiter/prévenir les infections de
grandes plaies exposées (brûlure notamment) et les infections pulmonaires25.
La phagothérapie est
désormais possible en France dans le cadre d'une Autorisation Temporaire
d'Utilisation nominative, c'est-à-dire au cas par cas, et dans les limites
prévues par l'ANSM26 :
un pronostic vital engagé ou pronostic
fonctionnel menacé ;
l’impasse thérapeutique ;
une infection mono-microbienne.
S'y ajoutent les restrictions suivantes :
la nécessité d’un groupe de validation
issu du Comité Scientifique Spécialisé Temporaire Phagothérapie de l'ANSM
pour toute demande d’ATUn de bactériophages afin d’obtenir un avis
collégial ;
la nécessité de disposer des résultats
d’un phagogramme avant la décision d’une mise sous traitement.
Devant les difficultés à se soigner avec les
bactériophages dans le cadre légal, des organisations de patients se sont
montées en France pour faciliter l'accès à la phagothérapie tant en France
qu'à l'étranger27,6,28.
Phages.fr : Réseau scientifique
français d'envergure nationale dont le but est de promouvoir, coordonner
et intégrer les études des interactions bactériophages-bactéries à travers
différentes disciplines scientifiques, tout en favorisant l’établissement
de collaborations et synergies entre laboratoires29.
AVIBEP : L'Association des
Victimes de l’Interdiction des Bactériophagiques Etrangers et de leurs
Proches, a pour but d’aider les malades à avoir accès aux phagiques
français et étrangers afin que plus un malade ne se voie condamné à mourir
ou à être amputé sans avoir été traité auparavant par phagothérapie
lorsque cela est possible, y compris avec des bactériophagiques étrangers
si nécessaire. L'association demande que d'une part les médicaments agréés
à l'étranger soient autorisés automatiquement en France dans le cadre de
la réglementation compassionnelle existante, et que d'autre part soit de
nouveau mis en place un centre de fabrication de bactériophages à la
demande, analogue à ce qu'ont fait les Instituts Pasteur de Paris, Lyon et
Strasbourg durant une cinquantaine d'années pour les médecins de ville et
les hôpitaux. Elle s'appuie sur l'Etude Burden BMR30 pour
affirmer que chaque année environ 10 000 vies sont perdues qui pourraient
être sauvées par les bactériophagiques étrangers6.
Le Lien : Association de défense des
patients et des usagers de la santé. Son cœur de mission est de défendre
les victimes d’infections nosocomiales et d'accidents médicaux, qu’il
s’agisse d’erreurs, de fautes ou d’aléas. Elle milite pour la
réintroduction des bactériophagiques en France31.
Phag Espoirs : Vise à promouvoir
d’une part la recherche et l’utilisation des bactériophages dans le
domaine diagnostique et thérapeutique, et d’autre part à soutenir les
patients désirant en savoir plus sur les bactériophages. L'association est
principalement composée de médecins32.
Phages sans frontières : Récolte de
fonds et conseils pour aider les patients à aller se faire soigner en
Géorgie28.
PHELIX France : en lien avec
l'Université de Leicester au Royaume Uni, porte un projet de détection des
infections chroniques par Borrelia (maladie de Lyme) en utilisant des
virus bactériophages33,34.
Avec l’émergence de «superbactéries» résistant à tous les traitements, une
approche thérapeutique revient au goût du jour. En Suisse, l’Université de
Lausanne et le CHUV y travaillent.
De quoi on parle
Depuis 2015, on assiste en Suisse et dans d’autres pays à l’apparition de
bactéries pathogènes résistant à tous les antibiotiques disponibles. «Si
l’on n’agit pas en urgence, c’est la fin des antibiotiques», selon Thomas
Frieden, directeur du CDC (Centre américain pour le contrôle et la
prévention des maladies). Pour sortir de cette impasse, les médecins
comptent désormais sur les bactériophages, des virus qui tuent
naturellement les bactéries et sont inoffensifs pour l’être humain.
Microbe contre microbe: pour lutter contre les bactéries infectieuses, les
chercheurs et les médecins se tournent désormais vers… des virus. Plus
précisément vers les bactériophages qui sont leurs prédateurs naturels. La
situation devient en effet inquiétante. Les bactéries font de plus en plus
fréquemment de la résistance aux antibiotiques, ces médicaments très
efficaces mais trop –et mal– utilisés. Au point que depuis la fin de l’année
dernière, des cas de micro-organismes pathogènes insensibles à tous les
médicaments ont été repérés en Chine, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
Mais aussi en Suisse. En février, d’après La Liberté, deux professeurs de
l’Université de Fribourg ont isolé, chez un patient genevois, la première
souche de colibacille au monde qui résiste à la colistine et aux
carbapénèmes, des antibiotiques de la dernière chance. Le phénomène prend de
l’ampleur et, en l’absence d’alternative à ces médicaments, l’économiste
britannique Jim O’Neill prédit que ces microbes résistants pourraient
provoquer dix millions de décès d’ici à 2050!
L’alternative existe cependant: elle réside dans l’emploi des
bactériophages. Comme tous les virus, ceux-ci ont besoin de la machinerie
d’une cellule hôte pour se multiplier. Leurs cibles sont des bactéries
qu’ils détruisent une fois leur réplication terminée. Chaque phage ne
s’attaque d’ailleurs qu’à une bactérie particulière et même à un nombre
limité de souches d’une espèce donnée.
Faciles à trouver et à cultiver
Ces virus ont de nombreux avantages. Ils sont présents «partout où il y a
des bactéries», souligne Grégory Resch, maître-assistant suppléant au
département de microbiologie fondamentale de l’Université de Lausanne (UNIL).
Notamment dans les sols et l’eau. Le chercheur et ses collègues isolent
d’ailleurs leurs bactériophages «à partir d’échantillons d’eaux usées que
nous récupérons notamment à la station d’épuration de Vidy». En outre, ces
micro-organismes sont relativement faciles à cultiver et peuvent être
conservés plusieurs années à 4 degrés. Surtout, ils sont inoffensifs pour
l’être humain et ils ne s’attaquent pas aux bactéries de l’intestin.
Les phages ont déjà été utilisés en médecine humaine au début du XXe siècle
(lire encadré). Mais, avec
l’arrivée des antibiotiques, beaucoup plus faciles à utiliser, ils sont
tombés en désuétude. Actuellement, seuls quelques pays d’Europe de l’Est en
font encore grand usage. Notamment la Russie, la Géorgie, ainsi que la
Pologne, où les médecins «parviennent à guérir de 30 à 50% de leurs patients
atteints d’infections pulmonaires ou urinaires dues à des bactéries
multirésistantes», souligne Grégory Resch.
En pointe dans le domaine, la Suisse compte jouer un rôle important
Les bactériophages ont désormais le vent en poupe, mais leur utilisation
dans le traitement des infections nécessite encore de nombreuses
recherches. Dans ce domaine, l’UNIL et le CHUV, qui se sont lancés dans
l’aventure il y a cinq ans, comptent jouer un rôle important. SwissPhage
devrait y contribuer.
«Ce projet est encore en construction», précise Philippe Moreillon,
président de son comité de pilotage et vice-recteur de l’UNIL. Il vise à
doter l’hôpital vaudois d’un «centre de production de phages, respectant
les règles en vigueur de «bonnes pratiques de fabrication» qui sera à la
disposition d’autres hôpitaux». Il est aussi prévu d’établir une
plate-forme de diagnostic, «qui recevra les échantillons en provenance des
patients et qui pourra identifier les bactéries qui les infectent, afin de
déterminer quels phages doivent être utilisés pour les traiter». Un
troisième volet concernera les recherches cliniques, qui porteront
notamment sur les éventuels effets secondaires des thérapies.
Les procédures mises en place pour cultiver les phages sont en cours de
négociation avec Swissmedic. Philippe Moreillon estime qu’en dehors de
l’étude Phagoburn, «un premier patient pourrait bénéficier de la
phagothérapie d’ici à environ deux ans».
Une seule injection pourrait suffire
L’émergence de bactéries résistant aux antibiotiques les remet donc
au-devant de la scène. Toutefois, pour que les bactériophages puissent
recevoir une autorisation de mise sur le marché, il faut que leur
fabrication réponde aux critères très stricts de «bonne pratique de
fabrication» et de «bonne pratique des essais cliniques». Les chercheurs ont
donc remis l’ouvrage sur le métier. C’est le cas de l’équipe de l’UNIL, qui
travaille depuis plusieurs années sur le sujet. Elle a notamment montré que,
chez un animal modèle ayant une endocardite (infection au niveau des valves
cardiaques), «les phages, injectés seuls, sont aussi efficaces que les
antibiotiques et, quand ils sont associés à ces médicaments, ils ont une
efficacité décuplée», précise Grégory Resch. C’est d’autant plus
intéressant, sachant que les antibiotiques s’éliminent de l’organisme et
nécessitent un traitement de plusieurs jours, alors que «les phages se
multiplient dans les bactéries avant de les détruire. On peut rêver: une
seule injection pourrait suffire pour traiter la maladie», selon Philippe
Moreillon, vice-recteur de l’UNIL et président du comité de pilotage du
projet SwissPhage (lire encadré).
Le premier essai clinique européen de phagothérapie, Phagoburn, a démarré en
juillet dernier, en France, en Belgique et en Suisse. Il vise à tester la
phagothérapie sur des grands brûlés (particulièrement sensibles aux
infections) infectés par le Pseudomonas aeruginosa ou l’Escherichia coli. Le
CHUV est partie prenante à ce programme mais, faute de patients infectés par
ces bactéries, il n’a pas encore pu démarrer les essais. «L’hôpital est trop
propre, dit en riant Philippe Moreillon, ce qui est une très bonne nouvelle
pour les patients.» D’autres essais sur l’être humain sont programmés et
maintenant, de nombreux pays –dont la Suisse- ont inscrit la lutte contre l’antibiorésistance
parmi les priorités de leur politique sanitaire. De quoi accélérer le
développement de la phagothérapie.
La première observation a été faite en Inde
La capacité de tuer les bactéries des bactériophages a été observée pour
la première fois dans les années 1890 par le bactériologiste britannique
Ernest Hankin. Travaillant en Inde, il a été surpris de ne trouver que
très peu de vibrions du choléra dans les eaux du Gange. Il en a conclu que
le fleuve renfermait des «particules» –il ne savait pas qu’il s’agissait
de virus– ayant un pouvoir antibactérien. En 1917, le Franco-Canadien
Felix d’Hérelle a isolé ces «particules», qu’il a nommées bactériophages,
dans les selles de patients infectés. «Il a constaté qu’en introduisant de
grandes quantités de phages dans les puits de villages en Inde, on pouvait
éradiquer une épidémie de choléra en deux jours au lieu de sept», explique
Grégory Resch, microbiologiste à l’UNIL. Il a donc proposé d’utiliser ces
phages en médecine humaine, ce qui a été fait jusqu’à l’arrivée, dix ans
plus tard, des premiers antibiotiques.
intérêt de bactériophages dans le traitement des infections à staphylocoques
multirésistants
Bonjour, c’est Bing. Vous vous intéressez aux bactériophages dans le traitement
des infections à staphylocoques multirésistants. Voici ce que j’ai trouvé sur le
web :
1. Institut des Agents Infectieux, Hospices Civils de Lyon
(HCL).
2. CNR des Staphylocoques, HCL,
3. Centre International de Recherche en Infectiologie,
Equipe Pathogénie des Staphylocoques, Lyon.
4. CRIOAc Lyon, HCL. 5. Service de Maladies Infectieuses,
HCL
Introduction
Matériel et méthodes
Résultats
Contact Conclusion – Perspectives du projet PHAGEinLYON
Dr. Camille Kolenda
Institut des Agents Infectieux, Hôpital
de la Croix Rousse, HCL
04.72.00.37.80 [email protected]
Remerciements à la fondation HCL
Les bactériophages, virus spécifiques des bactéries, constituent une stratégie
thérapeutique prometteuse pour lutter contre les bactéries résistantes aux
antibiotiques et/ou formant du biofilm, comme les staphylocoques.
Ces derniers sont fréquemment responsables
d'infections ostéo-articulaires (IOA) chroniques et/ou recidivantes.
Le recours à la phagothérapie dans ces
indications à titre compassionnel se développe au niveau international et en
France, notamment aux Hospices Civils de Lyon depuis 2017 (poster JNI T. Ferry
INFBACT01).
Dans ce contexte, le consortium PHAGEinLYON a pour objectif de développer
une production de phages thérapeutiques en accord avec la volonté de l’ANSM
d’encourager le développement d’une plateforme académique nationale de
phagothérapie.
Ce projet implique tout d’abord la constitution
d’une banque de bactériophages à large spectre. Nous rapportons la
caractérisation de 17 nouveaux phages lytiques
anti-Staphylococcus et l'évaluation de leur potentiel thérapeutique contre une
collection de souches cliniques de S. aureus et de staphylocoques à coagulase
négative (SCN).
Matériel et méthodes
Dix-sept bactériophages ont été isolés à partir
d'échantillons d'eaux usées.
Leur identification a été obtenue par séquençage
complet de leur génome par la technique Illumina.
Pour l’évaluation de leur spectre d'activité,
nous avons utilisé :
• La technique du spot test assay avec
détermination du ratio Efficiency Of Plating∶ Dil° 10-1 10-2 10 -3 10 -4 10 -5
10 -6
EOP = A=titre phages sur souche test B=titre
phages sur souche réf A B • Une collection de 30 souches de S. aureus
génétiquement caractérisées et représentatives des principaux fonds génétiques
et 33 souches de 7 espèces de staphylocoques coagulase négative responsables d’IOA
Tous les phages isolés appartiennent à la
famille des Myoviridae : 14/17 et 3/17 aux genres Kayvirus et Silviavirus
respectivement.
Nous rapportons la caractérisation d’une large collection de nouveaux phages
appartenant à deux genres différents présentant des spectres d’activité
complémentaires contre une collection de souches de S. aureus et de
staphylocoques à coagulase négative. Les travaux ultérieurs se concentrent
actuellement i) sur l'isolement de phages anti-S. epidermidis, espèce peu
sensible aux phages décrits alors qu'elle constitue un pathogène majeur dans le
contexte des IOA, ii) au développement des protocoles de production et
purification de ces phages afin de
répondre aux exigences de l’ANSM dans le cadre d’une future administration chez
l’homme.
Dix-sept bactériophages ont été isolés à partir d'échantillons d'eaux usées.
Leur identification a été obtenue par séquençage complet de leur génome par la
technique Illumina. Pour l’évaluation de leur spectre d'activité, nous avons
utilisé :
• La technique du spot test assay avec détermination du ratio Efficiency Of
Plating∶
Dil° 10-1 10-2 10
-3 10
-4 10
-5 10
-6
EOP =
A=titre phages sur souche test
B=titre phages sur souche réf A
B
• Une collection de 30 souches de S. aureus génétiquement caractérisées et
représentatives des principaux fonds génétiques et 33 souches
de 7 espèces de staphylocoques coagulase négative responsables d’IOA.
L’efficacité du phage est maximale si EOP≈1.
Le cut off EOP≥0.001 a été utilisé pour considerer un phage efficace.
Staphylococcus aureus
• Les phages Silviavirus sont plus efficaces que les Kayvirus: le phage V1SA20
a le spectre d’activité le plus large (EOP≥0,001 pour 90% des souches)
• Les phages sont significativement plus efficaces contre les souches de
MSSA que MRSA (p<0,001, Mann-Whitney test).
• 77% des souches étaient sensibles au phage présentant le spectre le plus
large de chacun des genres, leur combinaison représentant une
opportunité prometteuse pour prévenir l’émergence de résistance